Irréprochable
France : 2016
Titre original : –
Réalisation : Sébastien Marnier
Scénario : Sébastien Marnier, Samuel Doux
Acteur : Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay
Éditeur : Orange Studio
Durée : 1h39
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 6 juillet 2016
Date de sortie DVD : 6 décembre 2016
Synopsis : Sans emploi depuis un an, Constance revient dans sa ville natale quand elle apprend qu’un poste se libère dans l’agence immobilière où elle a démarré sa carrière, mais son ancien patron lui préfère une autre candidate plus jeune. Constance est alors prête à tout pour récupérer la place qu’elle estime être la sienne
Le film
[3.5/5]
Dès la première image du film, nous voici aux côtés de Constance, une fausse blonde d’une quarantaine d’années, qui va se voir chassée d’un appartement parisien qu’elle squatte depuis un certain temps par une ancienne collègue, une agente immobilière s’apprêtant à faire visiter les lieux à des acheteurs potentiels. Eh oui, Constance, qui, quelques années auparavant, avait quitté brutalement, sur un coup de tête, tout à la fois sa mère, sa petite ville de province, son travail dans une agence immobilière et Philippe, son petit ami du moment, pour aller tenter sa chance à Paris, a été licenciée par son employeur il y a déjà un an et, depuis, elle galère dans la capitale. Constance, on ne va pas la quitter d’une semelle durant tout le film, on va en découvrir les différentes facettes petit à petit et, malgré ses défauts qui, progressivement, se révèlent, on va s’attacher à elle. Ce début du film, le retour dans sa ville d’origine et les tentatives de Constance pour reprendre la vie qu’elle avait quittée, tout cela fait penser que Irréprochable s’inscrit dans le cadre du cinéma social. Sauf que, dans le train qui l’a ramenée vers sa jeunesse, elle a fait la connaissance de Gilles, une rencontre qui nous la montre accumulant les mensonges de façon très naturelle et qui, par ailleurs, va très vite nous faire découvrir une forme de nymphomanie chez Constance. Sauf que le fait de se voir préférer Audrey, une jeune débutante, pour prendre un poste vacant dans l’agence immobilière où elle travaillait montre qu’elle ne supporte pas d’être confrontée à ses propres contradictions : ce poste avait été le sien, il lui revenait de droit. A ce moment du film, le doute s’installe, la comédie sociale n’est-elle pas en train de virer au thriller ? De quoi Constance, cette femme aux multiples facettes, énergique, impulsive, immature, mythomane, cette femme qui impose quotidiennement à son corps des exercices dignes d’une sportive de haut niveau, cette femme qui se croit irréprochable, de quoi est-elle capable pour arriver a ses fins ?
Après avoir réalisé il y a plus de 10 ans deux court-métrages avec Elise Griffon, Sébastien Marnier s’est lancé seul dans l’aventure du premier long métrage. En choisissant pour Irréprochable de faire un film qui glisse vers le thriller après avoir laissé penser à une peinture sociale de notre société, on doit reconnaître qu’il n’a pas choisi la facilité. Il lui fallait en effet réussir à être crédible dans le côté social du film et être capable de tenir le spectateur en haleine dans la partie thriller, tout en faisant le choix le plus judicieux pour passer d’un genre à l’autre. C’est sur ce dernier point qu’il a le mieux réussi son pari : il a choisi la transition douce et c’est presque sans s’en apercevoir que le spectateur débarque petit à petit dans un suspens qui, s’il n’est pas haletant, est quand même bien présent. Par contre, on peut regretter que la première partie manque de rythme et soit filmée assez mollement. En fait, la réussite principale du film réside dans la distribution et la direction d’acteur. Il y a 20 ans, Isabelle Huppert aurait fait une excellente interprète de Constance. Aujourd’hui, c’est Marina Foïs qui a été choisie et elle est remarquable dans le rôle : capable d’endosser les nombreuses facettes de Constance, de se montrer câline et odieuse, prévenante et égoïste, elle arrive magnifiquement à se comporter bien souvent comme une adolescente obstinée et impatiente tout en sachant faire preuve d’un engagement corporel total et convaincant aussi bien dans les séquences sportives que dans celles à caractère érotique. Une très belle scène résume les caractères multiples de Constance, avec, dans les toilettes d’une boîte de nuit, un jeu de miroirs qui permet de voir son visage sous de nombreux angles différents. Pratiquement de tous les plans du film, il était difficile d’exister aux côtés de Marina Foïs. Interprète d’Audrey, Joséphine Japy, que le grand public a découverte dans Respire, parvient à prouver ici ses qualités de comédienne dans un rôle de jeune femme à la fois naïve et indépendante alors que Jérémie Elkaïm peine davantage dans le rôle du bon copain trop gentil. Quant à Benjamin Biolay, on n’imaginait pas qu’il puisse être si crédible en bête de sexe à la perversité affirmée. Dommage, finalement, que la musique de Zombie Zombie, non seulement, n’apporte rien au film mais, au contraire, arrive à lui enlever parfois une part de mystère.
Le DVD
[4/5]
Laissant le choix d’un son diffusé en Dolby 2.0 ou en Dolby 5.1, ce DVD peut se voir avec ou sans sous-titres pour sourds et malentendants. On ne décèle pas de défaut flagrant au niveau de l’image, même les scènes peu éclairées étant suffisamment contrastées. En plus de la bande annonce, le DVD contient deux suppléments. Le premier, d’une durée de 12 minutes, s’intitule « scènes coupées » et il est indiqué que ces scènes ne sont ni étalonnées, ni mixées. On y trouve 4 scènes qui n’apparaissent pas du tout dans le film et une scène dont le début est bien présent mais qui trouve là un prolongement que l’on qualifiera de croustillant. L’autre supplément, intitulé « Reportage sur le tournage », nous emmène durant 6 minutes auprès des protagonistes du film durant un tournage en extérieur qui ne concernait que Marina Foïs et Joséphine Japy. On y rencontre le réalisateur, le directeur de la photographie Laurent Brunet, la productrice Caroline Bonmarchand et les deux comédiennes. Faisant ses premiers pas dans la réalisation cinématographique avec Irréprochable, l’écrivain Sébastien Marnier admet réaliser un rêve de gamin en utilisant les moyens techniques du cinéma, des rêves qu’il reconnaît avoir mis entre les mains de techniciens qui savent les utiliser.