Initiation
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : John Berardo
Scénario : John Berardo, Lindsay LaVanchy, Brian Frager
Acteurs : Isabella Gomez, Lindsay LaVanchy, Froy Gutierrez
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h33
Genre : Horreur
Date de sortie DVD : 16 octobre 2021
Les étudiants d’une université américaine lancent sur les réseaux sociaux un jeu cruel mettant en cause certains d’entre eux. À la suite de la mort d’un des meilleurs athlètes du campus, les meurtres sanglants s’enchaînent. Un mystérieux point d’exclamation semble être la signature du tueur…
Le film
[4/5]
Le scandale #MeToo semble avoir mis sur le devant de la scène un certain nombre de préoccupations sexistes qui se répercutent aujourd’hui, plus ou moins discrètement, sur le cinéma de genre. C’est tout particulièrement remarquable en ce qui concerne le cinéma d’horreur, souvent prompt à mettre en scène de jeunes étudiants délurés au cœur des traditionnelles fraternités/sororités étudiantes.
Dans cet état d’esprit, et même si le réalisateur / coscénariste d’Initiation John Berardo clame sur les réseaux que sa référence première s’avère Scream, le fruit de la collaboration entre Kevin Williamson et Wes Craven s’avérera finalement bien moins prégnante sur le film et sur son ambiance que l’ombre de l’affaire #MeToo.
En effet, Initiation est largement teinté d’un commentaire social assez manifeste condamnant globalement la « culture du viol » régnant au cœur de certaines fraternités – agressivité, domination et virilisme toxique sont donc au cœur du film, et ces problématiques traitées avec le plus grand des sérieux finissent par prendre le pas sur le genre auquel appartient le film.
Bien entendu, Initiation reste un slasher, utilisant de façon relativement habile la plupart des codes du film de tueur masqué, mais au fur et à mesure que l’intrigue évolue, le spectateur sera peut-être finalement bien moins intéressé par l’aspect whodunit du film, qui vise à découvrir qui se cache derrière le masque du tueur, que par les implications morales qu’il développe tout au long du récit.
Ainsi, le fait de découvrir si oui ou non le frère de l’héroïne avait commis un viol finira par paraître aussi important, voire même plus, que de découvrir qui commet les meurtres depuis le début du film. Habiles, les auteurs d’Initiation laisseront d’ailleurs une de ces deux questions sans réponse – on vous laisse découvrir laquelle…
Ecrit par John Berardo avec l’aide de Brian Frager et Lindsay LaVanchy (qui joue également dans le film), Initiation trouve paradoxalement son équilibre et son originalité dans le fait de nous proposer cette double-intrigue bien ficelée. Le mal-être et la culpabilité larvée de l’héroïne Ellery (Lindsay LaVanchy), étroitement lié aux interrogations et à la souffrance de Kylie (Isabella Gomez) sont ainsi autant d’éléments qui contribuent à renforcer l’atmosphère de menace sourde qui baigne le film.
Avec ses deux intrigues se déroulant simultanément et s’imbriquant de façon assez captivante et harmonieuse, Initiation fait la part belle à des personnages complexes, qui parviennent à insuffler au film une authenticité émotionnelle assez forte. Par association d’idées, on ne pourra par exemple s’empêcher de le comparer à des films tels que Black Christmas (2019) ou Promising Young Woman (2021), et le fait est qu’Initiation parvient à faire passer son message avec beaucoup plus de finesse que les deux films susnommés.
L’émotion parvient également à passer grâce au talent des interprètes d’Initiation qui, s’ils sont pour la plupart totalement inconnus, s’avèrent tout à fait convaincants. Aux côtés des jeunes acteurs et actrices, on notera quelques apparitions d’une poignée de vieilles gloires des années 80/90 : Yancy Butler (Chasse à l’homme), Lochlyn Munro (Charmed) ou encore Debra De Liso, qui était une des étudiantes dans le slasher-culte Fête sanglante (alias Slumber Party Massacre) en 1982.
Initiation est également assez intéressant dans la façon dont il adapte le genre slasher à l’ère des réseaux sociaux. Le film multiplie à l’écran les affichages de messages et de chats, ce qui confère au film une certaine modernité ainsi qu’un cachet visuel intéressant. A découvrir !
Le DVD
[4/5]
Le DVD d’Initiation édité par Rimini Éditions est à l’image des habituelles sorties vidéo d’un éditeur décidément remarquable et parfaitement aguerri au format : la galette propose un impressionnant piqué et un encodage bien maîtrisé, doté de couleurs bien saturées et parfaitement fidèles à la photo du film signée par Jonathan Pope. En deux mots, le transfert compose parfaitement avec les limites du support DVD ; même les scènes baignées de lumière rouge s’en sortent plutôt bien, même s’il s’agit là d’une des limites intrinsèques du format. Au final, ce DVD nous offre un spectacle très propre, sans écueil à déplorer. Niveau son, VF et VO sont proposées en Dolby Digital 5.1, avec une nette prépondérance laissée aux voix, qui n’empêche cependant pas une dynamique plus ample sur les scènes de flippe.
En revanche, on ne saura trop vous conseiller de fuir la version française, qui, premièrement, s’avère doublée de façon extrêmement monocorde, et deuxièmement nous propose une adaptation absolument anachronique, avec des dialogues à base de « Yo mec » balancés toutes les trois secondes : on se croirait revenus dans une cour de lycée du milieu des années 90. C’est drôle et affligeant à la fois… Dans la section suppléments, on trouvera la traditionnelle bande-annonce du film.