Hercule contre Rome
Italie, France : 1964
Titre original : Ercole contro Roma
Réalisation : Piero Pierotti
Scénario : Arpad DeRiso, Piero Pierotti, Giovanni Scolaro
Acteurs : Sergio Ciani, Wandisa Guida, Livio Lorenzon
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h27
Genre : Péplum
Date de sortie cinéma : 7 juillet 1965
Date de sortie DVD : 31 mai 2020
Rome. Filippo Afro fait assassiner l’empereur Gordiano pour prendre sa place. De passage, Hercule parvient à sauver sa fille, Ulpia, mais tous deux sont capturés par les hommes de l’usurpateur. Ayant une dette envers Hercule, Quinto Traiano, le gouverneur de Pannonie, lance une armée sur Rome…
Le film
[3/5]
S’il a clairement fait les beaux jours du cinéma d’exploitation italien des années 50/60, le péplum est un genre aujourd’hui tombé en désuétude. Par ailleurs, dans un vingt-et-unième siècle sexualisé jusqu’à l’absurde, ce genre hier très populaire, riche en acteurs bodybuildés affichant fièrement leur torses huilés et leurs petites jupettes (Steve Reeves, Reg Park…), souffre aujourd’hui dans la culture populaire d’une image très orientée, probablement en partie propagée par la célèbre réplique adressée par Peter Graves au petit Joey dans Y’a-t-il un pilote dans l’avion : « Tu aimes les films sur les gladiateurs ? ».
Écrit et réalisé en 1964 par Piero Pierotti, fier artisan ayant largement œuvré dans les différents genres du cinéma tout au long des années 60 (aventures, péplum, espionnage, western, romance historique…), Hercule contre Rome est donc le parfait petit représentant d’un certain péplum à l’ancienne, surfant sur les modes et les thématiques familiales. Mettant en scène en tête d’affiche le musculeux Alan Steel (Sergio Ciani de son vrai nom), on avouera que si le film est loin d’atteindre les sommets du genre, il demeure tout de même un spectacle tout à fait plaisant. Dans Hercule contre Rome, Hercule – qui se nomme d’ailleurs Samson dans la version française – n’est pas le demi-Dieu que l’on connaît mais un modeste forgeron qu’une droiture morale irréprochable amène à aller faire la bagarre à chaque fois que la veuve et l’orphelin font appel à lui.
Car Hercule est un descendant du vrai Hercule, et comme tous les grands enfants, il aime faire la bagarre. La bagarre c’est rigolo, et puis Hercule, il est fort, très fort, puisqu’il a hérité de la force de l’ancêtre. Bim, bam, boum, faire la bagarre, libérer les princesses, et libérer le peuple opprimé du jougs d’un tyran tyrannique adepte de la tyrânerie. Vous l’aurez compris : Hercule contre Rome met en scène un gentil Hercule des familles au bouc impeccablement taillé dans une intrigue relativement simpliste au cœur de laquelle le spectateur trouvera son compte de spectacle old school, de tenues volontiers bigarrées, de bravoure, de trahison(s) et de sens du sacrifice. De bagarres et de sourires également, puisque le film de Piero Pierotti n’évite pas le kitsch, et n’est pas forcément des mieux torchés par moments – mais rien ne viendra finalement gâcher le plaisir intense de renouer avec un genre aujourd’hui disparu, dont chaque nouvelle (re)découverte nous plonge dans la plus simple et la plus authentique des joies.
Le DVD
[4/5]
Les DVD édités par Artus Films dans sa collection « Péplum » se limitent pour le moment à six films italiens tournés entre 1961 et 1964, mais on espère qu’elle sera amenée à s’étoffer de façon régulière. En grands amateurs du genre antique, notre désir est d’autant plus ardent que cette livraison 2020 de films de gladiateurs (qui compte également Hercule contre les vampires et Le gladiateur magnifique) est d’une bien belle qualité, à la fois artistique et technique. Ce DVD d’Hercule contre Rome est donc très satisfaisant, même si évidemment, des imperfections demeurent (tâches et autres griffes) à l’écran, mais dans l’ensemble, le master s’avère correct : le format est respecté, la définition relativement précise (dans les limites d’un encodage DVD naturellement), et les couleurs n’affichent pas tellement le côté « délavé » que l’on rencontre parfois sur les films de l’époque. Côté son, on trouvera à la fois la VF et la VO, toutes deux naturellement proposées en Dolby Digital 2.0 mono d’origine : aucun souci n’est à déplorer, si bien sûr la version française semble avoir un peu vécu, on s’en contentera volontiers étant donné la rareté du film et la chance de pouvoir le (re)voir plus de 55 ans après sa sortie dans les salles obscures.
Niveau suppléments, on retrouve la désormais traditionnelle galerie de photos, qui s’accompagnera d’une bande-annonce de la collection « Péplum », ainsi que d’une présentation du film par Michel Eloy (20 minutes). Michel Eloy fait partie de ces personnalités dont on mesure encore assez mal l’importance de nos jours. Véritable passionné de cinéma, féru d’antiquité et de mythologie, et accessoirement incollable sur les aventures de Bob Morane, Eloy fait partie de cette génération de critiques dont les écrits aussi érudits que franchement pertinents ont d’abord été découverts par le biais de fanzines spécialisés. A l’image de quelques sommités ayant contribué à faire découvrir les aspects les plus méconnus du cinéma de genre (on pense à Jean-Pierre Putters, Alain Petit, Jean-Pierre Dionnet, Marcel Burel, Lucas Balbo, Jean-Pierre Bouyxou, etc), Michel Eloy est l’un des derniers dinosaures du métier, dont les critiques à la fois rigoureuses et faciles d’accès ne trouvent plus aucun équivalent dans la critique contemporaine, qui sacrifie trop son talent à l’immédiateté éphémère d’Internet et à la tradition orale. Comme la plupart de ses confrères nourris au cinéma bis des années 60/70, Michel Eloy est passé, avec le temps et l’avènement des suppléments DVD / Blu-ray, du statut d’original et/ou de passionné à celui, plus prestigieux et honorifique, d’historien du cinéma. Il nous faut donc bien mesurer notre chance de pouvoir grâce à Artus Films nous régaler des propos de Michel Eloy, qui livre ici un très riche retour sur le film, et dressera de nombreux parallèles entre les faits relatés dans le film et la réalité historique.
Attention : suite aux mesures de confinement liées à la crise du COVID-19, Artus Films a dû s’adapter et reporter la sortie de Hercule contre Rome, initialement prévue au 7 avril, au 31 mai pour les réseaux de vente traditionnelle. Cependant, la boutique en ligne d’Artus Films reste ouverte : vous pouvez donc d’ores et déjà commander le film sur le site de l’éditeur afin de profiter de cet excellent petit péplum durant le confinement !