Fainéant·es
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Karim Dridi
Scénario : Karim Dridi, Emma Soisson
Acteurs : Faddo Jullian, .jU, Lucas Viudez
Éditeur : Blaq Out
Genre : Drame, Comédie
Durée : 1h46
Date de sortie cinéma : 29 mai 2024
Date de sortie DVD : 19 novembre 2024
Nina et Djoul, deux amies inséparables, sont expulsées de leur squat. Elles reprennent la route à bord de leur vieux camion avec une soif de liberté et une seule obsession : faire la teuf. Commence alors un road movie avec son lot d’aventures, de galères, de rencontres tendres ou tragiques et de joyeuses subversions…
Le film
[3/5]
Découvert au milieu des années 90 avec l’intéressant Pigalle, Karim Dridi avait refait parler de lui dans la sphère cinéphile avec Fureur en 2003 (42.000 entrées), puis surtout avec Le Dernier vol en 2009, qui réunissait à l’écran Guillaume Canet et Marion Cotillard. Après ce film, qui avait réuni un peu plus de 360.000 français dans les salles, Karim Dridi a disparu des radars du grand public pendant quelques années, pour finalement réapparaître en 2016 avec Chouf, qui réunirait 263.000 curieux dans les salles. Huit ans après, revoici donc Karim Dridi au cinéma avec Fainéant·es. Tel le phénix, Dridi, le maître des récits sans concessions, renaît de ses cendres, avec une pépite de cinéma punk à chien qui, avec seulement 11.000 entrées dans les salles, est malheureusement passée un peu inaperçue et n’est parvenue à titiller que les oreilles affûtées des auditeurs de France Inter et des lecteurs de Libération. Fainéant·es suit l’épopée façon road movie de deux marginales qui roulent dans leur van cabossé à la recherche du plaisir, de l’euphorie de l’instant.
La vie des deux anti-héroïnes de Fainéant·es est une fête perpétuelle, où la défonce et l’alcool deviennent presque philosophiques. Comme à son habitude, Karim Dridi parle de la société, mais ne fait pas pour autant dans le drame social classique : son film se présente davantage comme une odyssée vers la liberté, loin des chaînes de la société bourgeoise, tu vois, man ? Alors là, à ce moment précis de l’article, on va organiser une petite pause, car on entend déjà les râles de protestation de nos lecteurs non parisiens, qui craignent que Fainéant·es soit un docu-fiction féministe et un peu bobo wokiste qui sent de dessous les bras. Bon, oui, OK, c’est un peu le cas, mais peut-être moins qu’on ne pourrait le croire à priori. D’ailleurs, le titre du film est peut-être un peu maladroit, mais ces femmes incarnent une force brute et une authenticité rare. Elles vivent dans l’instant, transcendent leur quotidien par la fête et nous rappellent que la vraie liberté se trouve en marge de Tik Tok, des réseaux et de notre société formatée / fort matée.
Trente ans après Pigalle, Karim Dridi nous prouve avec Fainéant·es qu’il s’intéresse toujours autant aux laissés pour compte de la société. Pas besoin de dialogues lourds, chaque regard, chaque silence de son film est chargé de sens, comme si le cinéaste nous invitait sans cesse à reconsidérer nos jugements, à regarder au-delà des apparences, avec compassion et ouverture. En lisant Libé et en écoutant France Inter. En deux mots comme en cent, Fainéant·es s’impose comme une expérience cinématographique brute et authentique. Alors oui, c’est un film pour intellos/bobos, mais il pose un regard neuf sur ces gens-là, ceux que l’on croise sans vraiment voir, tout autant que sur leur liberté, celle de l’instant présent, vécu à fond, sans se poser de questions. « Aller droit dans le mur, mais y aller en se marrant » disait Michael Youn…
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Fainéant·es édité par Blaq Out nous propose de découvrir le film dans des conditions très satisfaisantes. Si nous n’aurons certes droit qu’à une sortie physique au format DVD, on soulignera que les cinéphiles voulant profiter à leur juste valeur de la jolie photo et de la beauté des paysages du Sud de la France que nous donne à voir le film pourront le découvrir en Haute-Définition, mais en passant par les plateformes de VOD. Pour autant, l’encodage du DVD est maitrisé en tous points par un éditeur bien rodé au format : la définition est précise, dans les limites d’un encodage en définition standard bien sûr. Les couleurs sont vives et naturelles, bref, c’est un beau boulot général. Côté son, le film nous est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage solide et efficace. On notera par ailleurs que le film nous est également proposé en Dolby Digital 2.0, ce qui se révélera l’option acoustique la plus cohérente si vous n’utilisez pas de « Home Cinema ».
Du côté des bonus, on trouvera huit petites featurettes de moins d’une minute chacune, qui reviendront, entre autres, sur les personnages et la musique du film. L’ensemble est très superficiel, mais a au moins le mérite de nous donner à entrevoir l’envers du décor pendant quelques minutes.