Evolution
Hongrie, Allemagne : 2021
Titre original : –
Réalisation : Kornél Mundruczó
Scénario : Kata Wéber
Acteurs : Lili Monori, Annamária Láng, Goya Rego
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h36
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 18 mai 2022
Date de sortie DVD : 4 octobre 2022
D’un souvenir fantasmé de la Seconde Guerre Mondiale au Berlin contemporain, Evolution suit trois générations d’une famille marquée par l’Histoire. La douleur d’Eva, l’enfant miraculée des camps, se transmet à sa fille Lena, puis à son petit-fils, Jonas. Jusqu’à ce que celui-ci brise, d’un geste d’amour, la mécanique du traumatisme.
Le film
[3/5]
Evolution ! De quelle évolution parle donc ce film découpé en 3 parties de longueur différente ? Dans la première partie, intitulée Eva et qui dure environ 20 minutes, on assiste à un événement miraculeux et, pour tout dire, totalement irréaliste : des hommes munis de seaux pleins d’eau et de balais entrent dans ce qui ressemble à une salle de douche, ils arrosent les murs et le sol, ils frottent les murs et le sol avec les balais et ils extirpent de leurs interstices et des conduits d’évacuation des mètres et des mètres de cheveux. Jusqu’au moment où retentissent des cris ! Des cris d’un bébé, d’une petite fille que les hommes vont trouver dans un trou creusé dans le sol. Cette petite fille qui nait ainsi une seconde fois, c’est Eva, on est en 1945, les hommes ce sont des soldats soviétiques et la salle de douche c’était une chambre à gaz du camp d’Auschwitz ! Eva, on la retrouve à Budapest dans la 2ème partie, intitulée Lena, sous les traits d’une femme âgée et en mauvaise santé. Lena, c’est sa fille avec qui Eva discute pendant plus d’une demi-heure. Cette vieille femme juive née à Auschwitz a du mal à comprendre que sa fille, qui dit avoir besoin de documents prouvant sa judéité, veuille aller s’établir en Allemagne. C’est bien pourtant en Allemagne, à Berlin pour être précis, qu’on retrouve Lena dans la 3ème partie intitulée Jonas et d’une durée de 35 minutes. Jonas, c’est le fils de Lena, c’est un adolescent qui est l’objet de moqueries dans son lycée et qui n’accepte pas d’être considéré comme étant juif. Pour lui, juif qui ne veut pas l’être, tomber amoureux de Yasmin, une jeune musulmane de son âge ne lui pose aucun problème.
C’est donc cela, l’évolution du titre : partir de la Shoah, passer par tout ce que Eva a voulu transmettre sur ce sujet à sa fille, puis tout ce que Lena a voulu transmettre à son fils. Comme chacun sait, toute transmission induit une certaine perdition, plus ou moins importante et, arrivée chez Jonas, la mémoire de la Shoah est toujours présente mais elle a perdu en intensité, progressivement supplantée par l’influence des évènements qui se sont déroulés durant les 80 dernières années. Doit on le regretter ? Certainement quand on constate avec désolation que le souvenir en déclin des heures noires du fascisme et du nazisme n’arrivent plus à entraver le retour de l’extrême-droite un peu partout en Europe. Mais, d’un autre côté, on se réjouit de voir un jeune juif et une jeune musulmane tomber amoureux l’un de l’autre, oubliant là aussi un passé douloureux.