Test DVD : Eat the Night

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Eat the Night

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Caroline Poggi, Jonathan Vinel
Scénario : Caroline Poggi, Jonathan Vinel
Acteurs : Théo Cholbi, Erwan Kepoa Falé, Lila Gueneau
Éditeur : Blaq Out
Genre : Drame
Durée : 1h42
Date de sortie cinéma : 17 juillet 2024
Date de sortie DVD : 3 décembre 2024

Pablo et sa sœur Apolline s’évadent de leur quotidien en jouant à Darknoon, un jeu vidéo qui les a vus grandir. Un jour, Pablo rencontre Night, qu’il initie à ses petits trafics, et s’éloigne d’Apolline. Alors que la fin du jeu s’annonce, les deux garçons provoquent la colère d’une bande rivale…

Le film

Dans la bande-annonce de Eat the Night, on apprend que le film est mis en scène par « les visionnaires Caroline Poggi et Jonathan Vinel » – en voilà deux qui sont dans les bonnes grâces de leur distributeur ! Plus sérieusement, si on redescend sur Terre l’espace d’un instant, on admettra que si vous n’êtes pas un lecteur de Libération, il y a de fortes chances que vous ignoriez totalement qui sont ces deux co-scénaristes / co-réalisateurs. Rappelez-vous pourtant : en 2019, on vous avait parlé de leur premier film, Jessica Forever, qui avait enregistré 8.531 entrées dans les salles françaises, et qui nous avait tellement impressionné à l’époque qu’on n’avait su déterminer s’il s’agissait d’un nanar mystique, d’un OVNI de science-fiction dystopique volontairement abscons, d’une fable absurde, d’un poème naïf et surréaliste ou d’un pensum vide de sens.

Quelques années plus tard, on comprend que notre perplexité de l’époque était probablement liée au statut de « visionnaires » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, mais en revanche, la singularité du duo n’a pas échappé à la Société des réalisateurs de films, et leur deuxième long-métrage Eat the Night, tourné à l’automne 2022, serait sélectionné pour l’édition 2024 de la prestigieuse « Quinzaine des Cinéastes ». Et comme on pouvait s’y attendre, il y a eu un « effet Cannes » autour de la sortie du nouveau film des deux visionnaires, qui attirerait cette fois 22.266 français dans les salles. Il faut dire aussi que le distributeur du film, Tandem, savait pertinemment à qui le film s’adresse, et avait fait le choix de mettre en avant sur l’affiche un extrait de la critique visionnaire de Libération, qui jouait astucieusement sur l’idée de manger présente dans le titre du film : « Ce film nous a dévoré le cœur » – pas mal, hein ? On leur avait proposé « Le film qui va vous bouffer le cul », mais il faut être beau joueur, c’est vrai que celle de Libé était mieux.

Avec Eat the Night, Caroline Poggi et Jonathan Vinel décident donc de confronter deux univers : celui du polar et celui du jeu vidéo. Entre guerre des gangs à la française et jeu vidéo en mode MMORPG. Car les visionnaires nous proposent un film alternant les séquences en prises de vue réelles et celles se déroulant dans l’univers d’un jeu vidéo en ligne appelé Darknoon. Par conséquent, Poggi et Vinel s’inscrivent dans la continuité d’autres cinéastes visionnaires ayant travaillé sur la même thématique, tels que Patrick Levy avec Gamer (2001) ou Olivier Assayas avec Demonlover (2002). Évidemment, en filigrane, Eat the Night nous propose également un début de réflexion sur l’isolement que les jeux vidéo peuvent créer à l’ère du numérique – une réflexion qui ne sera cependant ni aussi fine ni aussi sincère que celle développée par Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’helgoualc’h dans Knit’s Island – L’île sans fin.

Restant principalement centré sur le personnage d’Apolline (Lila Gueneau), qui est confrontée à la fermeture des serveurs du MMORPG auquel elle joue depuis des années, Eat the Night insiste sur le pouvoir de la jeune fille au cœur de son univers virtuel, et le fait qu’elle se retrouve au contraire totalement impuissante dans la vie réelle : sa complicité d’antan avec son Pablo (Théo Cholbi) n’est plus qu’un souvenir, et le film accentue notamment l’isolement de la jeune femme en s’attardant longuement sur l’attirance entre Pablo et Night (Erwan Kepoa Falé), qui nous sera largement détaillée au cœur de longues scènes de sexe absolument visionnaires.

Le DVD

Le DVD de Eat the Night édité par Blaq Out est très soigné, et propose, comme souvent avec l’éditeur, une image littéralement somptueuse, sans l’ombre d’un problème d’encodage à l’horizon : le piqué est précis et les couleurs vraiment pétantes, le tout s’imposant sans peine dans les limites d’un encodage en définition standard. Niveau son, le film nous est proposé en Dolby Digital 5.1, et explose littéralement tout sur son passage, surtout sur les passages prenant place dans le jeu Darknoon. Même si le film n’est pas à proprement parler un concentré de grand spectacle, le mixage s’avère dynamique, proposant une subtile spatialisation des effets et un recours fréquent au caisson de basses. Pour les cinéphiles non équipés de Home Cinema, Blaq Out nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0 tout à fait satisfaisant.

Et du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec entretien avec Caroline Poggi et Jonathan Vinel (31 minutes).

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