Du haut de la terrasse
Etats-Unis : 1960
Titre original : From the terrace
Réalisation : Mark Robson
Scénario : Ernest Lehman, d’après le roman de John O’Hara
Interprètes : Paul Newman, Joanne Woodward, Ina Balin
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 2h18
Genre : Drame, romance
Date de sortie cinéma : 19 octobre 1960
Date de sortie DVD : 18 septembre 2018
Synopsis : Rejeté par un père autoritaire, Alfred Eaton, arrivé à l’âge adulte, se rebelle. Refusant de reprendre l’usine familiale, le jeune homme ambitieux préfère se lancer dans une carrière de businessman à Wall Street. Mais Alfred, qui a a du mal à exprimer ses sentiments, doit affronter une série de problèmes personnels. Il se brouille avec son épouse infidèle, Mary, et tombe lui-même amoureux d’une jeune fille, Natalie.
Le film
[3.5/5]
Dans la filmographie de Paul Newman, Du haut de la terrasse n’est pas le film le plus connu. D’aucuns prétendent même qu’il s’agissait pour lui d’un film « alimentaire ». Et pourtant, sur de nombreux points, ce film présente un grand intérêt. En effet, loin d’être seulement un film racontant les tourments amoureux de deux hommes et de deux femmes, Du haut de la terrasse est un témoignage sociologique de l’Amérique du début des années 60. Certes, ce témoignage sociologique se limite à une partie minoritaire de la société américaine de l’époque, la grande bourgeoisie de Philadelphie et de New-York, mais il est malgré tout d’une grand richesse. La partie la plus visible de l’histoire consiste à suivre le couple formé par David Alfred Eaton et Mary St-John. David (ou Alfred, c’est selon !) est un homme très ambitieux, un « work alcoholic » qui n’a, semble-t-il, qu’un but dans la vie : devenir très riche le plus vite possible. Cela l’amène à délaisser son épouse, Mary, qui l’a préféré à celui qui était son fiancé, le Docteur Roper. Ce dernier profite du désarroi de Mary pour la reconquérir. Gêné dans son ascension sociale par l’infidélité de son épouse, Allfed (ou David !) tombe amoureux d’une jeune et jolie jeune fille, Natalie.
Ce qui, peut-être, est moins visible, mais autrement plus intéressant, c’est l’étude, dans le monde de la grande bourgeoisie américaine des années 50/60, de l’hypocrisie qui y règne, de l’importance du « qu’en dira-t-on » qui interdit le divorce et tolère l’infidélité, des relations de pouvoir basées sur le compte en banque, des relations familiales très souvent conflictuelles et des différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne leurs motivations dans l’existence. Dans un monde où, dans les couples, seuls les hommes ont un emploi rémunéré, les hommes n’agissent qu’en fonction de leur recherche de pouvoir et du remplissage de leur compte en banque alors que les femmes, dont on sent le grand besoin d’amour partagé qui les conduit, mènent la danse des relations sentimentales, affichent leur indépendance et se montrent souvent très entreprenantes. Un comportement qui anticipe sur le « women’s liberation movement » qui va émerger dans la décennie suivante. Deux répliques sont révélatrices à ce sujet : à son père qui voudrait la voir épouser un homme de son choix, Mary rétorque « C’est de ma vie qu’il s’agit ». Quant à David Alfred, il profère au cours d’un discours les paroles suivantes : « Comme tout américain fidèle à l’éducation qu’il a reçue, je n’ai jamais oublié que l’essentiel dans la vie est de parvenir à la fortune et à une situation de premier plan ». Deux répliques qui résument bien l’esprit de ce film.
Du haut de la terrasse est l’adaptation d’un roman à succès de l’écrivain américain John O’Hara, auteur dont de nombreuses œuvres ont été adaptées pour le cinéma. C’est le scénariste Ernest Lehman qui a été chargé de cette adaptation, celui là même qui avait écrit le scénario de La mort aux trousses et qui, plus tard, écrira ceux de West Side Story et de Qui a peur de Virginia Wolf ? Quant au réalisateur, le canadien Mark Robson, il a eu l’honneur de diriger le dernier film tourné par Humphrey Bogart, Plus dure sera la chute.
En tête d’affiche du film, jouant le couple formé par Mary et David Alfred, un vrai couple dans la vie : Paul Newman et Joanne Woodward, le premier ayant imposé le choix de son épouse à la production. A leurs côtés, dans une distribution de haut niveau, on remarque particulièrement Ina Balin, l’interprète très touchante de Natalie.
Le DVD
[4/5]
Une nouvelle pépite qui prend sa place dans la collection Hollywood Legends Premium distribuée par ESC Editions ! A l’époque de la sortie du film, un film en couleur se devait d’être TRES coloré. C’est le cas pour Du haut de la terrasse, tourné pour la 20th Century Fox en Cinémascope et en DeLuxe Color. Le nouveau master Haute Définition rend grâce à ce parti pris avec un rendu parfait de toutes les nuances de ces couleurs très vives. Ah, les yeux bleus de Paul Newman ! Et que dire des toilettes lors des nombreuses réceptions dansantes proposées dans le film. Le film peut être visionné en version française (Dolby 2.0) ou en version originale sous-titrée en français (Dolby 5.1). Comme c’était presque toujours le cas à l’époque, le doublage en français est … « supportable ».
Un supplément de 39 minutes vient compléter le film. Intitulé Portraits de familles, il consiste en un entretien avec le journaliste et professeur de lettres Frédéric Albert Lévy, réalisé par Linda Tahir, entretien passionnant qui replace le film dans le contexte de l’époque et enrichit notre connaissance sur John O’Hara, l’auteur du livre, Ernest Lehman, le scénariste, Mark Robson, le réalisateur, et, bien sûr, le couple Newman / Woodward.