Test DVD : Doom Patrol – Saison 1 / Le Freak, c’est Chic

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Doom Patrol – Saison 1

 
États-Unis : 2019
Titre original : –
Créé par : Jeremy Carver
Acteurs : Diane Guerrero, April Bowlby, Matt Bomer
Éditeur : Warner Bros. Entertainment France
Durée : 12h30 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD : 17 juin 2020

Robotman, Negative Man, Crazy Jane ou encore Elasti-Girl souffrent de handicaps ou ont été physiquement marqués par des accidents. Rejetés par la société et désormais dotés de super pouvoirs, tous ont trouvé un sens à leur vie en agissant pour le compte du Dr. Niles Caulder, un scientifique fou qui leur est venu en aide à un moment donné de leur vie et qu’ils aident à protéger la planète…

La saison

[4/5]

En dépit de quelques agréables surprises au cinéma ces dernières années, il semble malheureusement que l’univers cinématographique développé par DC Comics et Warner autour des personnages estampillés DC ait pris un peu de plomb dans l’aile au fil du temps. On en veut pour preuve le nombre impressionnant de projets abandonnés, parmi lesquels Justice League Dark, Man of Steel 2, Gotham City Sirens, Deadshot, Lobo, Cyborg ou encore Justice League 2 : autant de films qui ne verront jamais le jour malgré l’attente de nombreux fans à travers le monde.

Cela dit, contrairement à celui de Marvel, l’univers cinématographique DC est indépendant des adaptations télévisées, notamment les séries de l’Arrowerse et autres, et il semble bien que les choses bougent bien et plutôt dans le bon sens du côté des dessins animés et des séries TV issues de comic books édités par DC Comics. En effet, de nombreuses séries télévisées dérivées de l’écurie DC Comics semblent clairement avoir rencontré leur public. De Arrow à Flash et passant par Gotham ou Supergirl, les shows à succès se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Il semble même que l’avenir de « l’autre géant » du comic book américain soit maintenant en grande partie tourné du côté du petit écran. Si l’on considère en effet que l’avenir des films DC sera tourné vers « le cœur, l’humour, l’espoir, l’héroïsme et l’optimisme des personnages », on peut légitimement supposer que le côté obscur de la firme – qui a très nettement contribué à la différencier de son rival de toujours Marvel – se tournera vers la télévision. Des séries récentes telles que Swamp thing (qui n’a malheureusement duré qu’une saison), Titans ou encore Doom patrol.

Dans un premier temps, Doom Patrol fut diffusée aux États-Unis sur une plate-forme de SVOD exclusivement consacrée à DC Comics appelée DC Universe. Mais au regard de ses qualités formelles et narratives, la série a finalement été récupérée par HBO Max pour la diffusion de sa deuxième saison – un signe non seulement de sa qualité mais également de sa tonalité générale, très adulte, qui l’éloigne vraiment beaucoup des autres séries produites par DC et l’impose réellement comme la meilleure d’entre elles. Nuff said. Vous pouvez lâcher les autres, c’est Doom Patrol qu’il faut regarder.

Un comic-book peu connu en France

Avant Doom Patrol la série TV bien sûr, il y a Doom Patrol la série de comic-books, créée en 1963 et assez peu connue des néophytes jusqu’à l’année dernière. Et pour cause : elle fut seulement éditée en France dans les années 60/70 sous le titre « La patrouille Z » ou « Patrouille du destin » dans les recueils Aventures Fiction, Eclipso et Étranges aventures (Aredit/Artima). L’esprit de la série en revanche – entendons par là sa folie et sa fantaisie teintée d’une bonne dose de noirceur – n’est cependant pas tiré des comics des années 60/70 mais, pour l’essentiel, des récits imaginés par Grant Morrison à partir de 1987, qui ne seraient publiés en France qu’à partir de 2019 dans deux recueils de 400 pages édités par Urban Comics.

Ennemis bizarroïdes, mondes parallèles obscurs, surnaturel et magie noire aux limites du mysticisme : la série de comics imaginée par Grant Morrison allait loin, très loin dans les délires de geek sous acide. L’imagination fertile de Morrison ne semblait pas avoir de limites, et ne s’avérait finalement freinée que par une mise en images et un découpage typiques des comics de la fin des années 80 – et qui en limitent aujourd’hui clairement la portée ainsi que la pérennité. Pour autant, il y a fort à parier que les fans hardcore de Doom Patrol version comics trouvent que la folie cosmique de l’ensemble a été trop fortement atténuée.

Les personnages sont moins foisonnants également, et le créateur du show TV Jeremy Carver a également fait d’autres choix, pour la plupart payants, par rapport aux comics que vous pourrez découvrir chez Urban Comics. Ce Doom Patrol version TV fera donc le choix de réintégrer Elasti-Girl à la bande de super-héros (absente des comics de la fin des années 80), mais également de leur mettre dans les pattes un personnage un peu plus connu de l’univers DC Comics : Cyborg, présent dans la Justice League, mais généralement plutôt associé aux Teen Titans, voire même à leur pendant humoristique Teen Titans Go.

Des personnages hauts en couleurs

Mais dès les premiers épisodes, dont la voix-off est assurée par un personnage du show – Mr Nobody – qui s’amuse franchement à invectiver le spectateur en cassant le quatrième mur, le ton insolent et sans concession de l’entreprise fonctionne à merveille. Les créatures ainsi que les trouvailles les plus loufoques qui soient se succèdent à l’écran, sans non plus forcément verser à plein régime dans la parodie : les personnages, si étranges qu’ils soient, s’imposent comme autant de parias attachants et « existent » véritablement à l’écran. Ils ne sont pas des silhouettes interchangeables, chacun d’entre eux a un background qui le rend unique, ce qui compte énormément pour l’immersion au cœur du show en tant que spectateur. Et si les personnages de Robotman (Brendan Fraser) et Crazy Jane (Diane Guerrero) sont certes un peu plus mis en avant que leurs camarades, chaque personnage finira par trouver sa place au sein du groupe, et dans le cœur du public.

Ainsi, si bouffon qu’il puisse être par moments, le show ne résume pas la destinée de ses personnages à de simples gags, et ne traite jamais par-dessus la jambe les dilemmes psychologiques auxquels ils doivent faire face. Au fil des épisodes, on se rendra compte que chaque personnage « compte » réellement, créant une certaine homogénéité dans l’univers qui nous est donné à voir, malgré la fantaisie. En dépit d’un occasionnel recours à l’humour ou aux gags les plus trash et/ou absurdes, le tout ne vire pas au jeu de massacre potache comme on aurait pu s’y attendre si la surenchère parodique avait été de mise. En ce sens, le soin apporté à la description de chacun des membres de la « patrouille maudite » au cœur de Doom Patrol contribue vraiment à en faire une série de super-héros qui ne ressemble réellement à aucune autre. Tout juste pourra-t-on la rapprocher d’un de ses ancêtres cinématographiques : Mystery Men, dans le sens où le film de Kinka Usher réussissait également, malgré ses défauts, à rester sur les rails du pastiche, détournant les codes du genre sans jamais non plus totalement les tourner en ridicule.

Losers flamboyants, rejetés et incompris par le monde entier, ils sont les parias des super-héros, des freaks dotés de pouvoirs qu’ils ne maîtrisent pas. Une large partie des quinze épisodes qui composent la première saison de Doom Patrol sera consacrée à l’exploration de leurs passés respectifs. Car avant tout, ces paumés surnaturels cherchent avant tout à réussir à s’accepter eux-mêmes (cf. l’épisode consacré à leur thérapie de groupe).

Atypique et inventif

Parallèlement à la galerie de personnages, c’est également l’inventivité incroyable dont font preuve les auteurs de Doom Patrol qui rend la série si barrée et attachante. Le spectateur, qui n’a plus guère l’occasion d’être surpris de nos jours, se laissera ici à coup sûr emporter par le tourbillon des intrigues du show, dont on n’arrive jamais réellement à déterminer à l’avance où elles vont nous emmener. Alors oui, c’est parfois un peu longuet, les dialogues ne sont pas toujours au top, et on a un peu perdu l’habitude des séries de plus de douze épisodes (question de rythme). Mais Doom Patrol déploie une telle énergie et une telle créativité tout au long des quinze épisodes de cette première saison que l’on fermera les yeux avec bienveillance sur ses petits défauts.

Le coffret DVD

[4/5]

Le coffret 3 DVD de Doom Patrol – Saison 1 édité par Warner Bros. Entertainment France nous propose de découvrir la série dans des conditions parfaites. La série étant très récente, le master est superbe, et l’éditeur, rompu à l’encodage DVD depuis de nombreuses années, nous propose une définition sans faille, composant de main de maître avec les limites du format. Coté audio, seule la version originale bénéficie d’un mixage Dolby Digital 5.1, bien immersif et ample, tandis que la VF doit se contenter d’une piste Dolby Digital 2.0 stéréo. Le doublage français est extrêmement satisfaisant, mais le rendu sonore a naturellement beaucoup plus de pêche en VO. On regrette cela dit que la popularité de la série en France ne soit pas encore suffisante pour bénéficier d’une sortie sur support Blu-ray : la série le méritait clairement.

Dans la section suppléments, on trouvera, réunis sur le troisième disque, rien de moins que 14 minutes de scènes coupées, qui permettront aux fans de la série de prolonger (un peu) le plaisir. On terminera enfin avec un amusant – et grossier – bêtisier (4 minutes) et une intéressante featurette sur les différents lieux de tournage (5 minutes), pour la plupart situés autour d’Atlanta en Géorgie.

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