Dîner à l’anglaise
Royaume-Uni : 2023
Titre original : The Trouble with Jessica
Réalisation : Matt Winn
Scénario : Matt Winn, James Handel
Acteurs : Alan Tudyk, Shirley Henderson, Rufus Sewell
Éditeur : Blaq Out
Genre : Comédie
Durée : 1h26
Date de sortie cinéma : 17 juillet 2024
Date de sortie DVD : 3 décembre 2024
Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Après une dispute à première vue sans importance, Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Le film
[3,5/5]
Mettant en scène une toute petite poignée d’acteurs et se déroulant dans un lieu quasi-unique, Dîner à l’anglaise utilise un dispositif de mise en scène consciemment assez théâtral, à la façon de films tels que La Corde (1948) ou Le Magot (1970). Pour autant, si l’ombre de ces deux films peut vaguement planer au-dessus de l’intrigue, le scénariste / réalisateur Matt Winn s’en écartera finalement assez vite, pour centrer son récit sur la cupidité et la violence qui se cachent sous le vernis de respectabilité de la Upper middle class britannique.
Comme l’indique clairement son titre français, Dîner à l’anglaise met en scène un dîner entre amis. Sarah et Tom (Shirley Henderson et Alan Tudyk) ont invité leurs deux plus vieux amis Richard et Beth (Rufus Sewell et Olivia Williams) dans leur grande maison du nord de Londres. Quelques minutes avant l’arrivée des convives, Beth prévient par téléphone qu’elle sera accompagnés de Jessica (Indira Varma), une amie d’université aux mœurs dissolues, qui vient de publier un best-seller basé sur sa vie en mode sexe, drogues et rock n’roll. Sous l’influence de Jessica, les tensions vont rapidement monter durant le repas, Sarah et Tom révélant à leurs amis qu’ils sont fauchés à cause d’un projet architectural avorté et de mauvais investissements de la part de Tom : ils sont donc contraints de vendre leur maison. Après une dispute ayant néanmoins permis de faire tomber quelques masques, Jessica sort dans le jardin, et n’en reviendra pas : profondément mal dans sa peau, elle avait prémédité de mettre fin à ses jours chez ses plus vieux amis. Sarah et Tom sont catastrophés : le « bad buzz » créé par le suicide de leur amie risque bien de compromettre la vente de leur maison, et Sarah s’y refuse catégoriquement…
Tel est donc le point de départ de Dîner à l’anglaise, une comédie très noire qui, après une série de rebondissements parfois un peu tirés par les cheveux, s’échinera à montrer ses personnages soi-disant respectables tels qu’ils sont vraiment, et les efforts qu’ils vont déployer dans l’espoir de protéger leurs intérêts et de conserver leur richesse et leur statut social. Ainsi, et même si Matt Winn parvient à rendre les protagonistes de Dîner à l’anglaise assez humains pour que l’on s’attache à eux, la charge à l’encontre de la classe moyenne supérieure (Tom est architecte, Richard avocat) est sévère, dans le sens où elle sous-entend que la notion d’éthique devient dans certains cas totalement accessoire. Bien sûr, si les efforts que vont déployer les quatre personnages pour se débarrasser de ce cadavre gênant en sont la preuve manifeste, le scénario de Matt Winn mettait déjà la question sur le tapis dès le début du film, avec la discussion tournant autour de Richard, un avocat s’étant fait une spécialité de défendre des violeurs, au grand dam de son épouse, la moralisatrice Beth, qui travaille dans un centre d’accueil pour femmes, mais qui, paradoxalement, bénéficie d’un style de vie confortable grâce aux affaires plaidées par son mari.
Et au centre de Dîner à l’anglaise, il y a, également, le rôle tenu par Jessica – véritable catalyseur des frustrations de chaque personnage : ex de Tom, maîtresse de Richard, objet de fascination pour Beth, attisant la jalousie chez Sarah. Même après sa disparition, elle continue d’alimenter les ressentiments de chacun, tenant les personnages sous son emprise, notamment du point de vue de l’insatisfaction en matière de sexe, ou même d’accomplissement personnel. Relativement bien écrit, le film souffre cependant un peu d’une mauvaise gestion de son rythme, et donne l’impression de perd son mordant dans le dernier tiers du film, à partir du moment où le personnage incarné par Shirley Henderson s’interroge sur le bien-fondé de ses actes. Pour autant, Dîner à l’anglaise reste un film intéressant et réussi, quasi-Chabrolien dans sa volonté de gratter le vernis de la respectabilité des notables britanniques.
Le DVD
[4/5]
Après une distribution dans les salles françaises ayant attiré un peu plus de 25.000 curieux, Dîner à l’anglaise arrive donc en France en vidéo sous les couleurs de Blaq Out, uniquement au format DVD. Cela dit, l’éditeur nous offre comme à son habitude un DVD techniquement très soigné : l’image est globalement superbe, affichant des contrastes magnifiques, une définition parfaite, et un encodage qu’on ne peut que difficilement prendre à défaut, le tout, bien sûr, dans les limites évidentes d’un encodage en définition standard. La piste audio en VO est également imparable : le mixage Dolby Digital 5.1 est très dynamique, avec des effets mesurés mais une bonne restitution des ambiances. Les dialogues sont clairs et bien mis en avant : l’immersion est sans faille. On notera que l’éditeur nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, plus cohérent si vous visionnez le film sans système de spatialisation sonore. Pas de bonus.