Deux rouquines dans la bagarre
États-Unis : 1956
Titre original : Slightly scarlet
Réalisateur : Allan Dwan
Scénario : Robert Blees
Acteurs : John Payne, Rhonda Fleming, Arlene Dahl
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h17
Genre : Policier, Film Noir
Date de sortie cinéma : 31 août 1956
Date de sortie DVD : 3 octobre 2017
La ville de Bay City est sous la coupe du gangster Solly Casper. Soutenu par l’influent propriétaire du journal local, le riche et intègre Frank Jansen mène une croisade anti-corruption et brigue le poste de maire. Casper a chargé Ben Grace, un petit escroc, d’enquêter sur la vie privée de Jansen afin d’y trouver matière à le discréditer publiquement. Grace apprend que le futur maire est follement épris de sa secrétaire June Lyons, dont la soeur cadette, kleptomane notoire, vient d’être libérée de prison. Mais il préfère ne rien révéler à son patron, dont il espère le faux pas qui lui permettrait de l’évincer à la tête du gang…
Le film
[3,5/5]
Autant être clair d’entrée de jeu : Deux rouquines dans la bagarre n’est certes peut-être pas le chef d’œuvre que beaucoup y voient, mais il demeure, un peu plus de soixante ans après sa sortie en salles, une amusante expérience de Film Noir en couleurs – et ce deux ans avant le Traquenard de Nicholas Ray. Et si la portée « sulfureuse » du film d’Allan Dwan a aujourd’hui beaucoup perdu de son impact, il est amusant de constater que les charmes de ses deux actrices (les deux « rouquines » du titre français, incarnées par Rhonda Fleming et Arlene Dahl) n’ont semble-t-il pas échappé aux respectables cinéphiles s’étant risqué, au fil des années, à évoquer et analyser le film dans le détail.
Le scénario parait relativement banal à première vue, mais il a au moins le mérite de proposer un héros tout à fait antipathique (John Payne, parfait), manipulant son monde -et surtout les femmes- afin de prendre la tête d’un gang de truands. Mais Allan Dwan et son scénariste Robert Blees semblent finalement bien peu intéressés par l’intrigue policière à proprement parler, et ne s’attachent guère plus à la description des membres du gang, ni même aux jeux de pouvoir et d’influence dont use le personnage incarné par Payne pour arriver à ses fins. Au contraire, Dwan et Blees préfèrent se concentrer sur le portrait de ses trois personnages principaux, immoraux et/ou cupides, et sur la relation triangulaire intéressante qui se dessine entre eux au fur et à mesure que le film évolue.
Au final, Deux rouquines dans la bagarre s’impose comme un étrange Film Noir aux accents mélodramatiques, étonnamment moderne et sympathique. Une découverte !
Le DVD
[4/5]
Déjà disponible depuis 2009 sous les couleurs de Carlotta dans le bien nommé « coffret Allan Dwan », le nouveau DVD de Deux rouquines dans la bagarre, sorti ce mois-ci sous les couleurs de Sidonis Calysta, vaut surtout le détour pour la présence, jusqu’ici inédite, de la version française d’origine, ainsi que, peut-être, pour les nouveaux suppléments qu’ils propose, signés François Guérif et Bertrand Tavernier.
Sidonis Calysta nous propose d’ailleurs exactement le même master que Carlotta il y a quelques années, et dans l’ensemble, l’éditeur n’a pas trop à rougir du résultat final : si le format n’est pas respecté (un 2.10 recadré en 1.77), et même si on déjà vu largement mieux côté couleurs et définition, la galette proposée par l’éditeur ne s’en sort pas trop mal, dans les limites d’un encodage DVD naturellement. Côté son, on privilégiera très nettement la version originale, naturellement proposée en mono d’origine à sa petite sœur française, beaucoup trop étouffée même si le doublage d’époque est désuet à souhait et souvent très amusant. Toutes deux sont bien sûr encodées en Dolby Digital 2.0.
Du côté des suppléments, on trouvera la traditionnelle galerie de photos, accompagnée de la bande-annonce du film et des films à venir dans la collection « Film Noir ». N’oublions pas, bien sûr, les présentations de François Guérif et Bertrand Tavernier (François Brion n’est pas présent cette fois-ci). Si Guérif défend tout autant le film d’Allan Dwan que le bouquin de James M. Cain dont il est tiré, Tavernier quant à lui dézingue tous azimuts, que cela soit le livre ou son adaptation cinématographique, qu’il trouve très surestimée.