Test DVD : Délicieux

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Délicieux

France : 2021
Réalisation : Eric Besnard
Scénario : Eric Besnard, Nicolas Boukhrief
Interprètes : Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe, Guillaume de Tonquédec
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h48
Genre : Comédie, Histoire
Date de sortie en salles : 8 septembre 2021
Date de sortie en DVD : 12 janvier 2022

A l’aube de la Révolution Française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, est limogé par son maître le duc de Chamfort. La rencontre d’une femme étonnante, qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemis.

Le film

[3.5/5]

En France, dans la deuxième moitié du 18ème siècle, quel pouvait être, pour un cuisinier, l’équivalent de la perte d’une étoile au Guide Michelin ? A l’époque, pour les particuliers, pour les voyageurs, il n’y avait que des gargotes servant une nourriture très simple et sans attrait mais le restaurant tel qu’on le connait aujourd’hui n’existait pas, ce lieu de création et de partage, avec commande à la carte et service à la table,  offrant à ses clients, moyennant finance, une nourriture de qualité élaborée à partir de produits frais. En fait, il se disait à l’époque que le peuple n’était pas capable d’apprécier les bonnes choses, que seule la haute société était capable de trouver du plaisir dans les plats issus d’une cuisine sophistiquée. C’était donc dans des châteaux, au service de nobles, qu’on pouvait trouver les grands chefs cuisiniers de l’époque. Des nobles pour qui la qualité de leur cuisine devait être le reflet de leurs propres qualités et de leur grandeur.

En conséquence, pour un grand cuisinier de l’époque, l’équivalent de la perte d’une étoile au Guide Michelin était le fait de se faire renvoyer comme un malpropre par son employeur. Ce que le Duc de Chamfort fait subir à Pierre Manceron au début de Délicieux, avec comme motif le fait de s’être un peu écarté du menu demandé et d’avoir voulu innover avec un plat presque unanimement apprécié par les convives du Duc jusqu’à ce qu’un ecclésiastique retourne le jugement de tout ce beau monde en pointant que, pour l’église, en matière de nourriture, plus c’est haut, plus c’est bon et que, par conséquent, un plat confectionné avec des pommes de terre et des truffes, des produits qui poussent sous terre, ne peut être bon que pour des cochons. Heureusement pour Pierre Manceron, l’arrivée dans le relais de poste dans lequel il s’est retiré avec son fils de Louise, d’une femme au passé mystérieux et qui le supplie de la prendre comme apprentie va lui permettre de rebondir vers un avenir radieux. Qui est-elle vraiment ? Que cherche-t-elle ? En tout cas, elle travaille dur et elle a souvent de bonnes idées.

Le réalisateur ne s’en cache pas : avec Délicieux, il a souhaité réaliser un film à caractère historique sur l’invention du concept de restaurant tout en choisissant de s’écarter de la pure vérité historique. En effet, ce n’est pas dans le Cantal quelques mois avant la Révolution française qu’a été ouvert le premier établissement pouvant prétendre au qualificatif de restaurant, c’est à Paris, quelques années auparavant. Il n’empêche, cette période qui voyait s’annoncer la fin des privilèges était propice à cette « révolution des palais » : après tout, cela faisait des dizaines d’années que, moyennant finance, l’opéra et la musique savante n’étaient plus réservé.e.s aux souverains, aux princes et aux ducs, alors pourquoi ne pas offrir également une nourriture de qualité à toutes celles et à tous ceux qui le souhaitaient et qui, bien sûr, avaient les moyens de se l’offrir. Quant au fait de quitter Paris pour la province, cela permettait au film, tournés sur les 4 saisons d’une année, d’offrir la vision d’une nature magnifique, photographiée avec un très grand soin au format 2.40:1 par Jean-Marie Dreujou, un des grands directeurs de la photographie de notre pays. A noter qu’un soin encore plus grand a été apporté à la lumière et à la photographie des scènes d’intérieur, très souvent des scènes magnifiques de préparations culinaires éclairées à la bougie.

De tout temps la grande cuisine a été l’objet de modes et de querelles et on s’amuse lorsque Pierre Manceron fait part de son exaspération d’être contraint d’utiliser des épices comme la cannelle, le safran et le gingembre, provenant de l’autre bout du monde, alors qu’il préfèrerait employer des produis locaux tels l’échalote, la ciboulette, l’ail et l’estragon.

Bien photographié, bénéficiant d’un scénario bien ficelé, Délicieux jouit également d’une très bonne distribution avec, en tête d’affiche, un excellent Grégory Gadebois, tout d’abord inventif et cabochard, puis sans aucune illusion et sans allant, et, pour finir, totalement ressuscité. A ses côtés, Isabelle Carré campe parfaitement une Louise très attachante et aux nombreux visages. Le rôle tenu par Benjamin Lavernhe, celui du Duc de Chamfort, est un rôle à la fois mineur et important : mineur car, finalement, on passe peu de temps avec lui ; important car il est là en tant que représentant de la noblesse de l’époque, avec ses accoutrements, ses coiffures et, surtout, cette arrogance apportée par cette certitude d’être « bien né ». Dans un rôle tout aussi important, celui de l’intendant du Duc de Chamfort, un homme qui est conscient de ne pas être bien né mais qui n’aspire à rien d’autre qu’au statu quo social, on retrouve un Guillaume de Tonquédec tout à fait à son aise. Quant aux idées révolutionnaires, elles sont portées par Benjamin, le fils de Pierre Manceron, interprété par Lorenzo Lefebvre.

Le DVD

[4.5/5]

La photographie de Délicieux, au format 2.40:1, nous offre des images magnifiques que ce soit celles de la nature du côté de Saint-Flour, tout particulièrement en automne, ou celles en intérieur, par exemple en cuisine, éclairées à la bougie et on se félicite que le DVD en donne une transcription aussi fidèle. C’est en 5.1 que l’on reçoit le son auquel on peut choisir d’ajouter un sous-titrage pour sourds et malentendants. La possibilité de regarder le film en audiodescription est également offerte.

Un seul complément accompagne le film, mais, par la qualité de son contenu, il est largement suffisant. Appelé Making of et durant 26 minutes, il fait appel au producteur Christophe Rossignon, à la productrice exécutive Eve Machuel, au réalisateur Eric Besnard, au comédien Grégory Gadebois et au décorateur Bertrand Seitz pour nous donner tous les détails relatifs à ce film qu’on avait envie de connaitre. Par exemple, le fait que, au 18ème siècle, le caviar, la truffe et le homard étaient des produits populaires financièrement abordables ou encore que le véritable refuge de ce qu’on appelle le service à la française, c’est au Quai d’Orsay qu’on le trouve, autour de son chef Thierry Charrier. Un endroit que Grégory Gadebois a fréquenté à plusieurs reprises durant sa préparation du film afin de s’entrainer au métier de cuisinier.

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