Debout les femmes !
France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Gilles Perret, François Ruffin
Éditeur : Jour2fête
Durée : 1h25
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 13 octobre 2021
Date de sortie DVD : 15 mars 2022
« Mais qui m’a mis cette tête de con ? ». Ce n’est pas le grand amour entre le député En Marche ! Bruno Bonnell et l’insoumis François Ruffin. Et pourtant… C’est parti pour le premier « road movie parlementaire » à la rencontre des femmes qui s’occupent de nos enfants, nos malades, nos personnes âgées. Ensemble, avec ces invisibles du soin et du lien, ils vont traverser confinement et couvre-feu, partager rires et larmes, colère et espoir. Ensemble, ils vont se bagarrer, des plateaux télés à la tribune de l’hémicycle, pour que ces travailleuses soient enfin reconnues, dans leur statut, dans leurs revenus. Et s’il le faut, ils réinventeront l’Assemblée…
Le film
[4/5]
« La pandémie dont nous vivons les effets délétères depuis plus d’un an aura eu au moins un effet bénéfique : faire prendre conscience (du moins pendant un certain temps !) à une grande partie de la population de notre pays de l’importance, osons le dire, vitale, d’un certain nombre de métiers, tous difficiles, tous scandaleusement sous-payés et presque exclusivement exercés par des femmes : les métiers du lien, assistantes maternelles, accompagnantes d’enfants en situation de handicap, auxiliaires de vie sociale, mais aussi infirmières, aides-soignantes, techniciennes de surface.
Face à cette prise de conscience, il y avait plusieurs façons d’exprimer une forme de gratitude envers ces femmes, des façons en relation avec le type de pouvoir exercé. Pour les simples citoyens, les applaudissements à 20 heures, tous les soirs, depuis sa fenêtre. Pour le Président de la République, profiter d’une allocution télévisée, celle du 16 mars 2020, pour faire part de sa reconnaissance envers cette population et lui faire un certain nombre de promesses, en particulier en ce qui concerne la fourniture de masques et du gel hydroalcoolique et leur transport. Pour un député, par ailleurs secrétaire de la Commission des affaires économiques : mener une mission d’information parlementaire sur les métiers du lien avec le but de déboucher sur du concret, avec une proposition de loi permettant d’apporter des progrès notables aux conditions de vie des femmes pratiquant ces métiers.
Et quand ce député s’appelle François Ruffin, qu’il est journaliste et qu’il a déjà à son actif la réalisation de deux documentaires, dont l’un réalisé de concert avec Gilles Perret, cela se traduit bien évidemment par la réalisation d’un film, Debout les femmes !, une nouvelle fois réalisé avec Gilles Perret.
(…) Nous voici donc avec François Ruffin, député d’opposition, missionné par l’Assemblée nationale pour répondre, dans le cadre d’une mission parlementaire consacrée aux métiers du lien, à la question suivante : « Comment expliquer que ces métiers, si essentiels pour notre société, soient fortement précarisés et peu reconnus ? » Une mission qui doit s’intéresser « à la construction historique de ces métiers, aux différentes politiques publiques qui les ont structurés (ou déstructurés) ainsi qu’à la manière de constituer, demain, un espace de qualification par l’attribution d’un statut et la revalorisation de l’image et de l’identité de ces métiers ». Mais au fait, missionné avec qui ? Avec, ce qui, a priori, est pour François Ruffin, une très mauvaise surprise : « ils m’ont foutu, Bruno Bonnell, la tête de con, quoi ! ». Pensez donc, ce député LREM est un chef d’entreprise, il a été élu « Manager de l’année » par Le Nouvel Économiste en 1995, et surtout, c’est celui que M6 avait choisi pour interpréter le même rôle que Donald Trump dans la version française de « The Apprentice : Qui décrochera le job ? ». Un homme très éloigné de la France Insoumise, par conséquent ! Et là, oh surprise, « En une minute, c’était plié, les barrières s’effondrent », Ruffin et Bonnell arrivent à très bien s’entendre. Mais au fait, missionné quand ? En novembre 2019, c’est à dire quelques mois avant l’arrivée de la Covid 19 dans notre pays, avant la longue période de confinement du printemps 2020, avant que la population française prenne majoritairement conscience de l’importance de ces métiers du lien, en première ligne durant ce confinement, et du manque de reconnaissance sociale et pécuniaire dont souffrent celles et ceux qui les pratiquent. Avec un accent particulier mis sur « celles », car ces métiers sont presque exclusivement féminins. (…)
Un tel film ne se raconte pas, il se voit ! On se contentera donc d’aller y piocher quelques « flashs » particulièrement marquants. (…) On sera choqué de constater qu’un rectorat ait mis des bâtons dans les roues par rapport à une visite de la commission parlementaire. On sera scandalisé en apprenant les conditions de vie et les rémunérations des assistantes maternelles, des accompagnantes d’enfants en situation de handicap, des auxiliaires de vie sociale. On rira jaune en assistant à la colère de François Ruffin, contraint de voter contre son propre texte lors de son passage en commission des Affaires sociales de l’Assemblée, ce texte visant à « faire cesser la maltraitance » des femmes de ménage ayant été, d’après lui, complètement vidé de sa substance par les modifications apportées par la majorité LREM. On s’attristera que, 6 mois après l’adresse aux français du 16 mars 2020 d’Emmanuel Macron, sa majorité ait déjà complètement oublié certaines promesses et rejette un certain nombre d’avancées pour les métiers du lien lors du vote du budget 2020. (…)
Bien avant l’arrivée de la Covid dans notre pays, nombreuses et nombreux étaient celles et ceux qui, déjà, s’offusquaient du manque de reconnaissance sociale et pécuniaire dont souffrent celles et ceux qui pratiquent les métiers du lien, mais la situation ne bougeait pas pour autant. Durant le premier confinement, il fallait être aveugle pour ne pas devenir conscient de l’importance de ces métiers ! Des promesses ont été faites concernant l’amélioration de leurs conditions de vie, promesses dont on peut malheureusement penser que bien peu seront réellement tenues. »
Extrait de la critique de notre chroniqueur Jean-Jacques Corrio. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !
Le DVD
[4/5]
En réunissant plus de 142.000 français dans les salles obscures, soit bien plus que certains films de fiction sortis sur les écrans à l’automne dernier, Debout les femmes ! a fait un véritable carton au box-office, et c’est donc fort logiquement que Jour2fête lui offre aujourd’hui une superbe édition DVD. Et côté DVD, il n’y a aucun doute, l’éditeur connaît le support sur le bout des doigts et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Qu’il s’agisse de la définition, des couleurs ou de la gestion bruit vidéo, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités. Coté son, le film nous est proposé dans un mixage Dolby Digital 5.1 qui se révélera étonnamment ample et dynamique. On notera par ailleurs que Jour2fête nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, sobre mais efficace.
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une rencontre avec Gilles Perret et François Ruffin (14 minutes). Les deux co-réalisateurs du film rendront tout d’abord hommage aux femmes que l’on voit dans Debout les femmes ! avant de revenir sur les origines du projet, sur leur duo à l’écran, sur l’importance déterminante qu’a pu avoir le COVID sur ce qu’ils racontaient, ainsi que sur la partie « fictionnée » que l’on découvre à la fin du film. Ils évoqueront également leurs références en tant que cinéastes, et leur refus de se poser en donneurs de leçons. On continuera ensuite avec un entretien avec Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS (28 minutes). Enfin, on terminera avec deux scènes coupées (7 minutes), mettant notamment en scène Jean-Michel Blanquer, le clip de la tournée du film (3 minutes) ainsi qu’avec une poignée de témoignages des spectateurs / trices (2 minutes), et un sujet consacré aux ovations reçues par le film durant sa tournée dans toute la France (2 minutes).