Dans la peau de Blanche Houellebecq
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux
Acteurs : Michel Houellebecq, Blanche Gardin, Luc Schwarz
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h24
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 13 mars 2024
Date de sortie DVD : 16 juillet 2024
En Guadeloupe, Blanche Gardin préside un concours de sosie consacré à Michel Houellebecq. Michel s’y rend, mais des événements imprévus vont plonger notre duo au cœur d’une intrigue rocambolesque…
Le film
[4/5]
Même s’il peut tout à fait être découvert indépendamment des deux autres, Dans la peau de Blanche Houellebecq est le troisième opus d’une série de films signés Guillaume Nicloux tournant autour de la figure publique de l’écrivain français Michel Houellebecq. A ce jour, bien sûr, il s’agit d’une trilogie, mais il y a fort à parier pour que Houellebecq et Nicloux remettent le couvert d’ici quelques années, tant la formule semble rodée et efficace.
Dans la peau de Blanche Houellebecq est donc la « suite » de L’Enlèvement de Michel Houellebecq (2014) et de Thalasso (2019). Le film utilise les mêmes procédés formels et narratifs, brouillant volontairement les pistes entre le réel et la fiction, et laissant les acteurs broder certaines séquences autour d’une idée lancée par le cinéaste. Cette large part laissée à l’improvisation permet à Guillaume Nicloux de capter de véritables « moments de vérité » dans les échanges entre ses acteurs, qui incarnent des versions volontairement exagérées d’eux-mêmes.
Bien sûr, il y a bel et bien une trame scénaristique dans Dans la peau de Blanche Houellebecq, qui navigue cette fois entre le film de potes et le stoner movie, puisque Michel Houellebecq et Blanche Gardin passeront une grande partie du film totalement défoncés et menottés l’un à l’autre. Et force est d’admettre que l’ensemble est souvent assez irrésistible, développant un humour débridé et très habile dans sa façon de brouiller les pistes pour le spectateur, qui sera finalement bien incapable de discerner le vrai du faux, et de distinguer les improvisations des passages écrits.
Tourné à l’aide de plusieurs caméras extrêmement mobiles, divisé en plusieurs chapitres et conservant tout au long de son intrigue un rythme imparable, Dans la peau de Blanche Houellebecq est une franche réussite de comédie, portée par le talent et la truculence de ses quatre acteurs principaux : Blanche Gardin est comme d’habitude absolument formidable de naturel, Michel Houellebecq se contente d’être lui-même – ou il est du moins fidèle à l’idée que l’on se fait de lui, totalement lunaire – et leurs deux « assistants », Luc Schwarz et Franck Monier, nous réserveront de francs et salutaires éclats de rire.
On pourra également souligner le gros travail de montage effectué par Guy Lecorne et Guillaume Nicloux, qui tranchent dans le vif et permettent à Dans la peau de Blanche Houellebecq de toujours capter et conserver l’intérêt du spectateur, alors même que l’intrigue en elle-même, qui fait graviter ses personnages autour d’un concours de sosies de Michel Houellebecq organisé en Guadeloupe, est finalement assez linéaire et ne comporte que peu de rebondissements. Mais au final, au terme de cet excellent moment de cinéma sale gosse et déjanté, on ne pourra que souhaiter que Guillaume Nicloux et Michel Houellebecq se retrouvent à nouveau pour un autre épisode des aventures décalées de l’écrivain, dans, par exemple, Michel Houellebecq font du ski.
Le DVD
[4,5/5]
Distribué par Bac Films sur une centaine de copies, Dans la peau de Blanche Houellebecq n’aura attiré qu’un peu plus de 24.000 curieux dans les salles de cinéma en mars dernier. On suppose cela dit que le film se rattrapera en vidéo : c’est de la graine de film-culte ! Le film de Guillaume Nicloux débarque donc au format DVD sous les couleurs de Blaq Out, qui comme à son habitude fait le taf sans problème. L’image est propre, les couleurs sont belles, les contrastes n’étouffent pas trop les noirs, et on ne dénote pas de souci de compression majeur. Bien sûr, format SD oblige, les scènes nimbées de couleurs vives passent un peu plus difficilement, et les arrière-plans laissent par moments apparaître de légers fourmillements. Néanmoins, l’éditeur, aguerri au format depuis de nombreuses années, sait parfaitement composer avec les limites d’un encodage DVD. Du beau travail, que vient confirmer la présence de deux solides mixages audio : le premier en Dolby Digital 5.1, clair et équilibré, nous réservant qui plus est un joli dynamisme acoustique, le deuxième en Dolby Digital 2.0 stéréo, tout aussi immersif et efficace, et qui s’avérera plus cohérent si vous visionnez Dans la peau de Blanche Houellebecq sans utiliser de Home Cinema.
Dans la section suppléments, ceux qui se sont régalés devant le film pourront prolonger le plaisir pendant une heure par le biais d’un making of (59 minutes) réalisé par Zoé Rivemale et intitulé « Comme dans un vrai film ». Blindé de moments volés durant la préparation du film, les repérages des décors et le tournage en lui-même, ce documentaire souvent très drôle permettra au spectateur de se rendre compte que la plupart des acteurs ont été embauchés sur place en Guadeloupe, et n’étaient pas du tout comédiens à la base. On découvrira la première rencontre entre Luc Schwarz et Franck Monier, qui se trouve être le voisin de palier de Guillaume Nicloux. La frontière entre réalité et fiction se brouillera encore un peu davantage quand le comédien nous révélera plus tard s’être fait engueuler par Luc Schwarz en pensant que ce dernier était « dans son personnage », alors qu’en réalité, Schwarz était totalement premier degré. On découvrira que l’apparition de Franky Vincent dans le film a été écourtée de passages durant lesquels le chanteur réclamait de la cocaïne à ses assistants, et Guillaume Nicloux gratifiera le spectateur d’un petit tacle à Michael Haneke, par le biais de son chef décorateur Olivier Radot. Un super moment, et un excellent complément au film !
