Commissaire Dupin – Volume 1
Allemagne : 2014-2018
Titre original : Kommissar Dupin
Créateur : Jean-Luc Bannalec
Acteurs : Pasquale Aleardi, Annika Blendl, Ludwig Blochberger
Éditeur : Koba Films
Durée : 9h00 environ (6 épisodes d’1h30)
Genre : Série TV, Policier
Date de sortie DVD : 5 décembre 2018
Le commissaire Georges Dupin est muté par mesure disciplinaire de Paris à Concarneau, en Bretagne. De Pont-Aven aux Glénans, ses enquêtes sont liées à l’histoire et aux légendes locales. Arrivé grognon à cause de ce coup du sort, Dupin va apprendre à apprécier sa nouvelle terre d’adoption…
La série
[3,5/5]
Le Commissaire Dupin a débarqué sur France 3 dans le courant de l’année 2018, venant tenir compagnie aux nombreux commissaires officiant déjà sur la chaîne : les commissaires Magellan, Brunetti, Montalbano, Laviolette et Cordier. Bien sûr il est également un lointain « cousin » d’autres commissaires de télévision tels que Maigret, Moulin, Navarro ou Valence… A la différence notable que le commissaire Georges Dupin est à la fois encore relativement jeune… et français.
Enfin… Français en apparence du moins. Dans la série, le Commissaire Dupin est un parisien muté en Bretagne suite à une sanction disciplinaire : cela sera l’occasion pour le spectateur de découvrir la beauté majestueuse des paysages de l’Ouest de la France, tout en suivant une série d’enquêtes policières habilement ficelées – une constante dans le monde du polar, qui s’est déjà depuis de nombreuses années largement « régionalisé », chaque région comptant sa ou ses maison(s) d’édition s’étant spécialisée(s) dans le polar « local » – on pense par à Ravet-Anceau et ses « Polars en Nord », dont le succès ne s’est jamais démenti, la collection comptant presque 300 références à ce jour ! Avant la série Commissaire Dupin, qui compte à ce jour six téléfilms dont la réalisation s’est étalée entre 2014 et 2018, il y avait donc les romans, signés Jean-Luc Bannalec, et publiés en France depuis 2014, aux éditions Presses de la Cité, dans la collection « Terres de France ». Sauf que sous le pseudonyme typiquement breton de Jean-Luc Bannalec se cache en réalité Jörg Bong, écrivain allemand, qui connaît un immense succès en Allemagne et dans le reste du monde avec les enquêtes du Commissaire Dupin. Rien de moins qu’un million d’exemplaires du premier tome se sont écoulés outre-Rhin, le succès est d’ailleurs tel qu’il a provoqué un véritable regain d’intérêt des allemands pour la France et en particulier pour la Bretagne ; le succès de la série attire en effet les touristes étrangers sur les lieux des intrigues de la série (Concarneau, Pont-Aven, Guérande, etc). Des tour operators allemands organisent même des circuits touristiques sur les traces du Commissaire Dupin…
Vous l’aurez donc compris : le Commissaire Dupin est donc, dans sa version originale, le Kommissar Dupin. Et contre toute attente, les enquêtes de ce fameux Commissaire faussement français s’avèrent probablement encore plus typiques et « couleur locale » que si elles étaient réellement issues de l’imagination d’un français. En effet, Jörg Bong semble réellement passionné par la Bretagne, ses intrigues s’avèrent extrêmement documentées, et se permet même d’aller volontiers chercher le cliché, ou chatouiller l’image d’Épinal que l’on peut se faire de la France en général, et des bretons en particulier. Les noms propres seront donc tous typiquement français ou bretons (Georges Dupin donc, son assistante Nolwenn, ses collègues Riwal et Kadeg, sans compter les Loïc, les Guillou, les noms en -ec, voire en Le-ec…), les personnages ont des traits de caractère pour lesquels la France est réputée (séducteurs, râleurs, bons vivants, volontiers prétentieux…) et les intrigues mettent en scène des éléments typiquement bretons, tels que les marais salants, Gauguin pour Concarneau, etc, etc. Les stéréotypes sur la Bretagne se succèdent donc, mais tout ce folklore amène finalement une touche tout à fait attachante à la série, qui déroule également devant les yeux du spectateur des paysages littéralement somptueux.
Du côté des intrigues policières à proprement parler, la modernité n’est pas forcément de mise : l’ensemble est certes efficace mais relativement pépère dans son déroulement général, avec une évolution lente des enquêtes, à la Maigret en quelque sorte. Mais c’est probablement là le rythme idéal pour apprécier à sa juste valeur le soin apporté par les auteurs à proposer un ton et une ambiance typique du Finistère Sud – seules quelques petites fautes d’orthographe, visibles notamment sur les menus des restaurants, pourront nous rappeler que l’on est devant une série en provenance d’Allemagne. Cela dit, vous n’avez jamais repéré de fautes d’orthographe sur les menus des restaus en France, vous ? Au final, ces six premiers épisodes, qui composent le coffret Commissaire Dupin – Volume 1 édité par Koba Films (au rythme de production actuel, il faudra attendre 2022 pour voir arriver le volume 2 en vidéo !), s’avèrent absolument charmants et finalement assez addictifs, d’autant qu’à l’image du personnage principal, dont le passé nous est raconté un peu plus à chaque épisode, les personnages secondaires évoluent au fil des épisodes, s’étoffent, laissent découvrir des failles ou des aspects inédits.
On notera également que la série devrait mettre en joie nos confrères de Libération, puisque le nom typiquement français du Commissaire Dupin est propice à toutes sortes de jeux de mots, et devrait logiquement alimenter de nombreux articles, du genre « Après la boulangerie, on trouve maintenant Dupin au commissariat », « Dupin, du vin, des oursins », « Dupin sur la planche (à voile) », « Dupin béni pour France 3 », etc, etc.
Le coffret DVD
[4/5]
C’est donc Koba Films qui édite aujourd’hui ce coffret 3 DVD initulé Commissaire Dupin – Volume 1 et niveau DVD, ce coffret est la preuve indubitable du savoir-faire technique d’un éditeur décidément bien rôdé au format : on est en présence d’un master parfait, à la définition précise et aux couleurs vives, sans le moindre petit problème d’encodage à l’horizon. L’image est de très bonne qualité et d’une belle précision, bénéficiant qui plus est d’un excellent niveau de détail, composant le plus habilement du monde avec les limites intrinsèques d’un encodage en définition standard. Côté son, on trouvera uniquement la version française de la série, proposée dans un mixage Dolby Digital 2.0 clair et équilibré, nous réservant qui plus est un joli dynamisme acoustique. Bref, c’est du tout bon, même si certains spectateurs pourront tiquer devant l’absence de version originale allemande. Cela dit, vu que l’intrigue est censée se dérouler en France, on ne pourra finalement que comprendre le choix de l’éditeur : pourquoi irait-on suivre les enquêtes de policiers français s’exprimant dans la langue de Goethe ? Des sous-titres français à destination des personnes sourdes ou malentendantes sont également disponibles.
Du coté des bonus présents sur cette édition DVD, on trouvera l’habituel « espace découverte » des éditions Koba Films, nous proposant de découvrir une série de bandes-annonces.