Test DVD : Comme un fils

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Comme un fils

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Nicolas Boukhrief
Scénario : Nicolas Boukhrief, Éric Besnard
Acteurs : Vincent Lindon, Stefan Virgil Stoica, Karole Rocher
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 6 mars 2024
Date de sortie DVD : 5 juillet 2024

Jacques Romand est un professeur qui a perdu sa vocation. Témoin d’une agression dans une épicerie, il permet l’arrestation de l’un des voleurs : Victor, 14 ans. En découvrant le sort de ce gamin déscolarisé, Jacques va tout mettre en œuvre pour lui venir en aide. Quitte à affronter ceux qui l’exploitent. En luttant contre les réticences mêmes de Victor pour tenter de lui offrir un avenir meilleur, Jacques va changer son propre destin…

Le film

[3/5]

Nicolas Boukhrief est un cinéaste ayant fait ses premières armes aux côtés de Christophe Gans, Doug Headline ou Christophe Lemaire, dans les colonnes de la revue Starfix. Mais contrairement à son confrère Christophe Gans, qui conserve une certaine « aura » prestigieuse malgré une infinité de projets avortés et d’échecs commerciaux, Nicolas Boukhrief semble avoir été oublié de tous, « maudit » en quelque sorte pour le cinéma, même si son style n’a cessé de s’affiner pour atteindre une élégance et un talent de metteur en scène que beaucoup lui envient aujourd’hui.

Après deux films de « jeunesse » (Va mourire en 1995 et Le Plaisir et ses petits tracas en 1998) placés sous le signe de la fougue et du mouvement, Boukhrief s’est intéressé à différents aspects du polar français, avec Le Convoyeur (2003), Cortex (2008) et Gardiens de l’ordre (2009). La mise en chantier de son film suivant serait plus compliquée, et sa sortie sur le territoire français pour le moins tumultueuse – Made in France (2015) subira de plein fouet le retour du bâton des attentats de 2015, et ne bénéficierait que d’une diffusion limitée en vidéo et VoD. Après cette expérience, le cinéaste s’essayerait à un cinéma plus « intime » avec La Confession (2016), belle réflexion sur la foi et sur l’amour adaptée du roman « Léon Morin, prêtre » de Béatrix Beck, puis avec l’intéressant Trois jours et une vie (2019), film noir adapté d’un roman de Pierre Lemaître.

Sorti sur les écrans français en 2024, Comme un fils marquait les retrouvailles à l’écriture entre Nicolas Boukhrief et Eric Besnard, qui avaient déjà collaboré par le passé sur Le Convoyeur et Made in France. Pour les amateurs de polars, le scénario du film n’est pas sans rappeler « L’Effet papillon » de Jussi Adler-Olsen, dans le sens où il s’attarde sur un jeune rom (Stefan Virgil Stoica) appartenant à un réseau de petite délinquance dont les ramifications avaient été longuement abordées dans le bouquin de l’écrivain danois. Pour autant, l’aspect « polar » du récit n’est probablement pas ce qui intéresse le plus Nicolas Boukhrief et Eric Besnard ici, qui s’attardent davantage sur un l’établissement d’un constat social fort et réaliste, tout en développant une belle sensibilité grâce à des personnages éloignés des clichés.

Bien entendu, le cœur de Comme un fils, c’est Vincent Lindon, qui porte littéralement le film sur ses épaules, et nous propose une composition comme toujours remarquablement juste et humaine. Il y incarne Jacques Romand, un prof ayant eu maille à partir avec la violence de ses élèves, et sous l’effet d’une mise à pied. Désenchanté, il croit cependant encore aux vertus de l’enseignement ; il est un exemple de résilience et trouvera dans la détresse du jeune Victor (Stefan Virgil Stoica) le courage de faire face aux injustices sociales et de ne jamais lâcher ses idéaux. Très attaché aux questions sociales, Vincent Lindon retrouve de fait ici un rôle proche de tous ceux qu’il a incarné ces vingt dernières années, notamment devant les caméras de Stéphane Brizé et de Philippe Lioret, mais le fait est que comme à son habitude, il est absolument impeccable et apporte un véritable supplément d’âme au film de Nicolas Boukhrief.

S’il s’agit indéniablement d’un récit sobre, sincère et touchant, évitant brillamment le pathos et l’aspect moralisateur que peuvent parfois revêtir les films prenant comme ici la forme d’amers constats sociaux, Comme un fils souffre malheureusement de son manque d’originalité, et de son absence de radicalité. Ainsi, si on pourra certes se laisser toucher par l’intensité de l’ensemble (ainsi que par la relation père/fils qui se tisse à l’écran), on ne pourra malheureusement se défaire tout au long de la narration de cette impression gênante d’un film déjà vu et revu cent fois ces dernières années au sein du cinéma français. Restent les acteurs, et l’intéressant signal d’alarme vis-à-vis de l’impuissance des services sociaux d’aide à l’enfance et des enjeux d’une éducation nationale à la dérive.

Le DVD

[4/5]

Ayant enregistré un peu plus de 120.000 entrées dans les salles obscures en France au début de l’année, Comme un fils ne sortira malheureusement pas au format Blu-ray, mais uniquement en DVD, dans une édition estampillée Le Pacte. Même si on regrette un peu l’absence de format Haute-Définition, il faut avouer que Le Pacte est un éditeur parfaitement rodé au format DVD, qui nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent parfaitement avec les limites d’un encodage en définition standard. Le rendu visuel est impeccable, le piqué précis, et les couleurs fidèles à l’aspect documentaire du film recherché par Nicolas Boukhrief et son directeur photo Éric Gautier. Côté son, c’est du très classique (mais solide) Dolby Digital 5.1, dynamique et équilibré : le spectateur bénéficiera d’un mixage très immersif, même si le film n’appelle aucunement à la démonstration technique. Comme d’habitude avec l’éditeur, un mixage Dolby Digital 2.0 est également disponible, et s’avérera plus cohérent et équilibré si vous visionnez Comme un fils sans Home Cinema ou système de spatialisation sonore. Pas de bonus.

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