Carnage chez les Puppets
États-Unis, Chine : 2018
Titre original : The Happytime murders
Réalisation : Brian Henson
Scénario : Todd Berger, Dee Austin Robertson
Acteurs : Melissa McCarthy, Elizabeth Banks, Maya Rudolph
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h27
Genre : Comédie, Policier
Date de sortie cinéma : 29 septembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 19 janvier 2019
Dans les bas-fonds de Los Angeles, humains et marionnettes (puppets) vivent ensemble. Deux détectives, un humain et une marionnette, sont obligés de faire équipe bien malgré eux pour découvrir qui assassine les anciens acteurs du Happy Time Gang, une émission de marionnettes très populaire…
Le film
[3,5/5]
Dans la fiction contemporaine, le fait d’imaginer une intrigue policière dans un univers où cohabitent les humains et des créatures imaginaires, issues (ou pas) du bestiaire fantastique, n’est pas nouveau. Les exemples sont en effet nombreux : on pourra penser à Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis, 1988), qui faisait se côtoyer les personnages de chair et de sang et les « Toons » ou personnages de dessins animés, ou à Futur immédiat, Los Angeles 1991 (Graham Baker, 1988) qui plongeait le spectateur dans un monde où humains et extra-terrestres tentaient de vivre en « harmonie ». Plus récemment, dans Bright (David Ayer, 2017), on pouvait également voir des flics humains travailler aux côtés de flics « orcs ». Dans les comics et la bande dessinée, ce genre de procédés est également très répandu, de « Batman » à la série de Mike Mignola « Hellboy », qui mettait en scène des créatures mythologiques dans une ambiance très marquée par le « Film Noir » des années 40/50.
Carnage chez les Puppets part également de ce point de départ, plaçant son intrigue policière au cœur d’un monde où les humains vivent aux côtés des « Puppets », des marionnettes dotées de vie. Le film suivra l’enquête de Phil Philips, Puppet et ex-flic, et de son ancienne coéquipière, qui cherchent à retrouver le tueur qui décime un par un les acteurs d’une série TV appelée The Happytime gang. Et autant l’annoncer d’entrée de jeu : Carnage chez les Puppets n’est pas un film pour les enfants ! D’une vulgarité extrême et décomplexée, le film enchaine les gags énormes et salaces au fil d’une enquête qui nous fera visiter les bas-fonds d’un Los Angeles réinventé pour l’occasion. L’envers du décor du Muppet Show, au cœur duquel les marionnettes baisent, jurent comme des charretiers, se droguent et tournent des pornos : Carnage chez les Puppets est une espèce de relecture américaine et orientée polar des Feebles (Peter Jackson, 1989).
Tout sauf opportuniste, Carnage chez les Puppets est un projet de longue date pour le réalisateur Brian Henson, fils du créateur du Muppet Show Jim Henson : les débuts du développement du film remontent en effet à 2008. Le réalisateur s’est énormément investi dans ce film co-produit par Henson Alternative (la branche « adulte » de The Jim Henson Company), qui aurait pu lui ouvrir la voie pour d’autres projets orientés vers un public plus mûr. Malheureusement, l’échec du film au box-office américain (27 millions de dollars pour un budget de 40) risque de mettre un terme aux rêves de Brian Henson ; en France, le film n’a pas non plus réussi à réellement décoller, ne parvenant à attirer que 15.000 curieux sur 114 salles – un circuit relativement restreint qui s’explique évidemment par le ton du film, qui n’est certainement pas à mettre devant tous les yeux.
On passera donc avec bienveillance sur les gags et autres petits problèmes de ton qui font que Carnage chez les Puppets ne fonctionne pas à 100% ; on préférera en effet se concentrer sur l’originalité et l’audace d’un tel projet en ces périodes troubles où les studios ne jurent plus que par les super-héros. Le scénario s’avère de plus pétri d’excellentes idées et trouvailles, telle que celle d’avoir intégré à l’intrigue un personnage ayant subi une greffe de Puppet, les effets spéciaux sont également absolument remarquables (qu’il s’agisse de l’insertion des marionnettes dans le décor ou tout simplement de leurs déplacements) et le film nous réserve tout de même son quota non négligeable d’éclats de rire. Alors pourquoi faire la fine bouche ?
Le DVD
[4/5]
C’est Metropolitan Vidéo qui nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir Carnage chez les Puppets sur support DVD, les faibles scores réalisés par le film en salles ne lui permettant pas de se rattraper sur support Haute Définition. Qu’à cela ne tienne : la galette proposée par l’éditeur français est en tout point excellente. La définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre pétouille technique. L’éditeur, rôdé au support, nous propose un encodage maitrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo, ainsi que sur les scènes nocturnes, un poil plus granuleuses. Côté son, VF et VO sont proposées en Dolby Digital 5.1, dans un mixage aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires (même si les quelques scènes d’action dépotent bien niveau enceintes).
Dans la section suppléments, Metropolitan Vidéo nous propose de découvrir une poignée de featurettes d’une durée oscillant entre 2 et 4 minutes. On commencera donc avec un petit bêtisier, qui compilera quelques fous-rires enregistrés sur le plateau, pour continuer avec une toute aussi drôle compilation d’improvisations et de répliques alternatives : un véritable festival de punchlines, parfois très amusantes. Les trois sujets suivants s’attarderont d’avantage sur les aspects techniques du film, avec un retour sur la création des lieux et l’animation des marionnettes grâce à la magie des écrans verts, un sujet sur la capture des mouvements des marionnettes, assurée par Brian Henson lui-même, et le troisième reviendra sur les effets visuels, sur le mode toujours payant du avant / après.