Caprice
France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Emmanuel Mouret
Scénario : Emmanuel Mouret
Acteurs : Emmanuel Mouret, Virginie Efira, Anaïs Demoustier, Laurent Stocker
Éditeur : Arte Editions
Durée : 1h35
Genre : Comédie romantique
Date de sortie cinéma : 22 avril 2015
Date de sortie DVD : 16 septembre 2015
Clément,instituteur, est comblé jusqu’à l’étourdissement : Alicia, une actrice célèbre qu’il admire au plus haut point, devient sa compagne. Tout se complique quand il rencontre Caprice, une jeune femme excessive et débordante qui s’éprend de lui. Entre-temps, son meilleur ami, Thomas, se rapproche d’Alicia…
Le film
[3.5/5]
Imaginez : vous êtes Clément, un modeste instituteur, divorcé, très amateur de théâtre et particulièrement admirateur d’une actrice célèbre, Alicia Bardery. Bien entendu, vous n’imaginez pas une seconde qu’elle puisse, de son côté, être admiratrice de vous, et, tout particulièrement, de votre travail de … comédien : « Vous jouez tous les jours devant le public le plus difficile, vous devez le captiver, le former ». Vous imaginez encore moins qu’elle puisse tomber amoureuse de vous. Vous ne pouvez pas l’imaginer car il y a des choses que vous ne savez pas, concernant Alicia : qu’elle souffre d’avoir été trompée, qu’elle est fragile et qu’elle croit aux signes du destin. Vous ne savez pas qu’il y a peu, on lui a prédit qu’elle rencontrerait un homme dont le travail consiste à s’occuper de jeunes enfants. Grâce à un concours de circonstance, vous voilà face à elle, disponible ! Bingo, vous voilà le plus heureux des hommes, vous voilà en train de vivre auprès de cette blonde hitchcockienne qui est, sans doute, la femme de votre vie. Sauf que ! Sauf qu’une autre femme a craqué sur vous : Caprice, une comédienne débutante, qui fait tout pour vous mettre dans sa vie à elle, une jeune femme qui sait ce qu’elle veut et n’en démord pas, collante, épuisante, exaspérante. Sauf que vous, vous êtes trop gentil, vous êtes perpétuellement dans la maladresse et l’hésitation, vous ne savez pas dire non, vous n’arrivez pas à lâcher « Caprice, c’est fini ! ». Sauf que Thomas, votre ami, le parrain de votre fils, le Directeur de l’école dans laquelle vous travaillez, vient de se séparer de sa femme et est loin, lui aussi, d’être insensible aux charmes d’Alicia.
Dans Caprice, Emmanuel Mouret remet devant la caméra le personnage qu’il avait abandonné dans ses deux films précédents, L’art d’aimer et Une autre vie : lunaire, maladroit, gaffeur et, sans vraiment le vouloir, … tombeur de ces dames. Un peu Buster Keaton, un peu Jerry Lewis, un peu Woody Allen, un peu Pierre Richard. Très vite, Emmanuel Mouret nous fait comprendre qu’on est dans la vraie vie sans y être vraiment : dans la première scène du film, Clément est avec son fils, lui, l’instituteur, et il l’implore d’arrêter sa frénésie de lecture pour se mettre à … jouer ; les deux femmes qui se disputent sa présence auprès d’elles sont comédiennes, comme par hasard. Jeu, amour, hasard, Le jeu de l’amour et du hasard, Marivaux, marivaudage. C’est en effet une nouvelle incursion dans cet univers que nous propose Emmanuel Mouret, avec des personnages qui ont été confrontés à l’inconstance des sentiments et qui se posent des questions sur la fidélité, sur celle des autres ainsi que sur la leur. Tous les personnages ? Pas tout à fait : un personnage est beaucoup plus fidèle que les autres, c’est ce pot de colle de Caprice, qui ne lâche jamais le morceau tout en incitant l’objet de sa passion à tromper sa compagne et à lui mentir : « le cœur, c’est élastique », affirme-t-elle tout en ajoutant « le mensonge, c’est une attention, une délicatesse et, en plus, c’est stimulant pour l’imagination ». Mais Clément est-il fait pour cela, lui dont le manque de volonté semble l’amène à laisser à d’autres la construction de son existence ?
Pour interpréter les rôles d’Alicia et de Caprice, Emmanuel Mouret a fait appel à deux comédiennes qui, jusqu’à n’avaient jamais fait partie de son univers : Virginie Efira s’affirme bonne comédienne dans le rôle d’Alicia, star sur les planches et au cinéma, plutôt effacée dans la vraie vie ; Anaïs Demoustier, qui joue Camille, s’amuse bien à horripiler les spectateurs dans ce rôle de fille-mec dont on n’arrive pas trop à savoir si elle est par trop sincère ou vraiment manipulatrice. Dans le rôle de Thomas, on retrouve Laurent Stocker, déjà présent dans L’art d’aimer. A remarquer dans un tout petit rôle, une comédienne dont on devrait beaucoup reparler si elle arrive à choisir entre le cinéma et la fabrique télévisuelle de buzz : elle s’appelle Mathilde Warnier, elle s’était fait connaître en interpellant Nicolas Bedos dans une émission de télévision avant de devenir sa compagne provisoire, on la voit pendant 2 minutes interpréter le rôle de Virginie, la coloc de Caprice, et, durant cette courte intervention, elle fait preuve d’un abattage exceptionnel. Dommage, finalement, que quelques trous d’air dans le scénario viennent, de-ci delà, gâcher le plaisir qu’on peut prendre à ce film.
Le DVD
[4/5]
Arte Editions fait dans l’exception : pas de Dolby 2.0, pas de Dolby 5.1, le son proposé est du Dolby 5.0. Et le son reçu est de bonne qualité ! Comme l’est d’ailleurs aussi le transfert image sur DVD : des couleurs pimpantes, pas de défaut de compression. Deux compléments viennent enrichir le DVD : un entretien de 14 minutes avec Emmanuel Mouret, dans lequel il nous apprend que, lorsqu’il est présent à l’image, il laisse beaucoup de liberté au monteur pour choisir la prise à conserver parmi celles qui ont été tournées et qu’il se considère comme ouvert aux bonnes idées qui peuvent survenir au moment du tournage. Le second complément est un entretien mené par Olivier Père avec Virginie Efira et Anaïs Demoustier. Toutes deux avouent qu’elles ambitionnaient de tourner un jour avec Emmanuel Mouret. Virginie Efira se félicite de l’absence de naturalisme chez Emmanuel Mouret, lequel, dit-elle, dirige le tournage à la manière d’un musicien. Pour Anaïs Demoustier, c’est un homme qui pose des questions et ne donne pas les réponses.