Budapest
France, Belgique : 2018
Titre original : –
Réalisateur : Xavier Gens
Scénario : Simon Moutairou, Manu Payet
Acteurs : Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h38
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 27 juin 2018
Date de sortie DVD/BR : 31 octobre 2018
Vincent et Arnaud, deux amis qui s’ennuient dans leur travail, décident de tout plaquer pour créer « Crazy Trips » : une agence qui organise des enterrements de vie de garçon à Budapest. Sur place, ils sont guidés par Georgio, un expatrié français qui leur dévoile tous les secrets de la ville… Les activités insolites proposées par Crazy Trips (balade en tank, soirée déjantée, stripteaseuses, stand de tir…) attirent rapidement la clientèle. Mais la situation dégénère et les deux amis perdent vite le contrôle…
Le film
[4/5]
En France, quand un cinéaste décide de se lancer dans le cinéma de genre, c’est pour la vie. Comme il semble plus facile de mettre tout un chacun dans des « cases », le public et les fans de cinéma de genre ne comprennent pas qu’un réalisateur ne se voue pas forcément corps et âme au genre dans lequel il a commencé par évoluer. Par conséquent, les cinéastes abandonnant le genre le temps d’un ou plusieurs films sont le plus souvent considérés comme des « vendus », des traîtres à la cause. Après Florent Emilio-Siri il y a quelques années, c’est donc aujourd’hui à Xavier Gens, découvert en 2007 avec le film horrifique Frontière(s), d’être la cible des quolibets et des médisances : il est en effet le réalisateur de Budapest, comédie écrite et interprétée par Manu Payet…
Et pourtant ! Si l’on n’a pas encore eu la chance de découvrir en France Cold skin (2016) et The crucifixion (2017), les deux films précédents de Xavier Gens, force est ici de constater que l’exercice du film « de commande » semble lui aller comme un gant – on irait même jusqu’à dire que Budapest est en fait probablement son film le plus convaincant à ce jour, dans le sens où le script imaginé par Manu Payet et Simon Moutairou (collaborateur occasionnel de Julien Leclercq et Albert Dupontel) lui permet de mettre son indéniable sens de l’image au profit d’un récit décomplexé et drôle, dont le rythme n’est jamais ralenti par les faiblesses d’écriture dont il souffrait malheureusement en tant que scénariste.
Budapest n’est certes peut-être pas la comédie de l’année, mais on admettra néanmoins qu’elle fait preuve d’une certaine fraîcheur au sein du cinéma français. Beaucoup plus « conscient » socialement que la grande majorité des comédies tournées dans l’hexagone, le film aborde une thématique archi-rebattue : celle de la place des hommes de la « génération X », éternels ados étouffés par la société et la domination féminine, et n’ayant jamais pu réellement réussir à grandir. Néanmoins, l’écriture de Manu Payet et Simon Moutairou, si elle charge à mort la caricature dans sa description de la capitale hongroise, est suffisamment fine pour nous proposer deux personnages centraux réellement humains et attachants (incarnés par Manu Payet lui-même et Jonathan Cohen), mais également deux personnages féminins (Alice Belaïdi et Alix Poisson) n’étant pas, comme trop souvent, laissés à l’abandon. Au contraire, c’est même sans le moindre doute possible Alice Belaïdi qui porte sur ses épaules la plus belle scène du film, qui est également la plus émouvante. A leurs côtés, Monsieur Poulpe nous propose également un véritable show, chacune de ses apparitions ou presque faisant mouche.
C’est d’ailleurs dans le jeu de ses comédiens que Budapest tire son épingle du jeu et se différencie grandement de la plupart des comédies françaises contemporaines : conscient qu’une bonne comédie se repose essentiellement sur le jeu solide des acteurs, Xavier Gens en tire vraiment le meilleur, et au final, parvient à donner à son film une personnalité assez inédite. Malheureusement, le public n’a pas tellement suivi les joyeux drilles de Budapest dans leurs délires touristiques, puisque le film n’a enregistré que 200.000 entrées dans les salles françaises cet été. Dommage, il aurait mérité mieux !
Le DVD
[4,5/5]
Même si le film n’aura malheureusement pas le droit à une exploitation sur support Blu-ray, le DVD de Budapest édité par Warner bros. s’avère une belle réussite, composant habilement avec les limites d’un encodage en définition standard. Bien sûr, si l’image est le plus souvent très belle et bien définie, quelques plans souffrent néanmoins un peu des points faibles du format DVD, notamment lors des séquences baignant dans les éclairages rouges, nombreux lors de certaines scnes. Mais dans l’ensemble, on ne se plaindra pas : l’éditeur nous offre un transfert absolument satisfaisant. Côté son, la spatialisation très immersive du Dolby Digital 5.1 fait vraiment des merveilles lors des séquences de fêtes ou d’animations déjantées, la musique occupant tous les canaux de la façon la plus dynamique qui soit. Du beau travail technique !
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une série de scènes coupées. Souvent inférieures à deux minutes, elles n’apportent pour la plupart pas grand chose au récit. On trouvera ensuite un making of plein de bonne humeur, d’une durée d’environ 22 minutes. On y suivra l’évolution du projet des premières répétitions au tournage des scènes demandant une logistique plus importante. Le tout est bien entendu entrecoupé d’entretiens avec les acteurs, le coscénariste Simon Moutairou et bien sûr le réalisateur Xavier Gens. Ce dernier parviendra même à placer des références à Akira Kurosawa et Federico Fellini.