Buck et son complice
États-Unis : 1972
Titre original : Buck and the preacher
Réalisateur : Sidney Poitier
Scénario : Ernest Kinoy, Drake Walker
Acteurs : Sidney Poitier, Harry Belafonte, Ruby Dee
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h38
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 9 août 1972
Date de sortie DVD : 21 novembre 2016
Bien que les Nordistes aient gagné la Guerre de Sécession, la situation des Noirs n’a guère évolué dans certains états du Sud. Pour s’en éloigner, un ancien sergent de cavalerie, Buck, prend la tête d’un convoi d’esclaves affranchis. Poursuivis par des soldats confédérés rebelles, tous n’aspirent qu’à commencer une autre vie en franchissant la frontière qui sépare la Louisiane du Colorado. Bientôt rejoint par un étrange révérend dont la Bible cache une arme, le groupe voit se dresser devant lui un nouvel obstacle : des Indiens pas prêts à les laisser traverser leur territoire…
Le film
[4/5]
Malgré l’explosion et le succès du western « spaghetti » à la fin des années 60, qui s’amusait à casser tous les codes du genre, le western n’est jamais réellement tombé en désuétude aux États-Unis ; les studios ont en effet toujours continué à produire, au fil des années, plusieurs dizaines de fiers représentants du genre chaque année, quitte à coller parfois aux « modes » du moment. Et au début des années 70, la mode était à la « blaxploitation » naissante, qui remplissait les salles populaires depuis le succès de Shaft : le western ne tarderait donc pas à s’en emparer, avec des films tels que The red, white, and black (John ‘Bud’ Cardos, 1970), The legend of Nigger Charley (Martin Goldman, 1972), Boss Nigger (Jack Arnold, 1975) ou bien sûr Buck et son complice, réalisé par Sidney Poitier en 1972.
Buck et son complice est donc un melting-pot d’influences. Abordant de front le sort des noirs américains au lendemain de l’abolition de l’esclavage, le film prend le parti de la réflexion historique à tendance militante : le film s’ouvre et se ferme sur des panneaux écrits évoquant et rendant hommage au rôle et au courage de ces hommes et femmes de couleur s’étant battus pour leur liberté au début du XIXème siècle. Mais parallèlement, l’influence du western spaghetti sur le film de Sidney Poitier est indéniable : que cela soit dans l’humour, volontiers graveleux, la musique signée Benny Carter, musicien de jazz, dont la tonalité semble à priori très éloignée du genre, ou encore dans ces petits détails tels que le flingue planqué dans la bible (qui évoque forcément le flingue collé derrière le banjo dans Sabata), tout amène le spectateur à tourner le regard vers des influences transalpines fraîchement digérées. Enfin, on sent également dans Buck et son complice une forte influence des canons de la « blaxploitation », avec ses héros développant une attitude « bigger than life » très marquée par la bande dessinée, tout en punchlines et plans iconiques composés afin de souligner le pouvoir de l’homme noir, à la fois cool et badass.
Le plus étonnant au final, à la découverte de Buck et son complice, c’est que ce long-métrage hybride, aux influences hétérogènes, fonctionne parfaitement. Le décalage entre le cabotinage outrancier d’Harry Belafonte et le sérieux imperturbable de Sidney Poitier est à l’image d’un film toujours sur la corde raide entre le sérieux et l’atmosphère « BD », pas toujours à 100% maîtrisé mais attachant, et devant lequel il sera au final impossible de s’ennuyer.
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Buck et son complice édité par Sidonis se situe plutôt dans la fourchette haute de ce que propose en général l’éditeur dans sa collection Western de légende. Le film est proposé au format cinéma respecté, le master est en très bonne forme (probablement issu de source Haute Définition) et le tout est proposé sans le moindre problème d’encodage. Le DVD nous propose un confort de visionnage étonnant pour un film qui semblait jusqu’ici un peu (injustement) oublié. Côté son, le film est proposé dans un Dolby Digital 2.0 mono d’origine, clair et sans souffle, que cela soit en VO ou dans la VF d’origine. Les sous-titres ne posent pas de problème particulier.
Du côté des suppléments, on trouvera la traditionnelle présentation du film, assurée par Patrick Brion. Ce dernier remet le film et son équipe de tournage dans le contexte de tournage, mais ne s’appesantit pas sur le long-métrage de Sidney Poitier : on sent confusément qu’il n’apprécie pas spécialement Buck et son complice, beaucoup trop sous influence italienne pour son goût personnel. On terminera le tour de la section bonus avec une galerie photos et les bandes-annonces des sorties passées et à venir de la collection « Western de légende ».