Blood Harvest
États-Unis : 1987
Titre original : –
Réalisateur : Bill Rebane
Scénario : Frank Kinikin, Ben Benson, Emil Joseph
Acteurs : Tiny Tim, Itonia Salchek, Dean West
Éditeur : Pulse Vidéo
Durée : 1h25
Genre : Horreur
Date de sortie DVD : 20 novembre 2021
Lorsque Jill, une jeune et belle étudiante, revient dans sa ville natale, elle trouve la maison familiale vandalisée. Sa mère et son père manquent à l’appel et pour ne rien arranger, la jeune femme ne tarde pas à être harcelée par des canulars téléphoniques et des pierres traversant les fenêtres. Seul l’idiot du village, l’inquiétant Mervin, qui passe son temps grimé en clown à visiter les maisons sans y avoir été invité, semble vouloir l’aider. Bientôt, les amis de Jill sont assassinés les uns après les autres, saignés tels du bétail…
Le film
[3,5/5]
Après le succès surprise de Vendredi 13 en 1980 (60 millions de dollars de recettes), les studios Hollywoodiens se sont rendus à l’évidence : le jeu de massacre autour d’une bande de jeunes cons décimés l’un après l’autre par un tueur sans pitié permettait de remplir ses caisses pour une mise de départ ridicule. Tous se sont donc précipités afin d’obtenir leur « part du gâteau », et une vague de slashers a commencé à envahir les écrans du monde entier. Le bal de l’horreur (1980), Le monstre du train (1980), Meurtres à la St-Valentin (1981), Carnage (1981), Happy birthday – Souhaitez ne jamais être invité (1981), Une nuit infernale (1981), Massacre au camp d’été (1983), The house on Sorority Row (1983), Vœux sanglants (1984), Week-end de terreur (1986)…
Les premiers films de la grosse vague de slashers des années 80 gardaient, tout comme le premier Vendredi 13 d’ailleurs, le secret autour de l’identité du tueur, celui qui décimait en caméra subjective les ados qui buvaient, fumaient des pétards ou envisageaient d’avoir des relations sexuelles en dehors des liens sacrés du mariage. Mais les choses évoluent au sein du genre, et ce n’est plus le cas en 1987 : le tueur de Blood Harvest est en effet clairement désigné dès les premières minutes du film, de même que les motivations « sociales » le poussant à agir et à tuer son prochain. Gilet jaune avant l’heure, le tueur du film voue une haine dévorante aux banquiers, qui saisissent les fermes du petit coin de son Amérique rurale et mettent semaine après semaine des centaines de travailleurs modestes sur la paille.
Plus subtil qu’il n’y parait, le film ne fait cependant pas des banquiers la figure du mal incarné. Premièrement, les personnages de banquiers proposés par le film conservent en effet un côté très humain, les employés de banque développant également des craintes quant à la pérennité de leur emploi. Deuxièmement, le tueur fou que l’on découvre dans les premières minutes du film ne constitue pas la seule menace au cœur de Blood Harvest : l’atmosphère de violence sociale installée par Bill Rebane crée une insécurité constante autour du personnage de Jill, l’héroïne (Itonia Salchek), qui se trouve être la fille du banquier local, et qui rentre dans son patelin natal pour découvrir que la maison familiale est la cible de tous les vandalismes et de toutes les intimidations de la part de rodeurs mal intentionnés.
Le personnage du tueur psychotique désigné d’entrée de jeu par le film ne sera ainsi peut-être pas le seul danger pour la poignée de jeunes gens au centre de l’intrigue de Blood Harvest : c’est d’ailleurs ce qui fait l’originalité du film, dont on comprendra assez rapidement qu’il s’éloigne du schéma narratif mettant en scène un tueur isolé. Pour autant, Mervin, qui a perdu la raison en perdant son travail et passe maintenant le plus clair de son temps maquillé en clown, restera probablement le personnage le plus marquant du film, car il semble ne plus avoir aucun contact avec la réalité. Il est incarné à l’écran par Herbert Butros Khaury, alias Tiny Tim, chanteur américain extrêmement connu de l’autre côté de l’Atlantique, mais quasi-inconnu en France – ce qui pourra, peut-être, expliquer que le film de Bill Rebane soit resté inédit chez nous si longtemps.
Si le film de Bill Rebane (L’invasion des araignées géantes) n’est certainement le représentant le plus glorieux du genre slasher, Blood Harvest n’en demeure pas moins un sympathique petit film, plutôt bien réalisé, superbement rythmé et proposant le quota adéquat de scènes gore et de jeunes femmes dénudées, le tout avec le plus grand sérieux du monde. A ce titre, il devrait pleinement satisfaire les amateurs de curiosités horrifiques des années 80.
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Blood Harvest débarque enfin en France, sous les couleurs de Pulse Vidéo, un éditeur indépendant dont on vous a régulièrement chanté les louanges depuis la période du « Grand Confinement ». Travaillant en partie en collaboration avec les américains de Vinegar Syndrome, Pulse nous propose donc aujourd’hui de découvrir le slasher inédit de Bill Rebane dans des conditions très satisfaisantes : le transfert est tiré de la remasterisation effectuée pour le Blu-ray US, et l’image nous apparait ici sans fausse note, parfaitement saturée, l’encodage composant adroitement avec les limites du support. Bien entendu, le film est proposé au format cinéma 1.85 respecté, et l’ensemble répond parfaitement à nos attentes, avec un solide grain qui renforce l’aspect « vintage » du film. Côté son, le film est proposé en VO et Dolby Digital 2.0 et propose un rendu acoustique clair, net, sans bavures. Quelques fautes d’orthographe émaillent les sous-titres, mais rien d’alarmant. On notera par ailleurs que si l’éditeur ne nous propose pas pour le moment la découverte de Blood Harvest en Blu-ray, le soin apporté au packaging est à souligner : le DVD dispose en effet d’une jaquette réversible, nous proposant deux visuels très différents l’un de l’autres, mais éminemment réussis. D’un côté, on aura la jaquette vintage, qui reprend un des visuels vidéo d’époque, et de l’autre, la jaquette moderne, avec un visuel exclusif à l’édition française.
Niveau suppléments, on se régalera de la présence d’un court-métrage français rendant hommage au slasher 80’s et s’avérant très fréquentable dans son genre. Il s’intitule Pizza Time, et a été réalisé par Adrien Calmels Meyer en 2021. Se déroulant en 1984 (et rythmé par la musique de Madonna), il suit les déboires nocturnes d’une jeune femme seule chez elle se rendant compte de la présence d’un intrus dans la maison… On terminera le tour des bonus avec la traditionnelle bande-annonce !