Test DVD : Bis Repetita

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Bis Repetita

France, Italie : 2024
Titre original : –
Réalisation : Émilie Noblet
Scénario : Émilie Noblet
Acteurs : Louise Bourgoin, Xavier Lacaille, Noémie Lvovsky
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h28
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 24 janvier 2024
Date de sortie DVD : 16 juillet 2024

Delphine, prof de lettres désabusée, a un deal bien rôdé avec ses élèves : ils lui fichent une paix royale, elle leur distribue des 19/20. Mais la combine se retourne contre elle quand ses excellents résultats (fictifs) propulsent sa classe au championnat du monde de latin, à Naples. Comble du cauchemar, c’est le neveu très zélé de la Proviseure qui est choisi comme accompagnateur. Pour sauver l’option latin, et surtout sa situation confortable, Delphine ne voit qu’une solution : tricher !

Le film

[2,5/5]

« A la fois du côté des élèves et des enseignants, l’école va mal en France. Il suffit de regarder, au choix, les grèves récurrentes dans l’éducation nationale, le mal-être des enfants et des adolescents victimes de harcèlement et le délabrement physique des établissements pour s’en convaincre. Pas sûr qu’un film de la trempe de Bis repetita soit capable d’y changer quelque chose. D’ailleurs, ce n’était peut-être pas, après tout, la vocation du premier long-métrage d’Émilie Noblet ? Sauf que, à force de tergiverser et de multiplier les enjeux qui n’en sont finalement guère, le récit finit par se fourvoyer sur le terrain peu engageant de la gentillesse superficielle. Si, vous savez, celle qui vous fait certes passer un moment pas désagréable, mais qui garde votre niveau d’empathie avec les personnages au strict minimum.

En effet, l’évolution du statu quo – allez, combien de termes latins réussira-t-on à glisser dans ce texte ? – s’avère peu organique au fil d’une histoire à la trame globalement prévisible. L’enseignante sans ambition, ni éthique professionnelle que Louise Bourgoin réussit malgré tout à camper avec un certain charme sortira aussi peu grandie de son aventure napolitaine que ses cinq élèves. (…) Au moins, la bonne conscience de l’enseignement s’en sort avec des personnages types vaguement plus savoureux : Xavier Lacaille en passionné du latin au charisme barbant et Noémie Lvovsky en principale à bout de nerfs. Ce qui a au moins le mérite de relever d’un réalisme social dont le ton du film se fiche sinon éperdument.

Des pages blanches

Tout ne tourne pas rond dans cette machine à gaz qu’est l’éducation nationale en France, soit. Mais de là à nous faire croire qu’un manège comme celui imaginé par les scénaristes de Bis repetita soit possible, il y a quand même un pas qu’on a du mal à franchir. Mieux vaut donc faire abstraction de la prémisse un peu bancale pour apprécier tant soit peu cette farce inoffensive. Malheureusement, les choses s’arrangent à peine par la suite, l’art de l’ellipse pratiquée avec plus ou moins d’adresse par la réalisatrice conduisant à un récit dépourvu d’une quelconque densité dramatique. (…)

Pour le meilleur et pour le pire, c’est la tromperie et la tricherie qui priment au sein d’un film, qui ne réussit pourtant pas à tirer une véritable verve irrévérencieuse de cette abdication sans appel face au moindre effort. De cette école de la vie atypique et en fin de compte frustrante, les élèves n’en tireront sans doute rien, si ce n’est la conviction douteuse que l’honnêteté et le travail ne mènent à rien et qu’il vaut mieux être roublard que bosseur.

Pour que tu m’aimes encore

Les personnages adultes n’y sont guère mieux lotis. La crédulité rampante des uns et des autres les conduit vers une infantilisation dont personne ne sort gagnant. Au-delà de la caricature assez criarde de la principale qui gobe absolument tous les mensonges que sa subordonnée lui présente et de celle nullement plus nuancée de l’organisateur du concours, un intello arrogant et obnubilé par l’élitisme, le couple vedette peine à nous faire croire que ça matche entre eux. (…)

Et puis, plus globalement, cette prof qui a précocement rendu les armes pour s’abandonner à un quotidien morne ou trash, selon le point de vue, devient bien trop vite le symbole d’un film qui n’a pas trop l’air de savoir où il veut en venir. (…) Ce personnage qui ne sait pas sur quel pied danser – celui de la duplicité ou celui de l’idéal pédagogique perdu depuis longtemps – a le plus grand mal à porter sur ses épaules le film. Une mission de toute façon quasiment impossible, puisque Bis repetita préfère placarder des sentiments plus ou moins nets, au lieu de creuser un peu dans le marasme de nos lycées. (…)

L’effort d’abstraction que Bis repetita nous demande est probablement trop important pour un film aussi superficiellement divertissant que celui-ci. Dommage, car le premier film d’Émilie Noblet aurait pu jongler avec un esprit ironique plus marqué entre les aléas rocambolesques d’un voyage de classe et la lente prise de conscience d’une prof lâche et égoïste ! Dans l’état, on n’est quand même pas mécontent de retrouver Louise Bourgoin dans un rôle de prof à l’hystérie plus fourbe que celle qu’elle avait incarnée l’année dernière dans Un métier sérieux de Thomas Lilti, ni de découvrir le talent exubérant de Xavier Lacaille dans un emploi assez ingrat. Quant à Noémie Lvovsky, on lui préfère le cynisme affiché récemment dans La Fille de son père de Erwan Le Duc à la boule de nerfs craintive du film présent, qu’elle maîtrise depuis des années sur le bout des doigts. »

Extrait de la critique de notre rédacteur Tobias Dunschen. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le DVD

[4/5]

C’est aux équipes de Le Pacte que l’on doit le plaisir de découvrir Bis repetita sur support DVD – et uniquement sur support DVD, malgré le score honorable réalisé par le film d’Émilie Noblet dans les salles obscures (109.000 entrées). Côté galette, l’éditeur nous offre un DVD de très haute volée : la jolie photo du film – signée Lucie Baudinaud – est magnifiée par un master sans faille, avec une définition et un piqué solides, dans les limites d’un encodage en définition standard bien-sûr. Même les scènes nocturnes sont bien gérées, bref c’est un sans-faute côté image. Même constat d’excellence côté son, d’ailleurs, puisque le mixage Dolby Digital 5.1 balance la purée avec un beau dynamisme : la spatialisation a été bien travaillée, et si l’on n’est certes pas en présence du disque de démo pour épater la galerie, il propose tout de même une solide immersion au cœur du film. On notera également que Le Pacte n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, sans doute plus cohérent si vous visionnez Bis repetita sur un « simple » téléviseur.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un entretien avec Louise Bourgoin et Xavier Lacaille (14 minutes), dans lequel ils évoqueront leurs personnages ainsi que leur expérience sur le film. Cette interview sera complétée de deux featurettes également centrées sur les deux acteurs : le premier nous proposera quelques anecdotes liées à leur scolarité (3 minutes), et le second une série de questions en « dos à dos » (3 minutes) durant lesquelles ils désigneront lequel des deux correspond le mieux à l’assertion du journaliste. On continuera ensuite avec un entretien avec la réalisatrice Émilie Noblet et la scénariste Clémence Dargent (14 minutes), qui reviendront sur le processus d’écriture et de réalisation de Bis repetita. Enfin, on terminera avec un très amusant court-métrage d’Émilie Noblet intitulé TGV (9 minutes), qui suit le premier trajet d’une contrôleuse SNCF en formation (Laetitia Spigarelli).

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