B.R.I.
France : 2023
Titre original : –
Création : Jérémie Guez, Erwan Augoyard
Acteurs : Sofian Khammes, Ophélie Bau, Théo Christine
Éditeur : StudioCanal
Durée : 6h environ
Genre : Série TV, Policier, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 31 mai 2023
À la BRI Versailles, unité historique spécialisée dans le grand banditisme, Saïd prend la tête d’une équipe constituée de jeunes flics d’élite. Il devra trouver sa place au sein de son groupe, en imposant des méthodes bien différentes de celles de Patrick, l’ancien chef charismatique et respecté, alors qu’une guerre des gangs risque d’embraser la capitale…
La saison
[4/5]
Création originale Canal+, à la fois ambitieuse et passionnante, la série B.R.I. est le fruit de la collaboration entre Erwan Augoyard, qui a fait ses armes sur la série Engrenages, et Jérémie Guez, un auteur de polars ayant régulièrement contribué à l’écriture de films policiers, notamment avec le talentueux Julien Leclercq (sur Lukas et La Terre et le sang). Et il est clair que pour les amateurs de polars à la française, l’influence qu’aura pu avoir le cinéma de Julien Leclercq sur la série B.R.I. se fera très rapidement sentir… Pour notre plus grand plaisir !
En effet, en l’espace de quelques minutes et d’une poignée de séquences, B.R.I. évoquera le réalisme brut des histoires mises en scène par Julien Leclercq, et prendra de fait rapidement ses distances avec ce que l’on pourrait appeler le « style Olivier Marchal ». Cette rupture, la série la fera de manière assez claire en proposant d’entrée de jeu un clin d’œil complice au spectateur : on découvrira dans la première séquence le personnage de Patrick, un flic de la vieille école au tempérament borderline, absolument typique de l’écriture d’Olivier Marchal – un cousin du Schneider de MR73 ou du Caplan de Braquo. Or, à l’issue d’une séquence prenant place pendant les attentats du Bataclan en 2015, Erwan Augoyard et Jérémie Guez nous feront gentiment comprendre que ce flic incarné à l’écran par Bruno Todeschini est dépassé, voire carrément anachronique, et après un bond de huit ans dans le temps, on le verra prendre sa retraite, ce dernier laissant sa place à Saïd (Sofian Khammes), nouveau chef d’équipe, forcément beaucoup plus jeune.
Mais ce changement de génération ne tient pas réellement du passage de flambeau en douceur : les personnages de B.R.I. sont profondément ancrés dans le réel. Ils vivent littéralement pour leur job, et entretiennent de façon drastique leur forme physique, car le moindre faux-pas, le moindre laisser-aller est un danger. On est bien loin ici de cette image d’Épinal des flics alcooliques et ripoux passant leur temps entre les bistrots et les boites de nuit. De fait, on découvrira rapidement qu’en termes de vie sociale et affective, les personnages de l’équipe d’élite au cœur de B.R.I. n’ont pas grand-chose en dehors de leur travail. Ils sont incapables de décrocher, souffrent d’une grande solitude, et semblent même éprouver de grandes difficultés à assumer leurs sentiments, qu’ils considèrent comme des faiblesses. Vanessa (Ophélie Bau) et Badri (Rabah Nait Oufella) ne parviennent pas à s’avouer leurs sentiments, et ne communiquent que par le biais de la violence et des mensonges, Julien (Waël Sersoub) n’assume pas son homosexualité, et Socrate (Théo Christine) ne semble vivre que dans un désir de vengeance, une aspiration malheureusement condamnée à rester insatisfaite.
Le casting de B.R.I. est d’ailleurs une des principales réussites de la série créée par Erwan Augoyard et Jérémie Guez : il s’agit du moins de la porte d’accès idéale à un univers complexe, extrêmement réaliste et contemporaine, prenant en considération les évolutions et les dérives de la société française sans jamais verser ni dans l’angélisme ni dans la diabolisation. Trouvant rapidement son équilibre en termes de rythme, cette première saison de B.R.I. alternera donc les moments de calme et les scènes d’action, très tendues et refusant clairement le spectaculaire à tout prix : l’immersion est totale pour le spectateur, qui retrouvera par ailleurs ici ou là quelques têtes connues au milieu des nouveaux talents (Emmanuelle Devos en patronne de la BRI, Hugo Dillon en tueur à gages illuminé, et bien sûr Vincent Elbaz, qui compose ici un personnage de truand old school à l’accent improbable).
Le coffret DVD
[4/5]
Création originale Canal+ oblige, c’est naturellement sous la bannière de StudioCanal que l’on trouvera aujourd’hui ce coffret 3 DVD de B.R.I.. Et niveau DVD, ce coffret représente ce qui se fait de mieux techniquement parlant : on est en présence d’un master parfait, à la définition précise et aux couleurs respectant parfaitement la tonalité imaginée pour le show par Erwan Augoyard et Jérémie Guez, sans le moindre petit problème d’encodage à l’horizon. L’image est de très bonne qualité et d’une belle précision, bénéficiant qui plus est d’un excellent niveau de détail, composant le plus habilement du monde avec les limites intrinsèques d’un encodage en définition standard. Côté son, les huit épisodes de la série nous sont proposées dans un solide mixage Dolby Digital 5.1, nous réservant quelques beaux moments de dynamisme acoustique, surtout dans les passages les plus « tendus » de la saison. Bref, c’est du tout bon. Pas de suppléments.