Allez coucher ailleurs
États-Unis : 1949
Titre original : I was a male war bride
Réalisateur : Howard Hawks
Scénario : Charles Lederer, Leonard Spigelgass, Hagar Wilde
Acteurs : Cary Grant, Ann Sheridan, Marion Marshall
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h41
Genre : Comédie, Guerre
Date de sortie cinéma : 21 décembre 1949
Date de sortie DVD : 7 septembre 2016
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le lieutenant américain Catherine Gates et le capitaine français Henri Rochard sont chargés d’une mission en Allemagne. Après bien des péripéties, l’amour s’en mêle, et les voici bientôt mariés. Mais impossible de partir ensemble aux États-Unis : les formalités administratives sont telles que Henri va devoir se déguiser en femme et se faire passer pour une veuve de guerre…
Le film
[4,5/5]
S’il n’est probablement pas aussi (re)connu que L’impossible monsieur Bébé (1938), qui marquait la rencontre au sommet des talents de Cary Grant et de Howard Hawks dans une alchimie comique absolument géniale et imparable, Allez coucher ailleurs (I was a male war bride, 1949) n’en demeure pas moins une « petite » mais formidable comédie signée par un duo qui en avait décidément sous le pied pour ce qui était de dérider les spectateurs.
Mais la réussite du film était quasiment jouée d’avance : basée sur le récit (autobiographique) d’Henri Rochard, officier belge fiancé à une américaine durant la deuxième guerre mondiale s’étant vu obligé d’utiliser un formulaire normalement réservé aux femmes afin de rentrer sur le territoire américain, Allez coucher ailleurs s’inscrivait de toutes façons parfaitement dans la veine des « screwball comedies » chères à Hawks, d’autant que Cary Grant avait déjà largement cultivé l’ambiguïté « masculin / féminin » au détour d’une séquence assez monumentale de L’impossible monsieur Bébé. Rien n’était laissé au hasard du côté du scénario non plus, puisqu’on y retrouvait les noms connus de Charles Lederer (La dame du vendredi, qui réunissait également Hawks et Cary Grant) et Hagar Wilde (L’impossible monsieur Bébé encore).
Le résultat est à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre : les dialogues fusent comme autant de balles de précision, le rythme est soutenu, les gags contournent habilement les codes de la censure américaine et offrent tout un tas de sous-entendus graveleux absolument réjouissants. Cary Grant est comme toujours absolument génial dans son rôle d’homme « amoindri », et la charge à l’encontre des administrations de tous poils est féroce mais bon enfant (la séquence des acronymes au début du film rappelle un gag tout aussi imparable d’OSS 117 – Rio ne répond plus). Encore aujourd’hui, il se dégage d’Allez coucher ailleurs le parfum d’une incroyable modernité.
Le DVD
[5/5]
Côté DVD, ESC Éditions nous offre un master stable et globalement très propre, au format respecté. L’encodage ne pose aucun problème particulier, la tenue du noir et blanc est impeccable. Bien rodé à l’encodage sur support DVD, l’éditeur nous permet donc de découvrir le film dans des conditions optimales ! Côté son, VF d’origine et VO, toutes deux mixées en Dolby Digital 1.0 mono, sont claires et sans trop de souffle. Bref, on a entre les mains une édition soignée d’un film d’Howard Hawks jusqu’ici inédit chez nous, qui intègre les rangs de la très riche collection « Hollywood Legends » made in ESC Éditions.
Du côté des suppléments, l’éditeur continue sur sa lancée en nous proposant une présentation du film par Jacky Goldberg (merci qui ? merci Jacky Goldberg), remettant avec talent le film dans son contexte historique. Un excellent travail éditorial pour un film à (re)découvrir à tout prix.
Une comédie très moderne et très audacieuse pour son époque. Avec un Cary Grant dans son exercice de prédilection, toujours aussi suave et une mise en scène toute en légèreté de Hawks, « Allez coucher ailleurs » est juste un petit moment de grâce, à la fois intelligent et hilarant!