Test DVD : Allemagne année zéro

En 1945. L’Allemagne nazie a capitulé devant les armées alliées. Berlin n’est plus qu’un champ de ruines fumantes. Edmund Koehler, un garçon de 12 ans, parcourt les décombres à la recherche d’un peu de nourriture avant de rentrer dans l’immeuble à demi effondré où sa famille a trouvé un refuge précaire. Son père, malade, s’enferre dans ses souvenirs. Son frère aîné, Karl, ancien nazi, vit traqué. Sa sœur, Eva, tente de subvenir aux besoins des siens par des ménages et en fréquentant l’occupant. Au milieu de cette ambiance de fin du monde, le petit garçon sans repère tente de s’en créer de nouveaux, fuyant toujours un peu plus la terrible réalité…

Le film

[4/5]

Allemagne Année Zero est un drame italien réalisé par Roberto Rossellini et sorti en 1947. Roberto Rossellini est considéré comme un des pionniers du cinéma néoréaliste. Il a marqué l’histoire du 7^ème art grâce notamment à Rome Ville Ouverte et Allemagne Année Zero.

Allemagne Année Zero est une puissante œuvre présentant l’Allemagne d’après-guerre sous un angle réaliste. Le traitement social est incroyable, passionnant de pertinence, et se présentant sous un jour concret, cherchant à choquer et ainsi prendre à partie le spectateur. Roberto Rossellini montre sans filtre, pour une époque où les mœurs cinématographiques étaient très pudiques, la pauvreté, la précarité, la solitude et l’injustice qui entoure ce monde de désolation où évolue Edmund Kohler, jeune garçon d’une dizaine d’année et personnage principal de l’histoire. Roberto Rossellini a l’intelligence de rendre son histoire sous le prisme des yeux d’un gamin, démontrant ainsi comment la cruelle bêtise humaine peut entraîner la perte de l’innocence d’un enfant. Ce dernier se retrouve confronter à d’énormes responsabilités, à des dangers perpétuels, manipulé par les étrangers et sa famille elle-même. Il se voit obliger de réaliser les plus horribles des méfaits pour subvenir à ses besoins et ceux de ses proches. Roberto Rossellini utilise des images fortes, et la qualité de sa mise en scène a permis à Allemagne Année Zero de nous parvenir avec une fraîcheur naturelle. Le long métrage, dont le traitement est toujours très actuel, simplement délocalisé dans d’autres parties du globe, est également encore très moderne grâce à une qualité d’image impressionnante, appuyée par une mise en scène aboutie et maîtrisée. Cette subtile et pertinente allégorie de l’Allemagne, tragédie sombre et réaliste, à la conclusion anthologique, est incontestablement un chef d’œuvre à redécouvrir de suite.

Le DVD

[4/5]

Cette sortie DVD chez Rimini Éditions est la première version entièrement remasterisée, ce qui permet une qualité d’image inédite, naturellement proposée en 4/3. Côté son, la piste allemande (VO) est proposée en Dolby Digital 2.0 mono d’origine, le mixage est relativement clair et semble ne pas avoir trop souffert des outrages du temps.

Le DVD est accompagné d’une interview de trente minutes de Enrique Seknadje, Maitre de Conférences en Cinéma et auteur de Roberto Rossellini et la Seconde Guerre Mondiale : un cinéaste entre propagande et réalisme. Un entretient approprié et judicieux, très instructif, présentant le contexte dans lequel le long métrage a été réalisé. On en apprend également plus sur le réalisateur Roberto Rossellini lui-même, comment il est passé d’un metteur en scène au service de la propagande à un véritable artiste libre et engagé. Enrique Seknadje, très impliqué dans ses propos, transmet des informations justes et des analyses poussées sur Allemagne Année Zero et ses sujets transversaux. Un film à ne pas rater qui se résume selon Enrique Seknadje comme « L’un des quatre ou cinq chefs d’œuvres du néo-réalisme. C’est un astre majeur dans l’Histoire du Septième Art. Une étoile, un soleil… ».