You should have left
États-Unis, Royaume-Uni : 2020
Titre original : –
Réalisation : David Koepp
Scénario : David Koepp, Daniel Kehlmann
Acteurs : Kevin Bacon, Amanda Seyfried, Avery Tiiu Essex
Éditeur : Universal Pictures France
Durée : 1h33
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 28 octobre 2020
Théo et sa femme Susanna sont en quête de vacances paisibles et reposantes. Ils décident alors de s’installer dans une maison isolée de la campagne galloise avec leur fille. Mais ce qui devait s’annoncer comme une retraite parfaite, vire bientôt au cauchemar lorsque des forces obscures refusent de les laisser partir de la maison…
Le film
[3/5]
You should have left marque les retrouvailles entre deux géants du cinéma Hollywoodien des années 90 : l’acteur Kevin Bacon et le scénariste / metteur en scène David Koepp. Si ces deux personnalités se sont faites particulièrement discrètes depuis le tournant des années 2010, les deux hommes avaient collaboré en 1999 à un véritable petit monument du thriller horrifique : on parle bien sûr du formidable Hypnose, adapté du roman Échos de Richard Matheson. Le film avait d’ailleurs reçu le prestigieux « Grand Prix » lors de la septième édition du Festival du film Fantastique de Gérardmer en 2000.
Producteur malin, Jason Blum avait sans doute dans l’idée de retrouver avec You should have left l’état de grâce du film de 1999. Les points communs entre l’intrigue d’Hypnose et celle de You should have left sont d’ailleurs nombreux, à commencer bien sûr par le fait que les deux récits tournent autour d’une maison renfermant un lourd secret. Adapté d’un court roman de Daniel Kehlmann (« Du hättest gehen sollen », 2016), le film s’efforce de créer un background solide aux personnages, qui n’étaient dans le récit original que des silhouettes, des coquilles vides destinées à ce que le lecteur s’identifie plus facilement à eux.
Et justement, le principal problème narratif de You should have left réside dans le fait qu’il s’avère un peu difficile de s’identifier aux protagonistes du récit. Elle (Amanda Seyfried) est une actrice célèbre, décomplexée, simulant dès les premières minutes du film une scène « d’orgasme féminin » déstabilisante pour son mari. Lui (Kevin Bacon) est un riche banquier psychologiquement perturbé, refoulant dans son passé un secret inavouable. Si leur couple parait à priori solide, une différence d’âge de presque trente ans tend à fragiliser leur relation. Le scénario de David Koepp nous plongera qui plus est directement dans leurs cauchemars, dont il est difficile dans un premier temps de comprendre les tenants et les aboutissants. Ce n’est qu’au fur et à mesure que la lumière se fera autour de la psychologie des personnages, alors même que parallèlement, le mystère autour de la maison dans laquelle ils séjournent – et qui sera le catalyseur du drame qui va se jouer – s’épaissit.
On aurait donc tendance à penser que David Koepp a trop voulu « complexifier » l’intrigue simple du roman de Daniel Kehlmann, ce qui finit par en amoindrir l’impact. L’élément fantastique étant introduit d’entrée de jeu, il dessert vaguement le récit, dans le sens où l’on ignore si le personnage incarné par Kevin Bacon se débat juste avec ses démons ou si la maison est réellement à l’origine des événements bizarres qui s’y déroulent, comme le sous-entendent les étranges villageois que le personnage principal croise lors de sa visite à la supérette du coin.
Mais David Koepp n’a rien perdu de son talent quand il s’agit d’instaurer une atmosphère lourde, et You should have left a indéniablement de beaux restes. De très belles scènes demeurent, telles que celle au cœur de laquelle Kevin Bacon se met à mesurer les angles et les dimensions de la maison – on y retrouve en substance la fièvre obsessionnelle qui animait le personnage principal d’Hypnose. Bien torché donc, et interprété par un Kevin Bacon décidément toujours aussi bon, le film n’en demeure pas moins largement prévisible dans certains de ses rebondissements, et n’exploite pas suffisamment le potentiel de départ, cette maison aux angles impossibles et aux couloirs interminables. Dommage !
Le Blu-ray
[4/5]
Destiné à l’origine à une sortie en salles, You should have left est finalement sorti directement en VOD suite à la pandémie de Covid-19. C’est Universal Pictures France qui nous permet aujourd’hui de découvrir le dernier film de David Koepp sur support Blu-ray. La photo littéralement superbe signée Angus Hudson donne au film un rendu visuel assez époustouflant, le piqué s’avère d’une précision redoutable, les couleurs sont franches et nettes et les noirs bien gérés : les nombreuses scènes octurnes sont très propres, sans bruit vidéo disgracieux. Côté son, l’éditeur nous propose comme à son habitude un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO, et un « simple » DTS 5.1 en VF : on privilégiera naturellement la version originale, plus ample et enveloppante que sa consœur française, même si cette dernière se défend globalement très bien, avec un bon placement des voix et des effets. Contrairement à ses habitudes en revanche, Universal Pictures ne nous a pas réservé le moindre supplément – on suppose néanmoins que cette absence de bonus est liée à la crise du Covid-19, qui a probablement bouleversé en profondeur la post-production du film.