Xtro
Royaume-Uni : 1982
Titre original : –
Réalisation : Harry Bromley Davenport
Scénario : Iain Cassie, Robert Smith
Acteurs : Philip Sayer, Bernice Stegers, Danny Brainin
Éditeur : Le Chat qui fume
Genre : Horreur
Durée : 1h27
Date de sortie cinéma : 18 juillet 1984
Date de sortie DVD/BR : 31 mars 2024
Dans la campagne anglaise, au début des années 1980 – Alors qu’il joue dans le jardin avec son fils Tony et leur chien, la nuit survient subitement et Sam Phillips disparaît, happé par un rayon lumineux. Rachel, son épouse, refuse de croire à cette histoire et part à Londres refaire sa vie avec un autre homme, Joe Daniels. Elle engage une fille au pair, Analise Mercier, pour s’occuper de Tony, marqué par cet événement. Trois ans plus tard, une voiture heurte une créature extraterrestre sur une route de campagne. Après une série d’agressions sanglantes, Sam reparaît. Transformé, il possède désormais d’étranges pouvoirs, qu’il transmet à son fils…
Le film
[4/5]
Étrange film que ce Xtro. Vendu dans les années 80 comme un film d’horreur à base de monstres extra-terrestres peu ragoutants (grâce notamment à des jaquettes VHS faisant la part belle aux aliens bien dégueu), le film de Harry Bromley Davenport avait, de fait, régulièrement été mis dans le même sac que les démarcations bon marché d’Alien (1979) qui pullulaient à l’époque. En réalité, et en dépit de ses dérives gorasses et dégueulbif, Xtro s’avère globalement plutôt être le partisan d’un fantastique plus discret, profondément ancré dans une patine sociale très réaliste, mais qui tend parfois vers les séquences plus poétiques, clairement inattendues.
En deux mots comme en cent, on s’attendait à une série B inspirée d’Alien, et on se retrouve au final avec un film qui s’avère en réalité plus proche du Possession d’Andrzej Zulawski, en ce sens qu’il est à la fois un drame relationnel ET un film d’horreur cosmico-gore à tendance lovecraftienne. Gros succès de vidéoclubs dans les années 80, Xtro nous faisait la promesse d’un maelstrom de créatures baveuses et de gore décomplexé, et en dépit de sa nature légèrement trompeuse, le film de Harry Bromley Davenport tenait tout de même globalement sa parole, avec des aliens caoutchouteux, des œufs d’extraterrestres, de la bave, d’étranges cocons en toile, de la bave, des jouets qui prennent vie, une surprise dans la salade, et encore de la bave.
Et à vrai dire, ce qui fait le charme de Xtro, c’est justement qu’il parte dans tout un tas de directions inattendues. On s’attendait à voir une espèce de mélange entre Alien et E.T, mais pas forcément à y découvrir des clowns tueurs, des G.I. Joe géants ou voir une panthère noire se balader dans des couloirs aseptisés. La narration du film est flottante, et donne l’impression d’évoluer à la manière d’un rêve éveillé, avançant à grands coups d’ellipses narratives et/ou temporelles et d’évènements étranges et parfois incompréhensibles. Il y a un manque flagrant de tissu conjonctif afin de relier les scènes les unes aux autres, mais cela confère au film une aura étrange et surréaliste, atmosphérique en diable, et volontiers WTF.
En parallèle, Xtro s’inscrit par bien des aspects dans les canons du cinéma fantastique anglais de l’époque, rappelant dans sa générosité foutraque l’œuvre de Norman J. Warren, réalisateur de films tels que Le Zombie venu d’ailleurs, Inseminoïd ou La Terreur des Morts-vivants. Que ce soit dans les digressions opérées dans le récit, dans l’approche du fantastique (avec un événement improbable qui bouleverse les personnages jusque dans leur intimité) ou encore l’inévitable touche de nudité absolument gratuite (ici avec la fille au pair française, interprétée par Maryam d’Abo) ou les effets spéciaux volontiers « organiques », tout lie, le temps d’un film, le cinéma de Harry Bromley Davenport à celui de Norman J. Warren.
Et donc forcément, en tant que spectateur du vingt-et-unième siècle, on adhère ou pas à cet univers un peu foldingue et farouchement premier degré, qui semble refuser obstinément l’immersion du spectateur, et pas aidé en ce sens par un score 100% synthétiseur Bontempi omniprésent (et signé par le réalisateur lui-même). Mais force est d’avouer que ses auteurs auront signé avec Xtro un film vraiment unique et finalement assez attachant. On notera par ailleurs que le film a connu deux suites, Xtro 2 : Activité extra-terrestres (1990) et Xtro 3 (1995), toujours réalisées par Harry Bromley Davenport.
Le Blu-ray
[4/5]
Grâces soient rendues au Chat qui fume, éditeur touche à tout français qui nous permet de (re)découvrir dans l’hexagone et en Haute Définition autant de pépites dégénérées que de grands classiques du bis très attendus. La nouvelle vague de sorties de l’éditeur, dans les bacs de vos revendeurs préférés depuis la fin du mois de mars, comprend plusieurs classiques venus de différents continents : aujourd’hui, on commence notre exploration de leurs trésors avec cette indispensable édition Blu-ray de Xtro, que les amoureux du film attendaient depuis longtemps. Et comme d’habitude, on ne pourra que tirer notre chapeau à l’éditeur, qui nous livre une galette Blu-ray présentée dans un écrin de luxe : un digipack trois volets orné d’images du film et surplombé d’un fourreau rigide, et une maquette graphique aux petits oignons composée par Frhead Domont. La classe absolue !
Côté master, la copie restaurée de Xtro est d’une solidité à toute épreuve, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. La restauration a fait place nette des rayures et autres griffes disgracieuses, et cette édition estampillée Le Chat qui fume nous propose une image d’une stabilité remarquable (avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences, ainsi que les défauts inhérents au tournage même du film). On notera par ailleurs que Xtro nous est proposé, au choix, dans son montage d’origine ou dans sa version « uncut » – le détail des différences entre les deux montages est disponible sur le site de référence Movie-censorship. Côté son, l’éditeur nous propose le film en VF et VO et DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et l’ensemble absolument recommandable.
Côté suppléments, Le Chat qui fume nous propose tout d’abord un making of rétrospectif (57 minutes), qui nous propose un retour sur la création du film en compagnie du réalisateur Harry Bromley Davenport, du producteur Mark Forstater, des acteurs Bernice Stegers, Susie Silvey, Tim Dry, Sean Crawford, Robert Pereno, avec également des interventions des critiques Alan Jones et Craig Lapper. Le producteur Mark Forstater nous expliquera comment il a découvert Bromley Davenport et comment le film a fini par atterrir chez New Line après que Robert Shaye, producteur des Griffes de la nuit, ait voulu que Forstater lui cède les droits de Monty Python : Sacré Graal qu’il avait également produit. Le cinéaste y fera preuve d’une modestie peu commune, et les acteurs évoqueront leur expérience sur le tournage, nous délivrant une poignée d’anecdotes amusantes. On pense par exemple aux propos de Tim Dry, l’homme dans la combinaison en caoutchouc de l’extraterrestre, qui se remémorera avoir dû s’immerger dans une fosse de boue en pensant qu’il pourrait bien s’y noyer. Il y sera également question de l’écriture du film et de l’évolution du scénario, du financement du film, du travail sur les effets spéciaux et, bien sûr, de la réputation grandissante de Xtro après que ce dernier ait intégré la liste des « Video Nasties » au Royaume-Uni.
On continuera ensuite avec une présentation du film par Dennis Atherton (27 minutes), qui évoquera avec passion le charme particulier de Xtro et les raisons pour lesquelles il a acquis la réputation de film « culte » au fil des années. Grand fan du film, il reviendra sur l’étrangeté du film, ainsi que sur l’importance de la représentation de la famille au cœur de l’histoire, même s’il est facile de l’oublier en raison des nombreux effets spéciaux du film. Le réalisateur Harry Bromley Davenport et le producteur Mark Forstater feront également leur apparition au cours du sujet afin de préciser le propos du critique. Enfin, on se penchera avec intérêt sur « Beyond Xtro », un entretien avec Harry Bromley Davenport et Mark Forstater (7 minutes) visant à présenter les suites du film, à savoir Xtro 2, Xtro 3 et Xtro : The Big One, un film en préparation dont on découvrira quelques images probablement montées afin de réunir un éventuel financement. Pour vous procurer cette édition Blu-ray limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !