Wrath of Silence
Chine : 2017
Titre original : Shan ye zhui zong
Réalisation : Xin Yukun
Scénario : Xin Yukun
Acteurs : Song Yang, Jiang Wu, Yuan Wenkang
Éditeur : Spectrum Films
Durée : 1h59
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 7 mai 2019
Zhang Baomin est un mineur muet au sang chaud travaillant loin de chez lui. Apprenant la disparition de son fils, il rentre dans son village en Mongolie intérieure. À Baotou, la situation n’a pas changé et il retrouve les mêmes protestations contre les mines locales que quand il était plus jeune. Mais sous la direction du riche Chang Wannian, la mine continue sa croissance. Baomin est alors peu à peu convaincu qu’il est le responsable de la disparition de son fils et s’aperçoit qu’une machination bien plus complexe a été mise en place. La violence va alors se déchainer…
Le film
[4/5]
D’une modernité étonnante, à la fois très influencé par le thriller sud-coréen de la Nouvelle Vague et gardant sans conteste un pied solidement ancré dans la réalité sociale chinoise, Wrath of Silence impose le nom de Xin Yukun (dont il s’agit seulement du deuxième film) comme l’un de ceux avec lesquels il faudra compter dans les années à venir. Pur film de genre, ce polar d’une noirceur absolue développe en effet une atmosphère glauque et hypnotique autour de la quête obsessionnelle d’un ouvrier muet afin de retrouver son fils disparu.
D’une sécheresse et d’une violence inouïes, Wrath of Silence bifurque occasionnellement vers le film d’action brutal, et déroulera son intrigue très noire sur un rythme plutôt tendu et efficace jusqu’à un final forcément désabusé et nihiliste. En filigrane de son intrigue et de ses rebondissements très immersifs – difficile pour le spectateur de ne pas se plonger avec le personnage principal dans cette recherche de la vérité – on trouvera bien sûr une critique assez claire des inégalités sociales au cœur de la Chine contemporaine. Le film dresse en effet un tableau assez inquiétant du pays, avec d’un côté les ouvriers et les sans nom de la Chine rurale, réduits au silence et victimes de toutes les injustices (Xin Yukun les rapproche même symboliquement des « agneaux » dont se repaissent goulument les puissants), alors que de son côté le chef d’entreprise et représentant de la classe dirigeante peut finalement tout se permettre, des exactions financières au meurtre pur et simple, en véritable maître de marionnettes disposant d’un droit de vie ou de mort sur tous ceux qui sont plus bas que lui sur l’échelle sociale.
Les inégalités croissantes dans la répartition des richesses en Chine sont donc pointées du doigt par le cinéaste, mais elles ne sont pas centrales à l’intrigue, qui demeure avant tout un thriller palpitant et mis en scène de façon assez remarquable – qui reste passionnant jusque dans ses zones d’ombres ou dans ses ellipses. Esthétiquement superbe et assez époustouflant de maitrise formelle, Wrath of Silence évoque aussi dans ses décors – de vastes étendues désertiques et poussiéreuses – et son personnage central – un muet en quête de vengeance et plutôt enclin à la violence – les grandes heures du western spaghetti des années 70.
Thriller atmosphérique et glaçant nous proposant une montée en tension croissante jusqu’à une explosion finale qui se fera dans la douleur et en dressant un portrait peu engageant de la corruption et de l’individualisme qui gangrènent littéralement la société chinoise, Wrath of Silence impose définitivement son statut de grand film, à découvrir de toute urgence !
Le Blu-ray
[4/5]
Proposant une photo littéralement somptueuse, Wrath of Silence débarque logiquement en Blu-ray sous les couleurs de Spectrum Films et nous propose un rendu visuel tout simplement superbe : la définition, le piqué, les contrastes et surtout les couleurs (vives et éclatantes) sont réellement de toute beauté. Le niveau de détail, même dans les arrière-plans, ne sont jamais pris en défaut, les scènes plus sombres ne faiblissent jamais, bref, il s’agit là d’un très beau Blu-ray, d’une efficacité remarquable. Côté son, le spectateur ne sera pas déçu non plus puisque le film nous est proposé en VO dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation ample et généreuse, d’un dynamisme total, explosant réellement durant les quelques scènes d’action qui émaillent le film.
Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, l’éditeur nous propose une interactivité très sympathique : on aura l’opportunité de découvrir On the border, sympathique court-métrage de Wei Shujun lauréat de la « Mention Spéciale du Jury » lors du Festival de Cannes 2018 (15 minutes, HD). Le tour des bonus d’achèvera avec la traditionnelle présentation du film par Dirty Tommy et The film talker, les deux Youtubeurs qui officiaient avant sous le nom « Les cousins font leur cinéma ». Comme à leur habitude, ils survolent le film sans non plus en proposer une analyse très poussée, mais ils ont au moins le mérite d’évoquer ses qualités, autant que les aspects qui ont pu les gêner.