Waldo, détective privé
États-Unis, Royaume-Uni : 2021
Titre original : Last Looks
Réalisateur : Tim Kirkby
Scénario : Howard Michael Gould
Acteurs : Charlie Hunnam, Mel Gibson, Morena Baccarin
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h51
Genre : Policier, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 17 février 2022
Charlie Waldo s’est fait virer avec perte et fracas de la police de Los Angeles. Il mène depuis une existence paisible, loin du monde. Sa vie solitaire s’achève lorsqu’il est engagé comme détective privé pour enquêter sur le meurtre de l’épouse d’Alistair Pinch, une vedette d’une série TV judiciaire. Cette affaire tordue est, pour Waldo, un retour choc dans le monde d’Hollywood, avec ses intrigues de couloirs, ses relations sulfureuses et ses stars capricieuses…
Le film
[3,5/5]
Avec son personnage principal présenté dans les premières minutes comme un semi-clochard porté sur le New Age, Charlie Waldo, détective privé joue clairement la carte de l’enquête criminelle menée par un privé inattendu et haut en couleurs. Marchant dans les pas du Privé de Robert Altman ou de la saga Fletch avec Chevy Chase, le film a été écrit par Howard Michael Gould qui adapte à l’écran son propre roman de 2018, et se situe à la croisée des chemins entre l’hommage au Film Noir classique et le pastiche teinté d’humour.
L’exercice d’équilibriste entre le sérieux et la légèreté, capital dans ce genre de film afin de maintenir les enjeux dramatiques, est d’ailleurs plutôt bien tenu par le réalisateur Tim Kirby. Ainsi, l’intrigue policière de Charlie Waldo, détective privé – prenant ni plus ni moins la forme du classique whodunit – conserve toujours l’ascendant sur le reste des éléments du scénario, et ne se voit jamais traitée par-dessus la jambe afin de céder la place à la galerie de personnages loufoques proposée par le film. Bien entendu, la faune hétéroclite typique des excès de la ville de Los Angeles gravitant autour du personnage de Charlie Hunnam compose un élément-clé du récit, mais la recherche d’indices et des raisons pour lesquelles beaucoup de personnages voudraient voir le tenace Waldo se retirer de l’affaire permet au film de garder un cap clair, et de ne jamais le perdre de vue.
Bien sûr, Tim Kirkby profite par moments de la tonalité de son film pour nous proposer de petites digressions excentriques ne faisant pas forcément avancer l’intrigue, mais ces dernières contribuent cependant à créer quelques faux-semblants, à brouiller les pistes et à créer finalement un puzzle de personnalités décalées mais dangereuses, le plus étrange d’entre tous étant naturellement incarné par Mel Gibson, puissant et théâtral dans le rôle d’Alastair Pinch, acteur-cabot qui constitue un des personnages les plus marquants de Charlie Waldo, détective privé.
Mais que serait un « film de privé » sans un enquêteur à la personnalité remarquable ? A ce titre, Charlie Waldo, détective privé fait assez fort, puisqu’il nous propose de nous familiariser avec un personnage en rupture avec la société de consommation, ayant opté, afin de tenter de se réconcilier avec lui-même et de faire table rase des traumatismes du passé, pour une existence minimaliste régie par la règle des « 100 objets » (#100ThingsChallenge : Count everything you own. Donate / Destroy until you get to 100 possessions). Le look du personnage est fortement inspiré de celui de Mickey, le gitan déjanté incarné par Brad Pitt dans Snatch, et la ressemblance est encore accentuée par le fait que Waldo vit dans une caravane au milieu de nulle part.
Mais qui dit Los Angeles dit également Hollywood, et Charlie Waldo, détective privé s’amuse franchement à explorer les arcanes de l’industrie de l’entertainment, notamment par le biais des personnages incarnés par Mel Gibson et Rupert Friend, dont la description satirique – mais teinté d’une certaine tendresse – égratigne gentiment l’usine à rêves. Le scénario de Howard Michael Gould pointe donc du doigt les comportements irresponsables / surréalistes, les luttes d’égos et autres petits arrangements avec la morale qui semblent être monnaie courante au sein des studios, mais le fait sans agressivité superflue, le milieu du cinéma et de la TV étant finalement présenté comme ayant ses propres codes, ses usages et ses personnalités.
Prenant appui sur les personnages, sans jamais se laisser déborder par leur nombre, le mystère au cœur de Charlie Waldo, détective privé fonctionne comme une machine bien huilée. La tonalité de l’ensemble laisse globalement le temps au spectateur d’essayer d’imbriquer les différents éléments entre eux afin de résoudre l’affaire au même rythme que Waldo, ce dernier devant également se démener avec les implications émotionnelles et les divers problèmes soulevés par son retour à Los Angeles. La réalisation de Tim Kirby est globalement énergique, et les rebondissements s’enchaînent sans temps mort jusqu’à une fin assez surprenante dans son genre.
Le Blu-ray
[4/5]
S’imposant décidément comme l’un des derniers éditeurs français désireux de pourvoir le cinéphile en films inédits en salles, c’est Metropolitan Vidéo qui nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir Charlie Waldo, détective privé sur support Blu-ray. Et fidèle à ses habitudes en termes de Haute-Définition, l’éditeur nous offre à cette occasion une galette de toute beauté. Piqué d’une précision à couper le souffle, couleurs magnifiques, définition sans faille : c’est un véritable sans-faute technique. Les pistes son ne sont pas en reste, puisque VF et VO sont toutes deux encodées en DTS-HD Master Audio 5.1 : dynamiques, immersives, dispensant leur quota d’effets habilement spatialisés. Le spectacle s’apprécie forcément mieux en VO, mais la VF est très soignée dans son genre. Bien entendu, Mel Gibson n’y est plus doublé par Jacques Frantz, décédé en mars 2021, mais par Féodor Atkine, dont le timbre colle plutôt bien au côté pincé du personnage. Du bon boulot.
Côté suppléments, on trouvera une sélection de bandes-annonces éditeur, notamment de films mettant en scène Mel Gibson (Expendables III, Traîné sur le bitume).