Viva la vie
France : 1984
Titre original : –
Réalisation : Claude Lelouch
Scénario : Claude Lelouch, Jérôme Tonnerre
Acteurs : Charlotte Rampling, Michel Piccoli, Jean-Louis Trintignant
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h50
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 18 avril 1984
Date de sortie DVD/BR : 10 mars 2022
Simon, condamné pour le kidnapping d’un enfant, parvient à s’évader de prison. Il trouve une planque et reprend contact avec sa maîtresse, Martine, et ses anciens complices. Il cherche un moyen de se venger de Gallois, le père de l’enfant, qui n’est pas vraiment blanc-bleu dans cette histoire…
Le film
[3,5/5]
Qu’on choisisse de le prendre en considération ou de l’ignorer sciemment, chaque film est le fruit d’un « contexte » historique et culturel. Viva la vie, le film de Claude Lelouch sorti en France au printemps 1984, est ainsi probablement né des angoisses de la Guerre Froide, et plus précisément de l’exercice Able Archer 83, mené par l’OTAN en novembre 1983 dans le but d’entraîner ses postes de commandement militaires aux procédures de frappes nucléaires. S’essayant ici à la science-fiction, Claude Lelouch ouvre Viva la vie sur l’évacuation d’un cinéma, et suit la panique liée à l’imminence d’une attaque nucléaire.
L’ombre du péril atomique est très présente chez tous les « riches » personnages du film, qui souhaitent se faire construire des abris dans leurs piscines afin d’être protégés en cas d’offensive russe, mais comme le sous-entend un des personnages dans le premier quart d’heure de Viva la vie, même si les riches se font précipitamment construire des abris, en cas d’attaque, nul ne survivra de toute façon. Ainsi, il semble que l’intrigue générale du film de Claude Lelouch soit profondément ancrée dans son temps.
Pour autant, l’Histoire semble souvent se répéter, et les préoccupations de Lelouch en 1984 prennent une résonance toute particulière de nos jours : au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine fin février 2022, l’angoisse latente des personnages de Viva la vie se répercute forcément de façon diffuse chez le spectateur, comme le spectre d’une troisième Guerre Mondiale qui, à l’époque comme aujourd’hui, semble réellement aux portes de l’Europe.
Pour le reste, Claude Lelouch aborde la science-fiction à sa manière, quitte à déstabiliser le public. Ainsi, la nature de film de Viva la vie sera révélée au spectateur dès les premières minutes du film, par le biais d’une interview de Claude Lelouch qui, à la veille de la sortie de son dernier film – celui que l’on est en train de regarder donc – prévient les spectateurs qu’il vaut mieux aborder ce qui suivra en en sachant le moins possible sur l’intrigue, et qu’il faudra dans la mesure du possible de ne rien en révéler à quiconque.
On s’efforcera donc ici au maximum d’éviter les [Spoilers] : sachez donc simplement que se lancer dans Viva la vie, c’est se lancer dans un mystère total, s’épaississant au fur et à mesure que le récit évolue. L’intrigue est construite de façon assez originale, et sera l’objet d’un certain nombre de rebondissements surréalistes, mêlant science-fiction, onirisme et géopolitique, avec en prime une petite réflexion sur le travail d’acteur. Le cinéaste aborde la SF par le prisme d’une naïveté assez déroutante, voire même déconcertante, mais la poésie de certaines séquences parvient finalement à convaincre le spectateur de se laisser aller, de lâcher prise…
Film choral, donnant l’occasion à une poignée d’acteurs brillants (Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Évelyne Bouix, Charles Aznavour, Charlotte Rampling…) de laisser libre cours à leur talent, Viva la vie s’avère une expérience de cinéma singulière, qui risque d’en perdre plus d’un en route. Pour autant, et malgré un dénouement qui pourra laisser circonspect, les spectateurs ayant pris le parti de laisser Lelouch les prendre par la main ne pourront que saluer la complexité intrigante de cette œuvre, assez unique dans la filmographie de Claude Lelouch, même si elle pourra, par certains aspects, évoquer La Belle histoire (1992).
Le Blu-ray
[4/5]
C’est donc Metropolitan Vidéo qui édite aujourd’hui Viva la vie dans un superbe Blu-ray – on notera que le film de 1984 sera disponible le 10 mars en même temps que deux autres films du cinéaste, Le Voyou et Partir revenir. L’image du film, restaurée avec soin, est exempte de défauts : l’encodage en 1080/24p ne pose aucun problème, les couleurs sont naturelles, la définition sans faille, le piqué précis, la profondeur de champ impeccable. On notera également que la granulation d’origine a été préservée avec un soin maniaque : c’est du beau travail technique. Côté son, l’éditeur propose un mixage en DTS-HD Master Audio 2.0, subtil et équilibré, conservant une parfaite clarté même quand plusieurs personnages s’expriment en même temps.
Au rayon des suppléments, l’éditeur nous propose la traditionnelle bande-annonce, intéressante et à découvrir dans le sens où elle ne propose aucune image du film, Claude Lelouch nous expliquant face caméra qu’il ne pouvait présenter des extraits de son nouveau film, sous peine d’en trahir le secret, et donc l’intérêt.