Vice-Versa 2
États-Unis : 2024
Titre original : Inside Out 2
Réalisation : Kelsey Mann
Scénario : Meg LeFauve, Dave Holstein
Acteurs (VO) : Amy Poehler, Lewis Black, Liza Lapira
Éditeur : Disney / Pixar
Durée : 1h36
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 19 Juin 2024
Date de sortie DVD/BR : 23 octobre 2024
Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût – qui ont longtemps fonctionné avec succès – ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu’elle ne soit pas la seule…
Le film
[4/5]
Si en tant que cinéphile, on a parfois tendance à écarter Vice-Versa d’un revers de la main sous prétexte qu’il s’agit d’une production Disney / Pixar et donc d’un film pour enfants, on réalise mal l’erreur que l’on fait, tant le film s’imposait comme un véritable tour de force narratif et technique. Le concept même du film, qui consiste à lier les réactions d’une jeune fille à toutes les connexions neuronales qui se font dans son cerveau, avait tout du casse-tête pour être représenté de façon claire à l’écran, et s’avérait à priori un sujet réellement casse-gueule. Pour autant, l’histoire et les concepts abordés par Vice-Versa coulent avec une limpidité de tous les instants, les créatifs de chez Disney / Pixar ayant trouvé la manière idéale – intelligente, claire et amusante – de représenter à l’écran tout ce qui se passe dans le cerveau de tout un chacun.
On l’affirme donc haut et fort : Vice-Versa était un film que l’on considère volontiers comme une véritable pierre angulaire dans l’histoire de la narration cinématographique, dans le sens où Pete Docter et Ronaldo Del Carmen étaient parvenus à mettre en scène une intrigue littéralement impossible à raconter, et qui plus est 100% cinématographique puisque les idées véhiculées par le film ne pourraient être adaptées de façon aussi claire et brillante sous forme de roman, bande dessinée ou via n’importe quel autre médium. Rares sont les œuvres de ce calibre, à ne pouvoir exister que sous une seule forme. Vice-Versa en faisait partie, et par conséquent, l’idée d’apporter une suite à un film ayant à tel point changé la donne et ouvert tant de portes avait un côté un peu inquiétant : Vice-Versa 2 serait-il à la hauteur de son aîné ?
Énorme succès de l’année 2015 au cinéma, Vice-Versa avait frôlé le milliard de dollars de recettes au box-office international, et avait réuni plus de 4,5 millions de français dans les salles obscures. Difficile de faire mieux, me direz-vous ? En effet, et on suppose que même dans leurs prévisions les plus folles, les comptables de chez Disney / Pixar ne s’étaient probablement pas préparés au raz-de-marée que représenterait la sortie de Vice-Versa 2 au début de l’année. En l’espace de quelques semaines, le film de Kelsey Mann est en effet devenu le film d’animation le plus rentable de tous les temps, doublé du plus gros succès mondial de l’année 2024, tous genres confondus. Rendez-vous compte : 1,7 milliards de dollars de recettes à l’international, avant même son exploitation en vidéo. Chez nous, si le film s’est vu griller la tête du classement par deux films français, il enregistre tout de même également 8,4 millions d’entrées, distançant de presque quatre millions d’entrées les Minions de Moi, moche et méchant 4. Le truc de ouf.
Comme vous l’avez probablement compris à la découverte de la bande-annonce du film, Vice-Versa 2 fait un bond de quelques années dans le temps : la petite Riley a désormais treize ans, et va bientôt se retrouver confrontée aux affres de la puberté. Cela sera l’occasion pour la console des émotions de Riley de voir apparaître tout un groupe de nouveaux « personnages », rivalisant soudain avec Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût. Les nouvelles émotions à l’ordre du jour sont donc Anxiété, Envie, Ennui et Embarras, et bien entendu, une partie du plaisir ressenti devant Vice-Versa 2 sera donc de voir comment ce nouveau groupe de personnages va interagir avec les émotions existantes. La confrontation entre le monde extérieur, plein de dangers et d’événements imprévisibles et la psyché de Riley, souvent en ébullition, est à nouveau un des points forts du film, qui met régulièrement l’accent sur la résilience, avec des personnages qui subissent une forme de stress mais finissent toujours par découvrir qu’ils ont les moyens de s’en sortir, et peut-être d’en ressortir plus forts.
Par ailleurs, Vice-Versa 2 s’avérera régulièrement drôle, et peut-être un peu plus particulièrement si vous êtes vous-mêmes les parents d’une ado. Beaucoup de petits détails font mouche et un rire plein de tendresse est régulièrement de la partie, notamment grâce à Anxiété, ainsi qu’à un personnage secondaire nommé Bloofy, qui se trouve être un souvenir d’enfance de Riley. Techniquement, formellement et narrativement, il y a bien peu à dire sur le film : depuis le temps, on connaît le talent des magiciens de chez Pixar, et la façon toujours aussi bluffante avec laquelle ils parviennent à faire vibrer notre corde sensible tout en offrant un ensemble cohérent et des techniques d’animation incroyablement inventives. Et au grand jeu du « Est-il meilleur que le premier ? », on avoue qu’on ne sait tellement quoi répondre : selon sa sensibilité, on pourra émettre une préférence soit pour Vice-Versa, soit pour Vice-Versa 2, mais le fait est que le film de Kelsey Mann s’impose comme une extension intéressante et jamais gratuite au film original.
Maintenant, il va de soi que le succès dans les salles de Vice-Versa 2 impliquera immanquablement une nouvelle suite. Reste à voir si les petits génies de chez Pixar vont choisir de continuer de suivre le personnage de Riley dans sa vie de femme (ce qui pourrait être très drôle mais ne s’adresserait plus forcément aux enfants), d’avancer petit à petit au fil de sa scolarité (un peu à la manière de Riad Sattouf sur Les Cahiers d’Esther) ou de partir dans une tout autre direction.
Le Blu-ray
[4/5]
Comme toujours ou presque avec ses Blu-ray de films d’animation, l’éditeur Disney / Pixar nous livre avec la galette Haute Définition de Vice-Versa 2 un travail absolument irréprochable sur l’image et le son : le rendu audio/vidéo est tout simplement superbe. La définition optimale nous permet de savourer chaque couleur éclatante et chaque détail de l’animation, et de nous ébahir devant les prouesses techniques – sans cesse renouvelées – que nous livrent les équipes de Pixar. Qu’il s’agisse à l’écran d’un feu d’artifices de couleurs ou de scènes plus sombres, tout est géré à la perfection. Côté enceintes, Vice-Versa 2 s’offre un mixage V.O en DTS-HD Master Audio 7.1 tenant toutes ses promesses en termes de vivacité et de spatialisation. Mais Disney / Pixar n’oublie pas le consommateur français, puisque la VF (très soignée) du film nous est proposée en Dolby Digital + 7.1 : l’immersion sonore est optimale, avec comme chez sa grande sœur un tourbillon d’effets qui filent d’un canal à l’autre avec aisance et fantaisie. On notera qu’une deuxième piste VO est également disponible, en DTS-HD High Resolution 5.1. Ample et dynamique, elle s’avère également impressionnante, avec des dialogues clairs et des effets bien répartis sur les cinq canaux. Du très beau travail technique !
Dans la section suppléments, étonnamment peu fournie pour un film du calibre de Vice-Versa 2, on trouvera tout d’abord deux featurettes informatives et tout à fait sympathiques, mais qui auraient mérité un approfondissement : la première est consacrée aux nouvelles émotions (12 minutes), et reviendra sur les changements que vit Riley à l’adolescence. On apprendra notamment que d’autres émotions étaient initialement prévues, mais on peut supposer que celles-ci apparaîtront dans Vice-Versa 3. On découvrira également les designs abandonnés, ainsi que les acteurs qui assurent le doublage de ces nouveaux personnages. La deuxième featurette reviendra sur la séquence de la chambre forte (9 minutes) : on y reviendra sur la création et le design des personnages apparaissant au cours de cette scène, et notamment celui de l’irrésistible Bloofy. On terminera enfin avec une sélection de scènes coupées (24 minutes), qui nous sont proposées à différents stades de finalisation, et sont introduites par le réalisateur Kelsey Mann.