Test Blu-ray : Valhalla

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Valhalla

Danemark, Norvège, Suède, Islande : 2019
Titre original : –
Réalisation : Fenar Ahmad
Scénario : Fenar Ahmad, Adam August
Acteurs : Roland Møller, Andreas Jessen, Salóme Gunnarsdóttir
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h45
Genre : Fantasy, Aventures
Date de sortie DVD/BR : 26 juin 2020

Les frères et sœurs vikings Tjalfe et Roskva ont été mis en esclavage par les dieux Thor et Loki. Ils sont emmenés au Valhalla où ils rencontrent Quark, un géant simplet mais gentil. Le trio essaie de s’enfuir mais Tjalfe est pris en otage par un clan de géants. Pendant ce temps, le redoutable loup Fenrir menace de détruire le monde…

Le film

[3,5/5]

Vous pensiez que Valhalla, qui débarque ce mois-ci en vidéo sous les couleurs de Metropolitan Vidéo, était juste un petit DTV de vikings à petit budget vite torché dans le sillage de la série TV à succès ? Vous faites erreur. On peut même affirmer que le film constitue un petit événement dans son genre. Car à l’origine du film réalisé par Fenar Ahmad, il y a une bande dessinée danoise extrêmement célèbre en Europe du Nord : Valhalla, imaginée et dessinée par Peter Madsen.

Immense succès en Scandinavie, la série s’est étalée sur 15 albums entre 1979 et 2009. Elle a été traduite en onze langues et plus de 100.000 exemplaires du premier volume ont été vendus rien qu’au Danemark. Des chiffres très éloignés de ceux réalisés par Tintin ou Astérix chez nous, mais le Danemark est un petit pays. D’ailleurs, puisqu’on en parle et pour résumer grossièrement, Valhalla est une bande dessinée humoristique inspirée des légendes nordiques, que l’on pourrait justement rapprocher des aventures d’Astérix dans la BD franco-belge. Peter Madsen est d’ailleurs régulièrement comparé à un Albert Uderzo danois. Pour autant, on ne connaît chez nous ni Madsen ni Valhalla. En France, la série de BD n’a en effet jamais bénéficié du rayonnement qu’elle méritait : malheureusement, seuls trois des quinze volumes ont été édités en français, en 1990-1991 chez Zenda.

La mise en chantier et la sortie d’un long-métrage « live » en 2019 n’en demeure pas moins un événement. Celui-ci fait d’ailleurs suite à une première adaptation en 1986, sous la forme d’un film d’animation. En revanche, si la BD ainsi que le dessin animé de 86 étaient joyeusement fantaisistes et pleins d’humour, l’adaptation se fait ici sur un monde beaucoup plus sérieux, dans un univers de dark fantasy assez éloigné du trait rond et caricatural de Peter Madsen.

Valhalla a donc en quelque sorte opéré un virage dans ses influences et ses thématiques, comme s’il ne venait pas de la BD familiale mais du roman jeunesse, dont il emprunte tous les codes. On imagine que ce virage à 180 degrés a forcément du sacrément déstabiliser les amateurs de l’œuvre originale. Un peu comme si l’on tournait aujourd’hui un film sombre aux allures de quête initiatique autour de personnages aussi colorés et rigolos qu’Astérix ou Lucky Luke. Ce décalage tonal explique peut-être en partie le fait que le film n’ait finalement réalisé que 56.000 entrées au Danemark en 2019.

Un score à relativiser toutefois – une fois de plus, ces chiffres paraissent extrêmement bas de notre côté de l’Europe, mais on vous rappelle que le Danemark est un petit pays. Rares sont les films qui y dépassent les 200.000 entrées, même si cette même année, le film d’animation Mon ninja et moi avait littéralement cassé la baraque en réalisant presque 950.000 entrées, un chiffre jamais atteint depuis 1985. On va donc plutôt dire qu’en termes de succès, Valhalla se situe dans une fourchette « moyenne ». Le film est d’ailleurs une coproduction 100% SCANDINAVIAN POWER avec la Norvège, la Suède et l’Islande, et a probablement du être également distribué dans ces trois autres pays.

Fenar Ahmad et Adam August, déjà ensemble aux commandes d’Underverden (Darkland) en 2017, ont donc fait le choix non pas d’abandonner totalement l’humour (notamment avec le personnage de Quark, qui permet au film de s’offrir une poignée de séquences amusantes), mais de l’atténuer considérablement, afin de placer le spectateur au cœur d’un univers de dark fantasy orienté « jeunesse », rappelant pour beaucoup des films tels que Blanche-Neige et le chasseur (2012) ou Maléfique (2014). Difficile aussi de ne pas voir un certain opportunisme de la part des producteurs dans ce virage de la bouffonnerie à l’héroïsme, dans le sens où Vahlalla met évidemment en scène des lieux (Asgard, Midgard) et des personnages (Thor, Loki, Fenrir) également largement utilisés par Marvel depuis de nombreuses années. Dans le même ordre d’idées, on suppose que Valhalla profitera également du regain de popularité autour des mythologies nordiques qui ne manquera pas d’être provoqué, en fin d’année, par la sortie du nouvel opus de la saga vidéoludique Assassin’s creed, cet épisode étant lui aussi nommé Valhalla.

Il sera d’ailleurs peut-être difficile pour les plus jeunes spectateurs d’accepter la « nouvelle » apparence de ces dieux nordiques appartenant aujourd’hui quasiment à l’univers Marvel. Pour le reste, le film est habilement centré sur les personnages de Tjalfe et Roskva, deux frères et sœurs, serviteurs du dieu Thor dans la mythologie nordique et personnages importants de la bande dessinée. Époque oblige, le récit se focalise ici d’avantage sur la jeune fille, Roskva, qui se trouve être une forte tête éprise de justice. L’identification avec les jeunes spectateurs fonctionnera donc parfaitement, sans pour autant laisser les parents de côté, qui se régaleront de la facture formelle solide – et même pour tout dire assez superbe – de l’ensemble. Valhalla est en effet un film qui compose de belle manière avec un budget que l’on imagine limité.

A la croisée des chemins entre le respect du matériau de base et l’ambition d’apporter un vent d’air frais sur le genre – et pourquoi pas de créer une nouvelle franchise à succès – les auteurs de Valhalla ont fait le choix de penser « international » afin d’exporter et de vendre leur film plus facilement à l’étranger. Si bien sûr la création de Peter Madsen y perd un peu en identité, elle y gagne en revanche un côté universel, capable de toucher le cœur des jeunes bien au-delà des simples frontières de la Scandinavie. Et finalement, même si le film n’amène que quelques poignées d’amateurs à travers le monde à découvrir l’œuvre originale, on ne pourra que saluer la réussite de Fenar Ahmad.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc Metropolitan Vidéo qui permettra aujourd’hui aux cinéphiles français de découvrir Valhalla sur support Blu-ray, et comme à son habitude, l’éditeur a soigné sa copie niveau master. L’image est de toute beauté, la définition et le piqué sont d’une précision impressionnante, les couleurs et les contrastes ne font preuve d’aucune faiblesse. Bref, c’est du beau travail. Ce constat d’excellence se retrouve également du côté des pistes sonores, toutes deux encodées en DTS-HD Master Audio 5.1 : dynamiques et proposant des effets parfois surprenants – notamment sur les échos – elles proposent au spectateur une immersion absolument parfaite. On notera néanmoins que la répartition et le placement des voix sont un peu plus subtils sur la VO. Pas de suppléments.

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