Vaincre ou mourir
France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Paul Mignot, Vincent Mottez
Scénario : Vincent Mottez
Acteurs : Hugo Becker, Rod Paradot, Gilles Cohen
Éditeur : Le Puy du Fou Films
Durée : 1h40
Genre : Aventures, Historique
Date de sortie cinéma : 25 janvier 2023
Date de sortie DVD/BR : 25 mai 2023
1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré chez lui en Vendée. Dans le pays, les promesses de la Révolution Française laissent place à la désillusion. La colère des paysans gronde: ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, femmes, vieillards et enfants, dont il faut une armée redoutable et insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…
Le Film
[3,5/5]
Sorti en France le 25 janvier dans un circuit de 188 salles, le premier film produit par le Puy du Fou, Vaincre ou mourir, peut déjà être considéré comme un succès, dans le sens où le film est parvenu à réunir presque 290.000 spectateurs dans les salles obscures. A titre de comparaison, le blockbuster Mayday, sorti à la même date dans une combinaison de 399 salles, n’aura finalement attiré « que » 40.000 personnes de plus – ainsi, et en dépit de toutes les polémiques ayant entouré la sortie de Vaincre ou mourir, on peut probablement considérer que le film aura été une bonne rampe de lancement pour la société Puy du Fou Films, et qu’avec ou sans aide de l’état, on devrait logiquement voir débarquer d’autres films produits par le Puy du Fou dans un avenir plus ou moins proche.
Si les polémiques tournant autour de Vaincre ou mourir vous ont échappé, on va rapidement vous rafraichir la mémoire concernant ce qui a été reproché au film. Premièrement, il semblerait que le scénario du film, signé Vincent Mottez et se réclamant d’inspiration historique, nous propose une vision « biaisée » des Guerres de Vendée, au point d’être considéré par certains historiens comme une « une vision anti-républicaine, catholique et royaliste » de l‘Histoire. On ne niera pas que le déroulement du film, tout autant que sa mise en scène, place François-Athanase Charette de La Contrie, dit « Charette » (interprété avec force conviction par Hugo Becker), comme un héros du peuple et un défenseur de la liberté. Le problème bien sûr – et Vaincre ou mourir ne cherche pas vraiment à le cacher, dans le sens où un des personnages affirmera que les contre-révolutionnaires sont « derniers remparts d‘une royauté de 1000 ans » – c’est que Charrette était bel et bien un partisan du retour à l’ancien régime, et que le film nous propose de fait une hagiographie qui pourra sembler un brin réactionnaire à nombre de spectateurs.
Il est toujours délicat de faire un procès d’intention à une œuvre artistique : l’ambition des réalisateurs de Vaincre ou mourir Paul Mignot et Vincent Mottez était probablement de nous proposer une vision exaltée de la vie de Charette, de la même façon que Mel Gibson avait pu le faire en prenant tout autant de libertés avec la réalité dans Braveheart (1995), qui retraçait les heures de gloire du « Gardien de l’Ecosse » William Wallace. Pour autant, on ne peut pas ignorer non plus que Vaincre ou mourir s’affirme dès ses premières minutes comme un docu-fiction, et que le film met en avant les propos d’un historien assez controversé, Reynald Secher, qui défend la thèse d’un « génocide » vendéen. On ne peut pas non plus faire abstraction que derrière le Puy du Fou, il y a Nicolas de Villiers, fils de Philippe de Villiers, grande figure de la droite souverainiste. Ce dernier se défend farouchement d’avoir voulu donner une orientation politique à Vaincre ou mourir, qui doit être considéré comme une œuvre d’Art et non comme un tract royaliste et/ou catholique. Car on ajoutera de plus que le film était également distribué dans les salles par Saje Distribution, une société spécialisée dans les films d’inspiration chrétienne. Au spectateur de voir donc s’il est prêt à donner sa chance à l’œuvre en faisant abstraction de ces divers éléments « orientés » d’un point de vue idéologique. Mais après tout, si on accepte sans rechigner que des superproductions chinoises comme Heroes réécrivent l’Histoire au nom du grand spectacle, acceptons-le également de la part du Puy du Fou !
La deuxième raison ayant valu à Vaincre ou mourir de faire le « Buzz » (vu les résultats du film dans les salles, il nous parait difficile de parler de « Bad Buzz ») est peut-être lié à la première, que l’on vient tout juste d’évoquer : il semblerait en effet que la quasi-totalité de la critique française – à l’exception de la presse conservatrice – se soit régalée à descendre le film en flammes. De fait, les acteurs du film se sont échinés à le défendre sur les réseaux sociaux, à l’image de Francis Renaud, qui avait fait de l’opposition entre la critique et le public son cheval de bataille ces derniers mois. D’un côté, il y aurait les films adorés par la critique, sur lesquels pleuvent les récompenses, mais que personne ne va voir, et de l’autre, les films conchiés par la profession, mais qui parviennent à trouver une résonnance dans le cœur du public. Et quiconque aura vu Pacifiction – Tourment sur les îles ne pourra que lui donner raison ! Bon, blague à part, au générique de Vaincre ou mourir, en plus de Francis Renaud, les amateurs se réjouiront de pouvoir retrouver plusieurs autres représentants d’un certain cinéma de genre à la Française, qui nous livrent ici des prestations pour le moins « exaltées » : on pense par exemple à Olivier Barthélémy, acteur révélé par le collectif Kourtrajmé (Sheitan), Damien Jouillerot (Visitors) ou encore le toujours génial Antoine Basler (Dobermann).
Vaincre ou mourir s’inspire largement du spectacle du parc du Puy du Fou « Le dernier panache », et en a utilisé une partie des décors, des chevaux et, on le suppose, des figurants. Pour autant, en dépit de ces origines modestes, on ne pourra que souligner l’ampleur et l’ambition du film, qui nous propose des scènes de combats assez spectaculaires et bien torchées. Certains passages, qui donnent au spectateur la possibilité d’entendre les pensées de Charette comme en aparté, mettent en scène Hugo Becker sur un fond noir, les pieds dans l’eau : il s’agit d’un procédé visuel efficace directement emprunté à la saga vidéoludique Assassin’s Creed – il ne manquait plus que la plume tombant sur l’eau pour que le clin d’œil nous apparaisse comme pleinement assumé. En l’état, la référence ne touchera qu’une poignée d’initiés, mais comme la plupart des partis-pris visuels de Vaincre ou mourir, cela nous donne des plans qui ont méchamment de la gueule. D’ailleurs, malgré des limites budgétaires évidentes (le film aurait couté entre trois et cinq millions d’euros), les réalisateurs Paul Mignot et Vincent Mottez tirent vraiment leur épingle du jeu d’un point de vue visuel, en nous proposant régulièrement des plans de toute beauté, notamment grâce à la photo du talentueux Alexandre Jamin.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Vaincre ou mourir édité par Puy du Fou Films nous propose une expérience Home Cinema absolument enthousiasmante : le piqué est d’une remarquable précision, la définition ne présente aucune faille, les couleurs sont chaudes et naturelles, et la profondeur de champ est tout à fait satisfaisante. Le film est proposé en Scope et en 1080i, mais il n’est pas interdit de penser que le cadencement à 25 images / seconde correspond à celui choisi par Paul Mignot et Vincent Mottez au moment du tournage. Le son est mixé en DTS-HD Master Audio 5.1, et se révèle particulièrement dynamique, surtout lorsqu’interviennent les scènes de bataille. Le Blu-ray dispose également d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, idéal si vous visionnez le film sur un téléviseur, sans Home Cinema. Du très beau travail !
Du côté des suppléments, le Blu-ray édité par Puy du Fou Films nous propose tout d’abord un intéressant making of (25 minutes), qui nous permettra de voir quelques images du tournage et d’entendre l’équipe et les acteurs s’exprimer sur le projet et son ambition. On terminera ensuite avec deux bandes-annonces ainsi qu’avec un court module (44 secondes !) consacré à l’avant-première parisienne du film, et donnant la parole à une poignée de spectateurs conquis.