Urban Legend
États-Unis : 1998
Titre original : –
Réalisation : Jamie Blanks
Scénario : Silvio Horta
Acteurs : Jared Leto, Alicia Witt, Rebecca Gayheart
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h39
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 17 mars 1999
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2022
Les étudiants de l’université de Pendleton suivent assidûment les cours consacrés aux légendes urbaines qui évoquent des histoires terrifiantes dont on ignore l’origine. Lorsqu’une élève est sauvagement assassinée et que d’inexplicables disparitions surviennent, seule Nathalie Simon soupçonne un lien avec les légendes. Elle tente de donner l’alarme, mais personne ne veut la croire. Paul Gardener, un jeune journaliste avide de sujets à sensation, se décide à explorer cette piste…
Le film
[3/5]
En plus de donner du travail pendant quelques années au scénariste Kevin Williamson, le succès international de Scream en 1996 a contribué à créer une nouvelle vague de slashers, que l’on nommerait assez rapidement le « Néo-Slasher ». Ce genre ressuscita pour un temps le film d’horreur pour adolescents, créant une poignée de franchises en mode horreur light, centrées sur des stars de séries TV et globalement beaucoup moins intenses, effrayantes et « gore » que les slashers des années 80.
Si on en a vu une pelletée il y a 25 ans, la plupart de ces néo-slashers tendent aujourd’hui à se confondre un peu dans nos esprits, et pour cause : le casting de ces films parait largement interchangeable, les personnages étaient globalement inintéressants, la mise en scène peu inspirée, et les scénarios et scènes de mises à mort étaient certes globalement divertissants mais également très oubliables. Urban Legend n’est pas très différent du tout-venant au cœur de cette vague de néo-slashers, mais une poignée d’éléments le distinguent un peu des autres et le rendent au final peut-être un peu plus digne d’intérêt que la plupart de ses contemporains.
Sorti sur les écrans américains en septembre 1998, soit un an et demi seulement après Scream, Urban Legend est pourtant déjà la deuxième expérience du producteur Neal H. Moritz dans le domaine du néo-slasher : l’année précédente, il avait en effet littéralement cassé la baraque avec Souviens-toi… l’été dernier, qui mettait en scène une poignée de jeunes gens liés par un lourd secret et rattrapés par un tueur représentant les fantômes de leur passé et de leur culpabilité.
Natalie, l’héroïne au cœur d’Urban Legend incarnée par Alicia Witt, développe le même genre de culpabilité que les personnages du film de 1997. Parallèlement, le film de Jamie Blanks prendra le parti d’évoquer et d’illustrer une petite poignée de légendes urbaines, et alors que ses amis se verront éliminés un par un par un maniaque encapuchonné armé d’une hache, Natalie devra faire face à son passé avec l’aide de Paul (Jared Leto), journaliste pour la gazette de l’université agissant comme s’il travaillait pour le New York Times, et de son amie Brenda (Rebecca Gayheart).
On admettra d’ailleurs volontiers que les personnages d’Urban Legend sont globalement plus intéressants que la moyenne des « ados » du néo-slasher. On notera par exemple que les personnages interprétés par Michael Rosenbaum et Joshua Jackson (les initiés remarqueront dans le film un petit clin d’œil à Dawson) sont assez finement croqués, et détournent de façon relativement habile les clichés habituels concernant ce genre de seconds-rôles. Dans la peau de l’agent de sécurité du campus, Loretta Devine surprend, notamment dans la manière dont elle tente de « prendre le pouvoir » en s’inspirant de Pam Grier et du film Foxy Brown. Tara Reid livre une intéressante prestation pré-American Pie, et Danielle Harris, qui campe ici une gothique plutôt portée sur le sexe, crée un intéressant lien entre Urban Legend et la saga fondatrice du slasher, à savoir Halloween (Danielle Harris interprétait en effet la petite Jamie dans Halloween 4 et Halloween 5).
Dans le même état d’esprit, il faut signaler qu’Urban Legend gagnera instantanément en crédibilité et en attrait grâce à l’apparition éclair de deux icônes de l’horreur : Robert Englund, qui incarne un personnage de prof assez fascinant, et Brad Dourif, qui apparaît dans la séquence d’ouverture dans la peau d’un pompiste chelou. Il s’agit là de deux personnages mineurs, mais remarquables, et c’est toujours un plaisir de voir deux vétérans au milieu d’une distribution de jeunes acteurs en devenir. Pour le reste, Urban Legend suit à la lettre toutes les règles du genre : les fausses pistes sont nombreuses et le spectateur ne cessera de s’interroger sur l’identité de ce tueur au cœur joyeux. La révélation de l’identité du meurtrier pourra s’avérer étonnante, et ses motivations sont suffisamment étayées pour s’avérer convaincantes, même si on ne pourra s’empêcher de lever un sourcil devant la prestation de l’interprète du tueur, qui en fait plutôt des caisses une fois sa véritable nature révélée. Du côté de la réalisation, l’australien Jamie Blanks (alors débutant) nous propose une ambiance assez réussie, avec une belle photo signée James Chressanthis et une bande originale efficace, que l’on doit à l’excellent Christopher Young.
Le Blu-ray
[4/5]
Si Urban Legend était bel et bien sorti au format Blu-ray en 2008, la galette éditée à l’époque par Sony Pictures était épuisée, et s’échangeait à prix d’or sur le marché de l’occasion. La ressortie du film en Haute-Définition chez ESC Éditions est donc une excellente nouvelle. Côté master, l’ensemble est très satisfaisant : le piqué est correct, la colorimétrie solide, et le grain cinéma est présent, sans atténuation majeure. Bien sûr, le film n’a pas été remasterisé, et malgré quelques réserves, la galette Blu-ray éditée par ESC nous propose un rendu globalement enthousiasmant, très supérieur à n’importe quelle source SD, surtout si vous visionnez le film sur un très grand écran. On notera par ailleurs que le film est naturellement proposé en 1080p. Côté son, l’éditeur nous propose deux mixages (VF / VO) en DTS-HD Master Audio 5.1, dynamiques et spectaculaires. Les deux versions sont claires, propres et bien équilibrées. Le rendu acoustique est sympathique, avec de petits détails sonores parfois étonnants sur les canaux arrière : du très beau travail.
Du côté des suppléments, on commencera tout d’abord avec le morceau de choix de cette édition : une présentation du film assurée par Marie Casabonne, Guillaume Le Disez et Claude Gaillard (21 minutes). Les trois intervenants, co-auteurs avec Fred Pizzoferrato de l’ouvrage « Slashers – Attention, ça va couper… » (Éditions Vents d’Ouest, 2021), remettront le film dans son contexte de tournage, évoqueront le néo-slasher post-Scream, reviendront sur la genèse du film et de certaines scènes, et termineront en revenant, chacun leur tour, sur leur scène préférée d’Urban Legend. Un bon moment, essentiellement porté par l’excellente analyse de Guillaume Le Disez, que l’on connaît bien sur critique-film pour être l’initiateur de l’époustouflante collection de Blu-ray « Atomic Future », consacrée aux post-nukes ritals les plus passionnants. On continuera ensuite avec un court making of (7 minutes), qui nous donnera à voir quelques moments volés sur le tournage, commentés par Jamie Blanks : on y découvrira des images de la scène de la mort de Joshua Jackson, de la première séquence avec Brad Dourif (avec un amusant clin d’œil à Chucky), ainsi que l’enregistrement de la musique du film par Christopher Young. On passera ensuite rapidement sur le bêtisier du film (2 minutes) afin de se concentrer sur la très intéressante scène coupée (3 minutes), qui approfondissait la relation entre les personnages incarnés par Tara Reid et Michael Rosenbaum. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.
La dernière photo spoile la fin.
Bonjour Cell,
Il s’agit d’une des photos d’exploitation qui étaient affichées à l’entrée des cinémas lors de la sortie du film. Et en réalité, elle ne [spoile] la fin que si vous avez vu le film : sans le contexte, il est difficile de déterminer précisément ce qui s’y passe.
En revanche, maintenant que votre commentaire est publié, on a effectivement lâché un gros [Spoiler] à la face du monde !
(mais bon, il y avait quand même un petit indice dans ma critique…)