Une nuit en enfer – Saison 1
États-Unis : 2014
Titre original : From dusk till dawn
Créateur : Robert Rodriguez
Acteurs : D.J. Cotrona, Zane Holtz, Jesse Garcia
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 7h40 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 25 mars 2015
Seth et Richie Gecko sont recherchés par le FBI et les Texas Rangers, suite à un hold-up qui a mal tourné. En route pour le Mexique, les deux frères prennent la famille d’un pasteur en otage pour traverser la frontière. La situation dégénère lorsque le petit groupe fait une halte dans un club de strip-tease fréquenté par des vampires : le Titty Twister…
La saison
[3,5/5]
Jamais avare quand il s’agit de décliner des concepts porteurs (si l’on excepte The faculty, pas un seul de ses films n’est un « one shot »), Robert Rodriguez a donc décidé, de concert avec Quentin Tarantino, d’adapter son film Une nuit en enfer pour la télévision, sous la forme d’une série TV. Le show sera diffusé dés 2014 sur El Rey network, qui n’est autre que la chaîne créée par Rodriguez l’année précédente.
« Si le film est la nouvelle, la série est le roman », répètent Rodriguez et ses producteurs à longueur de bonus sur les Blu-ray édités par Wild Side. Et en effet, en passant par la case TV, Une nuit en enfer est passé d’une heure cinquante directes et intenses à rien de moins que sept heures trente de spectacle un poil recentré « grand public ». Avec l’aide de sa batterie de scénaristes, le cinéaste / mariachi / cuistot va creuser dans le passé des frères Gecko, leur créer un background assez crédible, approfondir la mythologie vampirique du film… Bien entendu, tous les ajouts ne seront pas forcément les bienvenus, ni forcément les mieux intégrés qui soient. Certains nouveaux personnages paraissent par exemple bien falots, voire inutiles, mais d’autres parviennent à faire leur trou.
Impossible d’évoquer la série sans lâcher un mot sur le casting. Selon sa sensibilité, et selon son degré d’attachement à Une nuit en enfer version cinéma, chacun trouvera dans le casting du bon et du moins bon. Impossible de retrouver le charisme animal d’un George Clooney en grande forme… Mais en revanche, Zane Holtz fait un Richie Gecko très convaincant. Impossible d’oublier le shérif Earl McGraw incarné par Michael Parks… Mais force est de reconnaître que Don Johnson qui reprend le rôle lui apporte une dimension inédite. Impossible de retrouver la fantaisie du triple rôle de Cheech Marin… Mais les nouveaux venus Madison Davenport et Brandon Soo Hoo font de surprenants enfants Fuller. A chaque bon élément du film « perdu » lors du passage à la TV, on peut finalement trouver un contrepoint intéressant.
Qu’il s’agisse de l’intrigue ou du casting, cette variation sur l’histoire créée par Tarantino et Robert Kurtzman nous propose à boire et à manger : comme à l’auberge espagnole, dans cette première saison d’Une nuit en enfer, à chacun de faire son tri parmi les trouvailles et choix narratifs de Rodriguez et son équipe. Il y a peu de chances pour qu’un amoureux du film adhère à tous les changements, bifurcations et libertés pris avec le script original, d’autant que par bien des aspects, ce dernier se retrouve très édulcoré par cette arrivée à la télé. Mais la sympathie et le rythme se dégageant de l’entreprise maintiendront à coup sûr l’intérêt du spectateur en éveil tout au long des dix épisodes de cette première saison, la vraie interrogation étant, aujourd’hui, de savoir quelle direction prendront les saisons suivantes, une fois libérées de l’ombre envahissante du film de 1996.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Côté Blu-ray, Wild Side nous offre un coffret 3 Blu-ray de très haute volée : la photo lumineuse de la série est magnifiée par un master sans faille, avec une définition et un piqué à toute épreuve. Le grain est respecté, les scènes nocturnes sont bien gérées, bref c’est un sans faute côté image comme côté son d’ailleurs, puisque les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 balance la purée avec une puissance, un dynamisme et surtout une finesse assez époustouflantes. La spatialisation a été bien travaillée, les deux versions s’avèrent parfaitement enveloppantes et proposent une belle immersion au cœur du show.
Dans la section suppléments, outre une série de commentaires audio sur un peu plus de la moitié des épisodes (six commentaires enjoués pour dix épisodes), le troisième Blu-ray comporte une pelletée de featurettes, toutes produites afin de promouvoir la série sur la chaine de TV El Rey network. Un petit montage intitulé « Des morts mémorables » revient sur les passages les plus violents et gore de cette première saison. Deux modules de making of reviennent sur le tournage des premières scènes de la série. C’est l’occasion d’y découvrir Robert Rodriguez au travail, semi-autiste s’exprimant auprès de ses collaborateurs par le biais de photos. Une série de spots publicitaires revient sur tous les personnages de la série, ainsi que sur Big Kahuna Burger, la chaine de fast-food fictive créée par Tarantino dans Pulp Fiction. Une autre référence à la Palme d’Or 1994 est faite avec une publicité pour El Rey intitulée sur la galette « Qu’est-ce qu’il y a dans la mallette ? ».
A noter que les heureux acquéreurs de l’« édition spéciale FNAC » auront accès à un supplément inédit sur le troisième Blu-ray du coffret : une longue et assez passionnante rencontre avec Robert Rodriguez, accompagné d’un de ses producteurs et d’une partie de ses acteurs. Filmé après une projection publique de l’épisode 7 dans une salle du réseau Alamo Drafthouse, cette session de questions / réponses avec le public est une occasion d’entendre s’exprimer les acteurs dans une ambiance plus détendue et informelle que dans les interviews « officielles ». Une occasion également de découvrir D.J. Cotrona, Zane Holtz, Eiza González, Brandon Soo Hoo ou encore Jake Busey au naturel. Une bonne surprise.