Une messe pour Dracula
Royaume-Uni : 1970
Titre original : Taste the blood of Dracula
Réalisateur : Peter Sasdy
Scénario : Anthony Hinds
Acteurs : Christopher Lee, Geoffrey Keen, Linda Hayden
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h31
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 7 octobre 1970
Date de sortie Blu-Ray : 9 mars 2016
Un père, sévère et autoritaire avec sa fille, est en réalité un joyeux noceur toujours à la recherche, avec deux amis, de sensations nouvelles. Ils s’acoquinent avec Lord Courtley, serviteur du diable et, au cours d’une cérémonie macabre, ressuscitent le comte Dracula. Ce dernier, assoiffé de sang frais, vampirisera des enfants et les utilisera comme instruments de sa vengeance…
Le film
[4/5]
Commençant pile poil là où s’arrêtait Dracula et les femmes, le film de Peter Sasdy Une messe pour Dracula s’avère contre toute attente extrêmement différent de son prédécesseur, pourtant tourné seulement un an plus tôt. D’une esthétique gothique sophistiquée, on passera ici à une ambiance et un style baroque décomplexé, à tendance vaguement foutraque. On n’hésitera pas non plus à se vautrer dans les excès en tous genres : plus gore, plus sexy, le film développe même un certain goût pour la vulgarité, avec ses trois personnages qui fréquentent, dès le premier quart d’heure du métrage, un bordel aux couleurs chamarrées et aux spécialités bien déviantes. De fait, le contraste entre ces « nouveautés » jusqu’ici étrangères à l’univers Hammer, et le soin indéniable apporté au cadre et à certains décors gothiques (l’église où la messe noire est absolument magnifique) donnent à Une messe pour Dracula des allures de film d’épouvante hétérogène et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, vraiment enthousiasmant.
Original dans son traitement et son scénario, Une messe pour Dracula marque une nette rupture avec les productions Hammer d’autrefois ; ainsi, il introduit également la « nouvelle garde » du studio, qui allait l’accompagner jusqu’à son déclin : Peter Sasdy signera en effet quelques-uns des titres les plus emblématiques du studio durant les années 70 (Comtesse Dracula, La fille de Jack l’éventreur…), et le film est également l’occasion de découvrir le jeune Ralph Bates, qui allait fiévreusement monopoliser l’écran pour Hammer dans les quelques années qui suivraient (Les horreurs de Frankenstein, La soif du vampire, Docteur Jekyll et Sister Hyde…). Tout en préservant une partie des codes qui ont fait les beaux jours de la Hammer, Une messe pour Dracula démontre que le studio en avait encore sous le coude. Malheureusement, moins de dix ans plus tard, Hammer perdrait de vue ses fondamentaux et ne réussirait bientôt plus à renouer avec un public 70’s qui semblait, avec l’apparition de cinéastes tels que David Cronenberg par exemple, être définitivement passé à autre chose en matière d’épouvante cinématographique.
Le Blu-ray
[4/5]
Après avoir édité Dracula et les femmes et Une messe pour Dracula dans un coffret Blu-ray en octobre 2015, Warner bros. se décide aujourd’hui à proposer les deux films à l’unité – l’occasion pour nous d’aborder la sortie en Haute Définition de ces deux films majeurs de la Hammer. La définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchainés) accusent des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Côté son, seule la version originale est proposée en DTS-HD Master Audio 1.0, le désuet doublage français d’origine devant composer avec le Dolby Digital 1.0 hérité du DVD de 2004, au niveau bas mais propre et toujours parfaitement clair.
Côté suppléments, Warner bros. nous propose sur chaque film une bande-annonce d’origine, non sous-titrée. On croise maintenant les doigts pour que l’éditeur français ait la bonne idée de proposer aux cinéphile français les autres productions Hammer faisant partie de son catalogue, telles que Frankenstein s’est échappé (1957), Le cauchemar de Dracula (1958), La malédiction des pharaons (1959) ou encore Le retour de Frankenstein (1969), tous les quatre signés du nom prestigieux de l’excellent Terence Fisher.