Test Blu-ray : Un pistolet pour Ringo

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Un pistolet pour Ringo

Espagne, Italie : 1965
Titre original : Una Pistola per Ringo
Réalisation : Duccio Tessari
Scénario : Duccio Tessari
Acteurs : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Lorella De Luca
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h38
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 6 juillet 1966
Date de sortie DVD/BR : 2 avril 2024

À la suite du hold-up d’une banque, des bandits mexicains commandés par Sancho se réfugient dans une hacienda, tenant les occupants en otage. Les notables de la ville font alors appel à Ringo pour les délivrer et régler leur compte aux bandits. Ringo va devoir user de ruse pour gagner la confiance de Sancho…

Le film

[5/5]

Pour ceux qui l’ignoreraient, Un pistolet pour Ringo et Le retour de Ringo ont été réalisés la même année, avec la même distribution, le même réalisateur et le même héros. En revanche, la tonalité générale des deux films est extrêmement différente : si Le retour de Ringo nous proposait une relecture de l’Odyssée d’Homère dans le cadre de la guerre de Sécession, Un pistolet pour Ringo marchait quant à lui plutôt sur les plate-bandes de Sergio Leone période Pour une poignée de dollars, avec un Giuliano Gemma en démarcation de l’homme sans nom interprété par Clint Eastwood.

Ainsi, si on considère souvent Le retour de Ringo comme étant la suite d’Un pistolet pour Ringo, il s’agit en réalité d’une « fausse » suite, dans le sens où mis à part le personnage central, tous les acteurs interprètent en réalité des rôles très différents d’un film à l’autre. En réalité, le véritable tour de force de Duccio Tessari sur ces deux films est sans aucun doute d’avoir réussi à livrer au spectateur deux œuvres foncièrement différentes, que l’on aura bien du mal à départager tant elles s’avèrent, dans leurs créneaux respectifs, tout à fait réussies.

Globalement, Un pistolet pour Ringo affiche un humour et une décontraction qui en font un spectacle rafraichissant, et proche d’un esprit « bande dessinée ». Cet aspect est d’ailleurs annoncé dès l’ouverture du film, qui nous montre deux pistoleros se faire face, comme s’ils étaient prêts à en découdre, avant de finalement simplement se souhaiter « joyeux noël ». On fera ensuite rapidement la connaissance de Ringo (Giuliano Gemma), dit « Visage d’ange », qui nous est tout d’abord montré jouant à la marelle avec des enfants, mais qui se révélera un as de la gâchette du genre détendu et nonchalant, abattant d’entrée de jeu quatre hommes venus lui chercher des noises.

Ce coup d’éclat vaudra à Ringo d’être immédiatement appréhendé par le shérif local (George Martin). De sa cellule, alors qu’il jouait tranquillement aux cartes avec Tomoteo (Manuel Muñiz), un petit gars ayant la même voix que Bugs Bunny, Ringo sera le témoin d’un gros braquage de banque, perpétré une bande de bandits dirigée par Sancho (Fernando Sancho) et Dolores (Nieves Navarro). La bande de hors-la-loi ira par la suite trouver refuge dans une hacienda habitée par un riche propriétaire (Antonio Casas) et sa fille Ruby (Lorella De Luca), qui se trouve être la fiancée du shérif. Cet événement marque le « vrai » début d’Un pistolet pour Ringo : le personnage de Ringo sera en effet envoyé dans le camp des bandits afin d’infiltrer le gang et de gérer au mieux la prise d’otages…

Le point de départ est classique, mais le scénario de Duccio Tessari, habile, tendra à échauffer les esprits, surtout lorsque Sancho décidera de planifier l’exécution d’otages jusqu’à ce que ses exigences soient satisfaites. Parallèlement, la psychologie des personnages est esquissée avec soin, notamment en ce qui concerne les deux personnages féminins principaux – Nieves Navarro et Lorella De Luca – qui commencent peu à peu à être sincèrement attirées par des personnages masculins auxquels elles ne sont pas officiellement attachées. L’humour omniprésent n’empêche en rien de conserver une certaine tension au fil des séquences, même si Un pistolet pour Ringo ne joue certainement pas la carte de la violence décomplexée.

Et si Un pistolet pour Ringo n’est peut-être pas du niveau des premiers westerns de Sergio Leone, le film de Duccio Tessari demeure un western sans prétention, plein de fantaisie, qui plongera les amateurs dans une intense nostalgie, et rappellera à beaucoup de spectateurs les bandes-dessinées d’aventures éditées par Lug (Rodéo, Yuma, Miki le Ranger…) qu’ils feuilletaient enfants, à l’ombre sur le balcon, un verre de Tang posé à côté des Big Jim. Et si le film dénote sans aucun doute d’une idée finalement assez décontractée de l’Art cinématographique, pour beaucoup d’entre nous, c’est aussi un film qui sent bon les grandes vacances, et qu’on aura bien du mal à ne pas considérer comme une totale réussite.

Le Combo Blu-ray + DVD

[5/5]

Après une première édition DVD sortie en France en 2004, dans la fameuse « Collection Western » de Seven 7, Un pistolet pour Ringo s’offre enfin une édition au format Blu-ray, sous les couleurs d’Artus Films. L’émotion est vive pour les amoureux de western spaghetti, d’autant que ce Combo Blu-ray + DVD s’offre pour l’occasion un très beau coffret Digipack deux volets surmonté d’un fourreau. Côté Blu-ray, on sent bien qu’Artus Films tenait à livrer au consommateur non seulement un très bel objet de collection, mais également une édition magnifique s’imposant comme une véritable référence en termes de son et d’image.

Le master Haute Définition est tiré d’une remasterisation 4K, et affiche une forme vraiment excellente. La définition et le niveau de détail sont satisfaisants, et la granulation d’origine de la pellicule a été préservée ; on redécouvre littéralement le film ainsi que sa jolie photo signée Francisco Marín. Le rendu des contrastes et la gestion des noirs ont également bénéficié d’un soin tout particulier, et l’image est dans l’ensemble plutôt propre et stable. Côté son, nous aurons droit à des pistes LPCM Audio 2.0 en VO et VF, qui ne présentent pas le moindre problème : le souffle est quasi-absent, et le tout est parfaitement équilibré, respectant parfaitement la dynamique acoustique d’origine. On notera bien sûr que la version française est présentée dans son doublage d’origine qui ajoute peut-être même un petit charme supplémentaire à l’ensemble pour les nostalgiques ayant découvert le film durant leur enfance. On y reconnaitra, entre autres, les voix de Dominique Paturel, la voix française de Terence Hill, et de Guy Pierrault, voix française de Bugs Bunny et de Max la menace.

Du côté des suppléments, Artus Films nous gâte également. On trouvera tout d’abord une présentation du film par Curd Ridel (27 minutes). Toujours aussi sincère et passionné, le dessinateur aux multiples casquettes évoquera les différences entre Un pistolet pour Ringo et Le retour de Ringo, et reviendra sur la carrière de Giuliano Gemma, le succès du film et le reste du casting, tout en agrémentant ses propos de quelques affiches et photos. On continuera ensuite avec un entretien croisé avec Giuliano Gemma et Lorella De Luca (20 minutes), qui permettra aux deux acteurs de revenir sur leurs souvenirs du tournage. Enfin, on terminera avec le classique diaporama d’affiches et photos, qui sera complété par la bande-annonce du film.

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