Test Blu-ray : Un nuage entre les dents

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Un nuage entre les dents

France : 1974
Titre original : –
Réalisation : Marco Pico
Scénario : Edgar De Bresson, Marco Pico
Acteurs : Philippe Noiret, Pierre Richard, Claude Piéplu
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 mai 1974
Date de sortie DVD/BRD : 29 novembre 2017

Deux reporters en mission, Malisard et Prévot dit les « cowboys », sillonnent Paris à la recherche d’un scoop. Un jour les deux enfants de Prévot qu’ils avaient emmenés dans leur tournée de routine disparaissent. C’est le scoop tant recherché…

Le film

[4,5/5]

Véritable plongée en apnée dans un Paris aussi cauchemardesque que poétique, Un nuage entre les dents s’impose comme un ancêtre du formidable After hours (Martin Scorsese, 1985), ou même d’un Night call (Dan Gilroy, 2014), dans le sens où le film de Marco Pico prend le parti d’emmener le spectateur au cœur d’un univers nocturne volontiers glauque, imprévisible et fou, où tout semble pouvoir arriver. Bien plus subversif qu’il n’y parait à première vue, le scénario signé Pico lui-même et Edgar De Bresson décide de secouer le public, sans se poser en juge ou en moralisateur, et en proposant une bonne dose d’humour absurde.

Un nuage entre les dents propose également une vision de Paris en dehors des sentiers battus, avec une ville décrite comme sale et dangereuse, de la même façon que les des deux personnages principaux, les « cow-boys » incarnés par Philippe Noiret et Pierre Richard, volontiers crados, rappelant les personnages campés par Tomas Milian dans les poliziotteschi italiens de la même période. Le film s’inspire d’ailleurs ouvertement du cinéma populaire italien des années 70 dans sa narration, bavarde et riche en digressions, se suivant d’avantage comme une flânerie aux accents féroces dans la glauquerie du journalisme de caniveau que comme un film à la construction traditionnelle, avec un début, un milieu et une fin. Un nuage entre les dents fait donc dans la « tranche de vie », avec des personnages n’évoluant pas forcément entre le début et la fin du métrage, et dont on est quasiment sûr qu’ils pourraient réitérer les mêmes erreurs s’ils étaient confrontés à une nouvelle situation délicate – ce que sous-entend d’ailleurs clairement Marco Pico en fermant le film sur ses deux « cow-boys » réunis dans la même voiture que durant la séquence d’ouverture.

Et puis bien sûr il y a les acteurs ! Outre Philippe Noiret et Pierre Richard littéralement extraordinaires (avec le « grand blond » cassant un peu son image avec ce personnage agressif et antipathique), on saluera également la prestation haute en couleurs de Claude Piéplu, génial en directeur de rédaction d’un journal rêvant d’un scoop sordide et bien racoleur. Au final, Un nuage entre les dents s’impose comme un de ces OVNI du cinéma français des années 70, à classer quelque part entre les films d’Alain Jessua, de Jean Yanne ou encore de Bertrand Blier.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Disponible chez Gaumont au sein de la vingt-et-unième vague de sa collection « Blu-ray Découverte », Un nuage entre les dents s’offre donc un lifting HD sur galette Blu-ray, que l’éditeur propose comme toujours à un prix tout doux.

Présenté au format 1.66 respecté, en 1080p, Un nuage entre les dents bénéficie donc, à l’image des autres titres disponibles au cœur de la collection « Blu-ray Découverte » depuis quelques années, d’une impressionnante cure de jouvence. Le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est bien préservé, les couleurs sont belles ; on notera que l’on aurait pu un poil d’avantage booster les contrastes, mais l’ensemble demeure d’une propreté et d’une stabilité qui forcent le respect. Côté son, la VF est encodée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine et le mixage fait preuve d’une clarté remarquable, même durant les séquences les plus « bruyantes » ou quand plusieurs personnages s’expriment en même temps.

Du côté des bonus, l’éditeur nous propose un intéressant making of rétrospectif du film, d’une durée d’environ une demi-heure, dont la particularité est d’avoir été réalisé par Jérémie Imbert, spécialiste de la comédie populaire française (Les comédies à la française, Editions Fetjaine, 2011). Les intervenants (Marco Pico, Pierre Richard et François Lartigue, assistant réalisateur) y reviennent sans langue de bois sur la préparation et le tournage, sans oublier d’évoquer les multiples réserves d’Yves Robert concernant le film, ainsi que son échec au box-office. On terminera avec un intéressant sujet sur la restauration du film, monté sur le mode toujours payant du avant / après, et avec la traditionnelle bande-annonce.

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