Un justicier dans la ville 2
États-Unis, Canada : 1982
Titre original : Death wish II
Réalisation : Michael Winner
Scénario : David Engelbach
Acteurs : Charles Bronson, Jill Ireland, Vincent Gardenia
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h32
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 10 mars 1982
Date de sortie DVD/BR : 26 octobre 2019
Cinq ans après avoir nettoyé les rues de New York de sa faune la moins fréquentable, Paul Kersey mène une existence paisible à Los Angeles, auprès d’une nouvelle compagne, une journaliste. Mais, à nouveau, le destin le frappe de plein fouet. Enlevée et violée par une bande de voyous, sa fille se suicide. Accablé, il retrouve un à un ses agresseurs et, de sang froid, leur applique le châtiment suprême…
Le film
[4/5]
L’image finale d’Un justicier dans la ville était sans équivoque : le fait pour Paul Kersey de quitter New York pour une autre ville américaine ne ferait que déplacer le problème, dans le sens où, comme le sous-entend le célèbre dernier plan du film, le personnage campé à l’écran par Charles Bronson allait continuer à faire régner sa loi dans les rues la nuit tombée, tirant sur les loubards et autres blousons noirs qui polluaient l’espace urbain dans les années 70/80.
Un justicier dans la ville 2 prend donc ses quartiers à Los Angeles, où Paul Kersey a repris une vie d’architecte à succès. Il coule donc des jours plus ou moins heureux aux côtés de sa fille, toujours dans un état catatonique, et de sa nouvelle femme journaliste. Mais le bonheur sera de courte durée : qui a dit que la foudre ne frappait jamais deux fois au même endroit ? Un gang de voyous va en effet s’en prendre à ses proches, en violant sa femme de ménage et en kidnappant / violant sa fille, qui finira par mourir en tentant de prendre la fuite (la question du suicide pourra être soulevée). Et Paul Kersey / Charles Bronson de reprendre les flingues dans une production Cannon forcément d’avantage dans l’excès que son illustre modèle.
Si le point de départ d’Un justicier dans la ville premier du nom se voulait relativement réaliste malgré ses exagérations manichéennes, cette suite en revanche ne joue pas vraiment dans la même cour : difficile en effet de croire que la malchance puisse autant poursuivre le personnage central… Cela dit, on notera tout de même ici un changement assez net et radical dans le modus operandi de Paul Kersey, puisqu’il ne butera plus tous les loubards qu’il croise dans la rue « au hasard », mais s’en prendra cette fois-ci uniquement aux violeurs responsables de la mort de sa fille, qu’il traquera et éliminera un par un. Mine de rien, la nuance est TRES importante : Un justicier dans la ville 2 appartient donc plutôt à la catégorie du « revenge movie » ou film de vengeance qu’au « vigilante movie ». Il faut dire aussi que Michael Winner, encouragé par les bourrins de la Cannon et par une décennie où tout semble permis en termes de violence décomplexée, en rajoute volontiers une sacrée couche dans ses scènes de mises à mort et surtout sur les scènes de viols, tellement sordides et complaisantes qu’elles se verront censurées dans de nombreux pays à travers le monde. Le choc et le malaise créés par ces séquences sont tels que le film fonctionne au final assez bien, même si bien sûr le « fond » se déplace par rapport au premier film : il ne s’agit plus en effet d’autodéfense à proprement parler (dans le film original, Kersey ne retrouvait / recherchait même pas les agresseurs de sa femme et de sa fille), mais plutôt ici de se substituer complètement à la justice dans une escalade de violence basée sur la loi du talion. Le côté politique est donc évacué au profit de l’émotion ; et au fond, même si comme dans le premier épisode il semble que la population approuve les actes de Kersey, ce dernier n’agit en réalité que dans une optique égoïste, sans penser le moins du monde à la société : il cherche en effet seulement à assouvir son désir de vengeance.
Mais ce glissement dans les motivations de Kersey pourra aussi s’avérer vaguement gênant ou problématique dans le sens où en tant que spectateur, on peine un peu à comprendre la froideur et le manque d’émotions du personnage : si elle peut s’expliquer par le fait qu’il soit redevenu une « machine à tuer » dénuée d’âme, on a tout de même du mal à se dire que devant un tel acharnement du sort, n’importe quel homme serait littéralement déchiré par la souffrance, et que cette dernière devrait logiquement se manifester physiquement… M’enfin, allez, on dira qu’il est dans un état second, apparition fantomatique apparaissant à chaque coin de rue tel un ange de la mort…
En réalité, comme dans le cas de la plupart des films portés uniquement par l’émotion, Un justicier dans la ville 2 nécessitera un abandon total de la part du spectateur, le rythme du film l’aidant de toute façon à ne point trop se laisser aller au recul ou à la réflexion. Une bonne introduction aux deux opus suivants en somme, puisque pour apprécier à leur juste valeur Le justicier de New York (1985) et Le justicier braque les dealers (1987), il faudra carrément mettre son cerveau en mode « pause » pour s’éclater devant le spectacle de Papy Bronson nettoyant au bazooka toute la racaille des États-Unis…
Le Blu-ray
[4,5/5]
Grâce aux efforts conjoints de plusieurs éditeurs, la filmographie de Michael Winner disponible en Blu-ray en France s’étoffe un peu plus chaque année. Bien sûr, on pourra trouver très curieux que certains de ses films les plus connus et les plus réputés manquent encore à l’appel (L’homme de la loi, Le corrupteur, Le justicier de New York…) quand d’autres plus mineurs s’offrent en revanche les joies d’éditions Haute Définition, mais les voies de l’édition sont impénétrables, et surtout, Michael Winner mérite clairement et définitivement de voir un jour arriver TOUS ses films en HD. Les années 2018 et 2019 ont donc été l’occasion de redécouvrir La sentinelle des maudits (lire notre test), Les collines de la terreur (lire notre test), Scorpio (lire notre test), West 111, Rendez-vous avec la mort (lire notre test), Un justicier dans la ville (lire notre test) et bientôt Le cercle noir.
Un justicier dans la ville 2 est quant à lui disponible chez Sidonis Calysta depuis le 26 octobre, et s’offre un lifting Haute-Définition très attendu, dans le sens où le DVD de 2007 édité par MGM / United Artists ne proposait que la version « censurée » du film. Le film retrouve donc avec cette édition Blu-ray son montage intégral, et aussi bien côté image que côté son, le master proposé par Sidonis Calysta enterre littéralement l’antique DVD de chez MGM, qui pourra éventuellement vous servir d’épouvantail à oiseaux si vous avez un jardin. Le film est donc proposé au format 1.85:1 respecté et encodé en 1080p. Le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est globalement préservé, même si on note un rendu un poil trop « numérique » sur de nombreux plans. Les couleurs et les contrastes semblent également avoir bénéficié d’un soin particulier : l’ensemble est donc tout à fait recommandable. Rien à redire non plus sur le mixage audio, proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, à la fois en VF et en VO, clair et relativement punchy (surtout quand intervient la musique de Jimmy Page, ex-Led Zeppelin), même si la version française souffre d’un léger souffle.
Côté suppléments, Sidonis Calysta nous propose un court sujet d’archive consacré au tournage du film (7 minutes), auquel on ajoutera une très intéressante analyse du film en vidéo signée par l’américain Rob Ager. D’une durée de 58 minutes, cette analyse du film aussi fine que complète nous propose une étude approfondie de la mise en scène de Michael Winner en dressant un panorama des réactions critiques au film. Il s’agit d’un condensé probablement monté par Sidonis Calysta pour cette édition – la vidéo d’origine dure 2h15 – mais l’ensemble demeure tout à fait passionnant. On déplorera en revanche une poignée de fautes dans les sous-titres.