Un homme pressé
France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Hervé Mimran
Scénario : Hélène Fillières, Hervé Mimran
Acteurs : Fabrice Luchini, Leïla Bekhti, Rebecca Marder
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h40
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 7 novembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 13 mars 2019
Alain est un homme d’affaires respecté et un orateur brillant. Il court après le temps. Dans sa vie, il n’y a aucune place pour les loisirs ou la famille. Un jour, il est victime d’un accident cérébral qui le stoppe dans sa course et entraîne chez lui de profonds troubles de la parole et de la mémoire. Sa rééducation est prise en charge par Jeanne, une jeune orthophoniste. À force de travail et de patience, Jeanne et Alain vont apprendre à se connaître et chacun, à sa manière, va enfin tenter de se reconstruire et prendre le temps de vivre…
Le film
[4/5]
« Dans Un homme pressé, Fabrice Luchini se voit offrir un rôle qui lui semblait destiné : celui d’un homme doué pour la communication, qui va soudain perdre la maîtrise de la parole après un grave problème de santé.
Apprendre à être un peu plus patient
Avec légèreté et sans asséner de lourdes leçons de morale, le réalisateur se livre à une dénonciation discrète sur l’importance accordée aux apparences au détriment de la vérité et à la dimension hypnotique des médias et des réseaux sociaux. La dénonciation de ces dérives et de l’emprise des images sur l’intellect de la population aurait pu être un peu plus profonde, mais le message passe néanmoins.
Tendresse communicative
Leïla Bekhti est cette praticienne marquée par un manque de confiance en elle, un peu comme le personnage qu’elle joue dans Le grand bain. Un peu sacrifiée dans la seconde moitié du film, elle est néanmoins attachante dans l’expression d’un mal-être discret qui s’affiche par une gourmandise constante et un repli sur elle. Heureusement, elle est un peu renversée par la séduction gentillette d’un infirmier blagueur.
Le poids de l’abandon maternel sur le personnage de Jeanne aurait mérité un traitement moins expéditif. Malgré de belles qualités humanistes, le passage des rires aux larmes n’est pas toujours équilibré. Le rapport à la maladie et comment la surmonter ne se veut pas documentaire, ce qui est parfois gênant, les dialogues de Luchini se limitant souvent à de l’exagération comique. La tendresse communicative et la fraîcheur des comédiens permet d’atténuer le manque de profondeur de certains éléments narratifs. L’humour assumé et communicatif rachète largement les défauts de cette approche trop superficielle. »
Critique de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est bien sûr aujourd’hui sous les couleurs de Gaumont que débarque le Blu-ray d’Un homme pressé, après une belle petite carrière en salles ayant tout de même réuni presque 700.000 français. Et coté technique, Gaumont nous propose de découvrir le film dans son format d’origine 2.35 et dans des conditions absolument optimales : la compression, la définition et le piqué sont vraiment admirablement maîtrisés, le film affichant une précision de tous les instants, ainsi qu’une vraie finesse dans la restitution du léger grain argentique. Le master est donc de toute beauté, et côté son, la version française s’impose dans un encodage DTS-HD Master Audio 5.1 jouant principalement la carte de l’ambiance, mais nous proposant tout de même une intéressante spatialisation des effets sonores, surtout perceptible durant les passages en extérieur. Bref, on a entre les mains une excellente galette Haute-Définition, qu’on aurait bien tort de bouder !
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un commentaire audio du réalisateur Hervé Mimran, qui permettra au cinéaste de revenir sur différentes « anecdotes » (on n’a pas compté, mais on dirait bien qu’il prononce le mot anecdote environ 6000 fois durant tout le commentaire), qu’elles soient techniques ou d’avantage basées sur les acteurs. L’exercice lui permettra également de livrer par moments une espèce de note d’intention assez intéressante. En revanche, on notera également que Mimran a de petites « baisses de régime », et s’avère parfois difficilement intelligible. Enfin, outre la traditionnelle bande-annonce, l’éditeur nous propose également de suivre un entretien croisé entre Fabrice Luchini et Christian Streiff, d’une durée d’environ 16 minutes. Comme à son habitude, Luchini y monopolise globalement la parole, menant l’entretien avec un mélange d’intérêt et de brusquerie pour son interlocuteur, qui tente tant bien que mal de revenir sur les conséquences de son AVC et les différences entre le film et son expérience réelle. D’après Streiff, le passage du film le plus fidèle à ce qu’il a vécu est le moment où le personnage passe littéralement de « centre du monde » à « totalement seul ». De son côté, Luchini défend les exagérations du scénario, arguant du fait que l’histoire se devait de devenir d’avantage cinématographique – selon lui, l’histoire de l’ex-PDG de PSA devait devenir prétexte à mettre en scène un miracle avec le recours à une certaine poésie. Fidèle à son image, le comédien emploiera par deux fois le mot « hallucinant » (que ses imitateurs aiment volontiers lui faire répéter), puis citera Balzac et Pascal avant de mettre brutalement fin à l’entretien en serrant la main de son interlocuteur et lui assurant qu’ils se reverraient bientôt.