Un drôle de paroissien
France : 1963
Titre original : –
Réalisation : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky, Alain Moury
Acteurs : Bourvil, Francis Blanche, Jean Poiret
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h21
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 28 août 1963
Date de sortie DVD/BR : 19 juin 2018
Malgré une situation financière dramatique, Georges Lachesnaye refuse de se soustraire à l’oisiveté, érigée en véritable tradition familiale. A l’église, la providence attire son attention sur le tronc, ressource inespérée qu’il se met en tête d’utiliser pour subvenir à ses besoins. Robin des bois des lieux de culte, Georges, pilleur de troncs au grand coeur, se livre alors à un subtil jeu de cache-cache avec la police…
Le film
[3,5/5]
La personnalité de Jean-Pierre Mocky est probablement, au fil des années, devenue plus célèbre que ses films à proprement parler : ses excès, ses colères et sa légendaire « grande gueule » immortalisées en 2000 par les équipes de l’émission Strip Tease, ont finalement peut-être d’avantage marqué le public que sa filmographie, qui n’a jamais réellement bénéficié d’une très grande diffusion dans l’hexagone.
Incontestablement, Un drôle de paroissien est le film le plus connu de l’œuvre de Mocky, et s’avère également l’un des plus « abordables » : porté par la prestation inattendue de Bourvil, le film ne fait pas preuve de l’esprit violemment anarchiste qu’on retrouverait dans bon nombre de ses films suivants. Si bien sûr il met en scène un pilleur de troncs d’églises et son ingéniosité à déjouer les plans de la police pour lui mettre la main dessus, le film de Mocky ne tient réellement ni de l’œuvre réellement provocatrice ou subversive, ni de la charge anticléricale à laquelle on aurait pu s’attendre.
Au contraire, Un drôle de paroissien dresse une série de portraits attachants et farfelus, et on sent finalement la grande tendresse que le cinéaste éprouve pour ses personnages de doux dingues. Leurs convictions concernant le travail, leurs activités illicites ou même leur foi ne sont jamais condamnés par le scénario, qui observe sans émettre le moindre jugement. Qu’il s’agisse de du personnage de Bourvil ou de sa famille, de Jean Poiret ou de Francis Blanche, tous présentent des personnalités à la psychologie finement croquée, et amènent au métrage cette ambiance fantaisiste tirant, par moments, vers la poésie pure et simple (on pense par exemple à la séquence du rêve en couleurs).
En somme, pour les cinéphiles désireux de découvrir la filmographie de Jean-Pierre Mocky, Un drôle de paroissien fera office de parfaite mise en bouche en attendant de s’attaquer à des films plus politisés et/ou impertinents ; une jolie fable douce-amère, populaire, désuète, souvent amusante et gentiment anar.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est grâce à ESC Éditions que le cinéphile français aura le plaisir de redécouvrir Un drôle de paroissien, et l’éditeur offre au film de Mocky une galette Blu-ray tout à fait enthousiasmante. Définition, piqué, niveau de détail, profondeur de champ, tout est très satisfaisant, le noir et blanc en impose, le film est bien encodé en 1080p et le grain cinéma a été scrupuleusement respecté : c’est du très beau travail technique. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment, et l’ensemble s’avère bien équilibré et débarrassé de toutes les scories que l’on aurait pu craindre.
Du côté des suppléments, l’éditeur ESC Éditions nous propose, en collaboration avec Linda Tahir pour les productions Rose Night, un très intéressant entretien avec Jean-Pierre Mocky. On retrouvera donc avec plaisir toute la gouaille du cinéaste alors qu’il évoque ses souvenirs du tournage et sa réception critique autant que publique. On constatera également que comme à son habitude, Mocky enjolive toujours un peu la réalité (on se souvient l’avoir déjà entendu affirmer qu’il discutait régulièrement avec Spielberg au téléphone et qu’il avait « baisé » Sharon Stone – vous avez dit mytho ?), puisque ce dernier avance carrément qu’Un drôle de paroissien a été vu par rien de moins que cinquante millions de spectateurs.