Test Blu-ray : Twin Peaks – Fire walk with me

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Twin Peaks : Fire walk with me

 
États-Unis, France : 1992
Titre original : –
Réalisateur : David Lynch
Scénario : David Lynch, Robert Engels
Acteurs : Sheryl Lee, Ray Wise, Mädchen Amick
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 2h15
Genre : Fantastique, Thriller
Date de sortie cinéma : 3 juin 1992
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2017

 

 

La mort mysterieuse de Teresa Banks dans la tranquille petite ville de Twin Peaks va donner du fil à retordre aux agents Dale Cooper et Chester Desmond qui vont mener une enquête en forme de charade et découvrir que les citoyens de la ville sont impliqués dans cette affaire. Un an plus tard, ce sont les sept derniers jours de Laura Palmer, qui se termineront par la mort brutale de cette dernière annonçant ainsi le début de Twin Peaks, la série culte…

 

 

Le film

[4,5/5]

Souvent méprisé dans la riche filmographie de David Lynch, pour des raisons relativement obscures, Twin Peaks : Fire walk with me demeure pourtant, encore 25 ans après sa sortie dans les salles, un pur film sensoriel, un trip 100% bizarre, à la fois flippant et hypnotique.

Si le film est souvent montré du doigt pour des raisons mercantiles (en tant que déclinaison cinématographique d’une série culte, il apparaît presque automatiquement comme suspect), on en oublie cependant que David Lynch a bénéficié, grâce à l’appui de Francis Bouygues à la production, d’une liberté artistique totale, sans contrainte ni influence extérieure. C’est d’autant plus flagrant que Lynch s’écarte volontairement des sentiers balisés de la série TV, abordant le mystère de la mort de Laura Palmer en prenant le spectateur à rebrousse-poil : en effet, on ne trouvera au cœur de Twin Peaks : Fire walk with me pas la moindre explication rationnelle, mais épaississant au contraire certaines zones d’ombre : le cinéaste décide d’explorer à fond les limites du style bizarre et hypnotique qu’il avait créé quelques années plus tôt avec son Blue velvet. De ce fait, il développe dans l’esprit du spectateur l’impression d’un film totalement impalpable, foisonnant de symboles et de sens cachés, aussi surréaliste que baroque et au cœur duquel tout ou presque peut arriver…

Twin Peaks : Fire walk with me revient donc sur un meurtre ayant pris place à Deer Meadow, commune voisine de Twin Peaks, puis sur les derniers jours de la vie de Laura Palmer, qui sont rythmés par les visions de cauchemar, tels que ce petit garçon portant un masque de carton-pâte avec un long nez, ou ce nain inquiétant psalmodiant des espèces d’incantations étranges, qui enfoncent encore un peu plus l’univers de Twin Peaks dans une sorte de rêve nébuleux à l’atmosphère lourde, chargée de non-dits. Une ambiance d’autant plus malsaine qu’elle s’insinue dans un univers verdoyant, fleuri, celui de la petite bourgeoisie de l’Amérique des WASP (qui tenait déjà lieu de décor à Blue velvet), cachant ses relents putrides derrière un univers artificiel, aux contours trop nets et à la douceur excessive. En revanche, passées les portes du Bang Bang Bar, Lynch jettera ses personnages dans l’antichambre de leur enfer personnel. Les fans de la série brûlaient de connaître les raisons pour lesquelles Laura Palmer avait perdu la vie ; mais le cinéaste ne répondra pas à la question, brouillant encore un peu plus les pistes en fouillant l’intimité de Laura à travers une série de saynètes aussi cruelles qu’absurdes, aux frontières de l’expérimental par moments.

Car David Lynch, délivré des pressions extérieures, n’aura finalement peut-être jamais été aussi proche de lui-même qu’avec Twin Peaks : Fire walk with me… On entend par là qu’il n’avait, à ce moment précis de sa carrière du moins, jamais été aussi tordu et obscur dans sa narration, qui évolue quasi-uniquement par « impressions », sans jamais chercher à rationnaliser ce qu’il montre au spectateur, ou à le rattacher à une logique quelconque. En deux mots comme en cent, Twin Peaks : Fire walk with me est une œuvre majeure, un film aussi envoûtant que malade, en tous cas à redécouvrir de toute urgence.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

L’édition collector Blu-ray + 2 DVD de Twin Peaks : Fire walk with me éditée par Potemkine Films est déjà la troisième édition du film proposée en Haute Définition sur le territoire français, après un premier Blu-ray en 2008 sous les couleurs de MK2 puis une seconde au sein du coffret « intégrale » de la série TV en 2014, sorti sous la bannière de Paramount Pictures.

Aussi bien côté image que côté son, le master proposé par l’éditeur est d’excellente tenue, et risque à priori de mettre tout le monde d’accord : le film est proposé au format 2.35:1 respecté et encodé en 1080p. L’éditeur a tenu éloignée la tentation d’avoir recours au réducteur de bruit, la dérive verte constatée sur le Blu-ray de 2008 a été rectifiée, le piqué est d’une belle précision, le grain argentique a été préservé et la gestion des contrastes semble avoir fait l’objet d’une attention toute particulière : l’ensemble est excellent. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 7.1 en anglais, et en DTS-HD Master Audio 5.1 en français. Les deux mixages imposent un dynamisme assez étonnant, surtout si l’on tient compte de l’âge du film (25 ans déjà).

Côté suppléments, l’éditeur nous propose, outre une série de bandes-annonces, un documentaire déjà disponible sur la galette Paramount de 2014, et intitulé « Between two worlds » : il s’agit d’une table ronde entre David Lynch et ses acteurs, et ce petit sujet s’avère à la fois très instructif et très drôle – un excellent moment. On poursuivra avec deux présentations / analyses du film signées Pacôme Thiellement et Hervé Aubrun, qui se complètent bien malgré quelques redondances, et on terminera avec quelques documents d’archives : un making of et quelques entretiens d’époque termineront donc le tour d’une interactivité très riche et littéralement passionnante.

 

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