Quelques mois après une ressortie dans les salles ayant fait grand bruit dans le cœur de tous les cinéphiles, trois films importants de la carrière de Julien Duvivier, à savoir La belle équipe, La fin du jour et Voici le temps des assassins arrivent le 1er juin dans de superbes combos DVD / Blu-ray sous les couleurs de Pathé, qui avait pris soin avant leur retour dans les salles françaises en début d’année, de les restaurer en 4K.
Ce sont donc trois films flambant neufs qui débarquent dans les linéaires de vos revendeurs préférés…
Après avoir réalisé une vingtaine de films muets, Julien Duvivier (1896-1967) signe pendant les années 1930 les œuvres les plus marquantes de sa filmographie. Dans la vague de Blu-ray initiée par Pathé en figurent deux : La belle équipe (1936) et La fin du jour (1939).
Le premier évoque le périple de cinq amis, interprétés entre autres par Jean Gabin, Charles Vanel et Raymond Aimos, qui gagnent au loto et tentent d’ouvrir une guinguette grâce aux gains. La particularité du film, considéré comme le reflet parfait du climat social qui régnait au temps du Front populaire, est qu’il a été tourné avec deux fins. Tandis que la conclusion optimiste terminait jusqu’à présent le film, celle plus sombre, voulue par Duvivier mais rejetée suite à des projections tests désastreuses, sera visible pour la première fois. La fin du jour n’a pas connu pareille controverse. Les deux monstres sacrés du cinéma français Michel Simon et Louis Jouvet y jouent justement deux acteurs mis à la retraite dans une maison de repos, menacée de fermeture.
(source : Tobias Dunschen)
La belle équipe
France : 1956
Titre original : –
Réalisateur : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier, Charles Dorat, Maurice Bessy, Pierre-Aristide Bréal
Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Gérard Blain
Éditeur : Pathé
Durée : 1h55
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 15 septembre 1936
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2016
Cinq ouvriers chômeurs parisiens, Jean, Charles, Raymond, Jacques et Mario, un étranger menacé d’expulsion, gagnent le gros lot de la loterie nationale. Jean a l’idée de placer cet argent en commun, dans l’achat d’un vieux lavoir de banlieue en ruine, qu’ils transformeront en riante guinguette dont ils seront les copropriétaires. Ils s’attellent à la besogne avec confiance. Mais la solidarité du groupe est fragile… Le destin s’acharne sur eux. Bientôt, il ne reste plus de la joyeuse équipe que Charles et Jean qui sont amoureux de la même femme, Gina…
Pathé propose pour la première fois de découvrir une version totalement inédite du film, telle qu’elle a été voulue par Julien Duvivier. Celle-ci se différencie de la version exploitée en salles au moment de sa sortie. En effet, suite aux premiers retours négatifs du public sur la version pessimiste réalisée par Julien Duvivier, il a été imposé au cinéaste de « retourner » une fin beaucoup plus optimiste que la version exploitée jusque-là. Aujourd’hui, la version d’origine voulue par Julien Duvivier a été restaurée et sera donc à découvrir en DVD et Blu-ray le 1er juin 2016. Réalisé au sommet de la carrière de Duvivier, entre La bandera et Pépé le Moko, La belle équipe deviendra un film emblématique de l’avènement du Front Populaire (été 1936). Traitant des thèmes dans l’air du temps tels que la solidarité ouvrière, l’aspiration aux loisirs et à la propriété, le film de Julien Duvivier en reflète ses enthousiasmes, ses espoirs et ses désillusions. Pourtant, le réalisateur s’est toujours défendu d’avoir réalisé un film politiquement engagé. La belle équipe est avant tout un éloge à la fraternité, un hymne à la mélancolie et aux joies simples. C’est l’histoire d’un groupe de copains qui, dans leur élan de fraternité aurait pu contribuer à constituer un film allègre mais devant l’œil pessimiste du cinéaste, une toile de fond tissée de désillusions et d’échecs s’insinue peu à peu. Écrit par Julien Duvivier et Charles Spaak, le scénariste de Renoir, Marcel L’Herbier, Jean Grémillon…, La belle équipe offre aussi à Jean Gabin l’un de ses plus beaux rôles. Le comédien continue d’incarner cette gueule d’amour du cinéma français que lui avait déjà assignée Julien Duvivier dans La Bandera. Ici, il devient un héros des classes ouvrières et livre une interprétation convaincante aux côtés de Charles Vanel, un autre monstre sacré.
(source : dossier de presse)
[youtube]https://youtu.be/BPvLpJx7-CE[/youtube]
La fin du jour
France : 1939
Titre original : –
Réalisateur : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier, Charles Spaak
Acteurs : Victor Francen, Michel Simon, Louis Jouvet
Éditeur : Pathé
Durée : 1h48
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 24 mars 1939
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2016
L’abbaye de Saint-Jean-la-Rivière menace de fermer ses portes. Ce qui serait une véritable catastrophe pour ses pensionnaires, tous de vieux comédiens sans ressources. Saint-Clair, acteur autrefois adulé et grand séducteur de femmes, vient justement d’y arriver et y retrouve Marny, grand rival dont il avait jadis séduit la femme, et Cabrissade, artiste de second ordre…
De retour d’Hollywood en août 1938, Julien Duvivier réalise La fin du Jour qu’il avait déjà en tête avant de partir aux États-Unis. Ce film sera l’un des films préférés du réalisateur, au même titre que Poil de Carotte. Traitant de sa propre histoire, il y livre sa vision du métier de comédien. En effet, le réalisateur s’était lui-même essayé plus jeune au jeu d’acteur, tentative qui s’était alors soldée par un échec. Duvivier filme ainsi la fin de vie d’acteurs à la carrière inégale et dresse un portrait de la vieillesse avec une sécheresse rare. Décrépitude des corps et des esprits, peur de la mort, angoisses qui se transforment en haine, La fin du Jour est une sorte d’étude de mœurs du troisième âge à travers une vision d’un monde désenchanté et amer. Avec une subtile ironie, le cinéaste a réussi à faire incarner ses personnages, des comédiens minables de second plan, par les plus grands monstres du cinéma hexagonal. Louis Jouvet, Michel Simon et Victor Francen interprètent avec une grande virtuosité des personnages brisés par la vie dont les rêves de reconnaissance se sont heurtés à la réalité du métier d’artiste. Par sa mise en scène stylisée, magnifiquement éclairée par le directeur photo de Max Ophüls, et par ses dialogues, ou plutôt ses ravissements verbaux, écrits pas Charles Spaak, l’un des meilleurs scénaristes du cinéma français de l’entre-deux-guerres, La fin du jour est indéniablement l’un des chefs-d’œuvre du septième art français des années 30. Film pessimiste certes, mais indiscutablement beau dans cette âpreté. On touche ici à la quintessence de l’art de Duvivier, celle, qui s’inscrivait déjà dans La belle équipe et Voici le temps des assassins.
(source : dossier de presse)
[youtube]https://youtu.be/HHhTMZ9yDsk[/youtube]
Voici le temps des assassins
France : 1956
Titre original : –
Réalisateur : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier, Charles Dorat, Maurice Bessy, Pierre-Aristide Bréal
Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Robert Arnoux
Éditeur : Pathé
Durée : 1h53
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 13 avril 1956
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2016
A Paris, André Chatelin, un restaurateur au grand cœur, voit débarquer la fille de sa première épouse qu’il n’a pas vue depuis des années. La jeune femme se prénomme Catherine et déclare que depuis la mort de sa mère à Marseille elle n’a nulle part où aller. Bientôt, la jeune fille tente d’évincer Gérard, un sympathique étudiant sans le sou qu’André considère comme son fils. Ce n’est que le début de son projet machiavélique…
Si Julien Duvivier a souvent été considéré comme un cinéaste de la noirceur intégrale, Voici le temps des assassins intervient à une période sombre pour le réalisateur, livrant ainsi le film le plus noir, le plus dur, et le plus amoral de toute sa filmographie. A partir d’un tableau réaliste, le cinéaste réussit à nous entraîner dans un ténébreux tourbillon de mensonges, de complots et d’ignominie grâce à une intrigue noire et rocambolesque. C’est le film des grandes retrouvailles entre Duvivier et Jean Gabin. Près de 20 ans après l’époque de leur grande collaboration, ils se retrouvent sur ce projet qui sera le dernier. Jean Gabin abandonne son rôle de séducteur d’avant-guerre, pour devenir un restaurateur manipulé par une jeune garce incarnée par Danièle Delorme, prête à tout pour sortir de la misère. Au final, le comédien déborde de réalisme. Ce film participe au grand retour de l’acteur peu après Touchez pas au Grisbi. Sombre et désenchanté, Voici le temps des assassins dépeint l’aveuglement amoureux dans un monde où les femmes sont manipulatrices, perfides, possessives ou folles. Danièle Delorme y incarne avec maestria toutes ces facéties. Loin de ses rôles de jeune première, elle se révèle parfaite dans le rôle d’un monstre absolu. Voici le temps des assassins est l’occasion pour le cinéaste de scruter la noirceur des âmes. A travers des attitudes, des silhouettes, des personnages, il peint un monde pittoresque qui apparaît rétrospectivement comme le symptôme d’une société en pleine mutation.
(source : dossier de presse)
« Voici le temps des assassins me semble le meilleur (des films de Duvivier), celui dans lequel on peut sentir sur tous les éléments : scénario, mise en scène, jeu, photo, musique, etc…, un contrôle qui est celui d’un cinéaste parvenu à une totale sûreté de lui-même, et de son métier. »
François Truffaut, Arts, 18 avril 1956.
« C’est au cœur de Paris, hébergeant encore au milieu des années 1950 le tohu-bohu du marché des Halles, que démarre cette histoire hautement mélodramatique dont les pieds d’argile sont habilement cachés par la mise en scène très fluide de Julien Duvivier. En effet, Voici le temps des assassins n’est pas du tout le genre de film à nous impressionner grâce à la substance dramatique de son scénario. A peine plus sophistiquée qu’un roman de gare rempli de clichés, l’intrigue se déroule néanmoins sans accroc notable, le dénouement grandiloquent mis à part. Toute la tension artificielle, à laquelle la mise en scène avait apporté jusque là un soin démesuré pour un tel amas de banalités, s’y décharge avec fracas. A l’issue de ce film exemplaire du cinéma de qualité français de l’époque, contre lequel les plumes en colère des Cahiers du cinéma avaient tendance à s’insurger, nous restons donc avec un léger arrière-goût amer. Toutefois, cette réserve mineure ne relativise guère l’impression globale très solide, portée par le monument si impassible et si humain Jean Gabin. Son personnage subit stoïquement l’agitation et les manipulations des jeunes gens qui lui tournent autour avec toute la noblesse désabusée qui rendait le comédien unique. »
Retrouvez l’intégralité de la critique de Tobias Dunschen en cliquant sur ce lien.
[youtube]https://youtu.be/wsUcd63KPAY[/youtube]
Les Blu-ray
[5/5]
Ces trois classiques du cinéma français signés Julien Duvivier et édités en Blu-ray par Pathé ce mois-ci affichent véritablement une forme insolente, prouvant à nouveau le soin maniaque apporté par l’éditeur à ses restaurations de films de patrimoine. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble. Une réussite totale. Côté son, les films sont proposés dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 propres et clairs, restituant parfaitement les dialogues.
Dans la section suppléments, les trois films proposent les habituelles bandes-annonces ainsi que ainsi que plusieurs documentaires rétrospectifs articulés autour d’entretiens avec Eric Bonnefille (auteur de « Julien Duvivier – Le mal aimant du cinéma français ») et Hubert Niogret (auteur de « Julien Duvivier – 50 ans de cinéma »). Plusieurs montages d’archives donnent également à voir et entendre Charles Spaak (scénariste), Viviane Romance (comédienne) ou encore le légendaire Michel Simon.