Trepalium
France : 2016
Titre original : –
Créateurs : Antarès Bassis, Sophie Hiet
Réalisateur : Vincent Lannoo
Acteurs : Léonie Simaga, Pierre Deladonchamps, Lubna Azabal
Éditeur : Arte Éditions
Durée : 5h00 environ
Genre : Série TV, Science-fiction
Date de sortie DVD/BR : 3 février 2016
Dans un futur proche, dans une société où 80% de la population est sans emploi, une jeune femme, Izia, tente de survivre. Elle est née dans « la Zone », du mauvais côté du Mur, un Mur qui a été dressé pour séparer les Zonards des 20% d’Actifs de la Ville. Au fil du temps, les tensions se sont accentuées entre les deux territoires : une rébellion est née parmi certains chômeurs. Les Activistes multiplient les actes de sabotage et de pression, et l’équilibre entre la Ville et la Zone se fragilise. Le Gouvernement décide alors de mettre en place la mesure des « Emplois Solidaires » pour calmer la situation : 10.000 habitants de la Zone vont être sélectionnés pour travailler dans la Ville…
Le film
[3,5/5]
Trepalium est une mini-série de science-fiction française, dont la diffusion sur Arte est prévue entre le 11 et le 18 février. Créée par Antarès Bassis et Sophie Hiet, la série est une dystopie à forte connotation sociale ; cependant, la vision du futur qui nous y est proposée, très proche d’un 1984 par exemple, reste très ancrée dans la science-fiction, nous proposant un monde trop éloigné du notre pour que l’on puisse parler de « politique fiction » ou de simple anticipation. En effet, le monde terne et ascétique de Trepalium nous propose une vision de l’avenir au cœur de laquelle les éléments rétro-futuristes (architecture, vêtements, véhicules, etc) côtoient de près des écrans nombreux et permanents très influencés par la SF populaire américaine, diffusant publicités et autres annonces gouvernementales. Les teintes grisâtres dominent, les personnages semblent tellement dominés par leur environnement qu’ils agissent comme des robots du côté des 20 % de « travailleurs », tandis que les 80% de sans-emploi survivent en gardant de leur côté la liberté et les émotions humaines.
La série remet donc en avant la réflexion sur la place du travail dans la société, à la façon de nombreuses autres œuvres avant elle ; néanmoins en n’évitant pas un certain « manichéisme » dans son traitement Trepalium s’apparente finalement d’avantage à une « fable » philosophique sur les dérives de la société actuelle -où l’activité professionnelle est un enjeu politique majeur- qu’à un réel « pavé dans la mare », qu’on aurait pu comparer à des films brillantissimes tels que Bienvenue à Gattaca ou Les fils de l’homme. Sans vouloir donc « refaire le monde » ou faire de la série ce qu’elle n’est pas, on ne peut s’empêcher de penser que Trepalium aurait pu, en modifiant légèrement ses axes narratifs, gagner en originalité et probablement d’avantage toucher sa cible et faire réfléchir le spectateur.
Néanmoins et en filigrane, les auteurs du show parviennent à poser la question de l’utilité du travail, et à remettre en question les valeurs d’une société où chaque être humain est censé se « définir » à travers le travail qu’il abat pour (ou au sein de) la communauté. Ils soulèvent également la question du travail comme instrument de pouvoir, distillant une « peur » toujours plus forte de se retrouver sans emploi. Si le tout n’évite certes pas quelques maladresses, Trepalium a le mérite de mettre ces questions en balance, et demeure néanmoins intéressant jusqu’au dénouement de son intrigue, relativement courte et suffisamment rythmée pour ne pas provoquer le moindre ennui.
Le coffret Blu-ray
[4,5/5]
C’est naturellement Arte Éditions qui nous propose aujourd’hui de découvrir la série sur support Blu-ray, et il y a finalement bien peu à (re)dire sur les deux galettes HD qui composent le coffret Trepalium : le boulot éditorial proposé par Arte Éditions sur la série est quasi-irréprochable. L’image (1080i probablement d’origine, comme pour sa diffusion TV) est assez superbe, et propose un encodage de première bourre ; le piqué est précis, et le niveau de détail est très élevé. Même dans les séquences les plus sombres, le master tient la route sans le moindre souci. Coté son, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 est étonnamment dynamique, proposant des effets discrets mais efficaces.
Dans la section bonus, l’éditeur nous propose de découvrir l’intégralité de la web-série À l’ombre du mur, journal d’un inutile, qui sert de « prequel » à la série. On poursuivra avec un long et très intéressant entretien avec Vincent Lannoo, qui officie au titre de réalisateur sur la série.