Tout l’argent du monde
États-Unis, Italie : 2017
Titre original : All the money in the world
Réalisation : Ridley Scott
Scénario : David Scarpa
Acteurs : Michelle Williams, Christopher Plummer, Mark Wahlberg
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h13
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 27 décembre 2017
Date de sortie DVD/BR : 27 avril 2018
Rome, 1973. Des hommes masqués kidnappent Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, un magnat du pétrole connu pour son avarice, mais aussi l’homme le plus riche du monde. Pour le milliardaire, l’enlèvement de son petit-fils préféré n’est pas une raison suffisante pour qu’il se sépare d’une partie de sa fortune. Gail, la mère de Paul, femme forte et dévouée, va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Elle s’allie à Fletcher Chace, le mystérieux chef de la sécurité du milliardaire et tous deux se lancent dans une course contre la montre face à des ravisseurs déterminés, instables et brutaux…
Le film
[4/5]
Courant 2017, le cinéma de Ridley Scott a énormément fait réagir sur le Net en général, et sur les réseaux sociaux en particulier. Durant le premier semestre, c’était Alien : Covenant qui était l’objet de tous les regards, déchainant les haines et les passions au-delà de toute limite raisonnable. A l’automne, alors que les foudres des cinéphiles du monde libre avaient abandonné la carcasse fumante d’Alien : Covenant pour se concentrer sur le démolissage en règle de Justice League, c’est dans le contexte de l’affaire Weinstein que Ridley Scott reviendrait au cœur de tous les débats : suite aux accusations d’agressions et harcèlement sexuel de la part de plusieurs hommes à l’encontre de Kevin Spacey, le cinéaste a pris la décision, de concert avec ses producteurs et associés, de retourner avec un autre acteur toutes les scènes de son nouveau film Tout l’argent du monde dans lesquelles Spacey apparaissait.
Orchestré comme une véritable opération de promo et de communication, cette vague de reshoots avec Christopher Plummer a permis d’offrir une exposition médiatique quasiment inespérée à un film dont le potentiel commercial n’était pas forcément le plus évident de la carrière de Scott ; cependant, le revers de la médaille est naturellement que Tout l’argent du monde a attiré l’attention du monde entier pour de mauvaises raisons, en tous cas très éloignées de sa valeur réelle en tant qu’œuvre cinématographique. Et s’il est toujours impossible quelques mois après sa sortie de faire totalement abstraction de cette « affaire » (d’autant que Bernardo Bertolucci en a remis une couche le week-end dernier lors de la présentation de la version restaurée du Dernier tango à Paris, en déclarant que Ridley Scott devrait « avoir honte » d’avoir écarté Spacey du montage final), la sortie du film de Ridley Scott en vidéo nous permet de revoir le film à tête un peu plus reposée…
Et en toute honnêteté, l’acteur qui fera la plus forte impression au cœur de Tout l’argent du monde est paradoxalement… Christopher Plummer, impérial dans la peau d’un self-made man présenté à la fois comme le symbole de la réussite américaine mais également comme la pire des ordures, incapable du moindre sentiment ; le film de Ridley Scott le montre, par la magie du montage alterné, parallèlement refuser de payer la rançon pour libérer son petit fils et claquer plusieurs millions de dollars pour s’offrir une toile d’Albrecht Dürer sur le marché noir. Peu subtil certes – mais foutrement efficace, d’autant que ce vieux briscard de Ridley Scott, secondé par son complice Dariusz Wolski à la photo, est toujours capable de livrer au public des plans littéralement sublimes, puissamment iconiques, claquant à l’image et impressionnant la rétine du spectateur comme autant de véritables tableaux de maîtres.
Egalement porté par les remarquables compositions de Michelle Williams, Mark Wahlberg, mais aussi, en arrière-plan, d’un Romain Duris absolument excellent dans la peau d’un kidnappeur pas si insensible qu’il en a l’air, Tout l’argent du monde développe une tension d’une efficacité redoutable, dont la réussite est uniquement tempérée par une gestion du rythme un peu chancelante (surtout dans sa première partie), qui empêchera peut-être un peu aux morceaux de bravoure de la deuxième partie du film – mention spéciale à un découpage d’oreille pas piqué des hannetons, qui rappellera forcément aux amateurs de thriller la séquence du « dentiste » dans Marathon man – d’obtenir sur le spectateur tout l’impact qu’ils auraient dû avoir.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Avec la sortie de Tout l’argent du monde sur support Blu-ray, Metropolitan Vidéo démontre à nouveau son savoir-faire technique, et nous livre une véritable galette de démonstration, à la définition et au piqué d’une précision excellente, offrant également des couleurs littéralement explosives et des contrastes soignés : une véritable merveille de précision qui provoquera à coup sûr l’ébahissement du spectateur devant les compositions de plans époustouflantes proposées par Ridley Scott et Dariusz Wolski. Côté son, la version originale et la version française sont, comme d’habitude avec l’éditeur, proposées dans d’impressionnants mixages DTS-HD Master Audio 5.1 : le rendu est ample et dynamique, voire même carrément explosif au niveau des basses ; les deux versions sont somme toute très proches en terme de spectacle.
Au rayon des suppléments, on trouvera tout d’abord une série de sept minutes de scènes coupées, sans doute écartées du montage final pour de simples raisons de rythme, qui s’accompagneront de deux featurettes s’attardant sur la reconstitution historique et sur le casting du film. En revanche, on ne cachera pas notre surprise à la découverte d’un sujet intitulé « Nouveau casting, nouveau tournage » et consacré aux huit jours de reshoots destinés à « gommer » du film la présence de Kevin Spacey ; le tout est placé sous le signe des défis techniques que cette décision représentait. Très intéressant !