Titan
États-Unis, Royaume-Uni, Espagne : 2018
Titre original : The titan
Réalisation : Lennart Ruff
Scénario : Max Hurwitz, Arash Amel
Acteurs : Sam Worthington, Taylor Schilling, Tom Wilkinson
Éditeur : TF1 Studio
Durée : 1h37
Genre : Science-fiction
Date de sortie DVD/BR : 15 mai 2018
Dans un futur proche où la terre a épuisé ses ressources, des scientifiques ont trouvé la solution : envahir l’espace. Ils mènent une opération spéciale dans laquelle ils tentent d’adapter le génome de militaires cobayes au nouvel univers jugé habitable : Titan, la lune de Saturne…
Le film
[3,5/5]
Sorti discrètement sur les plate-formes de e-cinema fin mars 2018, Titan est le premier long-métrage de Lennart Ruff, et s’était fait remarquer en début d’année lors de l’édition 2018 du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer.
Pur film de science-fiction, Titan joue la carte de l’anticipation : dans un avenir proche, toutes les ressources de la Terre sont épuisées, et l’avenir de l’humanité réside dans un exil forcé sur Titan, une des lunes de Saturne, malheureusement inhabitable à cause de son climat hostile et de son manque d’oxygène. Des expériences sont donc menées sur des soldats et leurs familles afin de provoquer une « évolution » du genre humain qui rendrait la vie sur Titan possible à ces colons d’un nouveau genre… C’est donc Sam Worthington qui sera le cobaye tout désigné de ces expériences ; on comprend bien sûr les scientifiques du film, qui avaient dû voir Avatar et s’étaient probablement dit qu’il était le candidat parfait, puisqu’il avait déjà fait l’expérience de ce genre de métamorphose.
Blague à part, le film de Lennart Ruff se concentrera sur la série d’épreuves physiques et d’inoculations de sérums divers, qui accoucheront donc dans le dernier tiers du métrage de la naissance d’une « créature », mi-homme, mi-alien – on ne trahit ici aucunement le déroulement du récit, puisque la mutation en question est déjà largement dévoilée sur toutes les affiches du film que vous pourrez trouver sur le Net. Traitée avec le plus grand sérieux du monde, l’intrigue de Titan joue donc la carte de la science-fiction « old school » à la lenteur savamment calculée. Les scènes d’exposition sont efficaces et dénotent d’un réel amour du genre de la part du cinéaste, qui se tient éloigné de toute tentation d’humour ou de second degré.
Alors que son corps (son humanité ?) se modifie, que tout son être semble se désagréger, le personnage de Sam Worthington se plongera dans un mutisme et une dépression extrêmes – dans sa dernière partie, Titan effleurera plusieurs thématiques très intéressantes, évoquant de façon symbolique la problématique de la maladie incurable et dégénérative, et surtout l’impact que cette dernière peut avoir sur la vie de couple, la famille ou même dans le regard des autres. La mémoire au centre de toutes les préoccupations, l’amour et la compassion qui virent à la pitié, la dislocation de la cellule familiale, le deuil impossible qui se mêle à la tentation de l’euthanasie ou de la « mort assistée »… Ce sont autant de thèmes forts et puissants qui se bousculent au cœur de la dernière partie du film de Lennart, et révèlent son caractère profondément ambitieux, proposant une réflexion allant bien au-delà de la simple série B de militaires et d’extra-terrestres.
Et contre toute attente, Titan est bel et bien réalisé avec un savoir-faire remarquable, doublé d’une subtilité qui, vraiment, détonne au cœur d’un cinéma américain où chaque symbole est souvent surligné à cinq reprises afin qu’il ne puisse pas échapper au spectateur – on vous invite pour vous en convaincre à [ATTENTION SPOILERS] bien observer le ventre du personnage de Taylor Schilling dans la toute dernière séquence du film : vous remarquerez peut-être un élément narratif vous ayant échappé, et sur lequel le cinéaste n’a pas cru bon de s’appesantir comme l’auraient fait la plupart des metteurs en scène Hollywoodiens…
Le Blu-ray
[4/5]
C’est donc TF1 Studio qui nous propose aujourd’hui de découvrir Titan sur support Blu-ray, et comme sur toutes ses galettes HD l’éditeur nous propose un encodage maitrisé en 1080p. Du côté du master, la définition est d’une précision remarquable, les couleurs sont très saturées, mais les rouges ont une bonne tenue et les noirs très stables et jamais bouchés : c’était indispensable étant donné que de très nombreuses séquences du film se déroulent de nuit. Côté son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1, et tous deux font le djaube sans aucun problème. Naturellement, on trouvera plus de finesse et une spatialisation plus spectaculaire sur la version originale, mais la VF n’a globalement pas à rougir de sa prestation technique, dynamique et enveloppante en diable : du très beau travail.
Dans la section suppléments, TF1 Studio nous propose un court making of très riche en entretiens avec l’équipe du film, et nous proposant en moins de dix minutes un état des lieux étonnamment intéressant et complet du tournage.