Thunder road
États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Jim Cummings
Scénario : Jim Cummings
Acteurs : Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h31
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 12 septembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 8 février 2019
Jimmy Arnaud, policier d’une petite ville du Texas, doit gérer son divorce, la garde de sa fille Crystal et les risques de sa vie de policier. A la mort de sa mère dont il était très proche, Jimmy fait face au plus grand défi de sa vie…
Le film
[3,5/5]
Intégralement porté par la personnalité de Jim Cummings, qui assure à la fois l’écriture, la mise en scène, le montage et les effets visuels du film dont il tient également le premier rôle, Thunder road porte sur lui tous les stigmates du film américain indépendant. Cependant, le film de Cummings, lauréat du « Grand Prix » du dernier Festival du cinéma américain de Deauville, parvient tout de même au fil des séquences à se développer un univers, un ton et une ambiance tout à fait singulières, qui lui confèrent au final une valeur bien supérieure au tout venant du « mumblecore » ou du film indé New Yorkais de la hype super swag que tout le monde aura oublié dans deux ans.
Se reposant quasi-uniquement sur les tribulations d’un agent de police dont l’existence toute entière semble s’écrouler suite au décès de sa mère, Thunder road nécessitera du spectateur une certain effort d’empathie vis-à-vis du personnage principal, James Arnaud, qui se révélera rapidement complètement perdre les pédales. Constamment à fleur de peau, impulsif, perclus de frustrations, voire même par certains aspects absolument crétin, Arnaud n’en demeure pas moins un personnage profondément attachant, auquel Jim Cummings apporte réellement une « humanité » criante de vérité, ce qui lui permet finalement d’éviter in extremis les clichés ou la caricature agressive / cynique à la Todd Solondz.
Point de méchanceté à l’horizon dans Thunder road en effet, qui suit sans juger ce personnage hors normes, dont la dérive en dehors des clous est juste soulignée par certains parallèles dressés entre sa trajectoire personnelle et celle d’autres personnages du film, comme ce clodo ayant perdu la raison et criant en pleine rue « They don’t know, They don’t know », schéma qui sera reproduit à l’identique quelques scènes plus tard par le personnage principal. Cummings trouve là une manière habile de souligner à quel point les comportements les plus outranciers paraissant à priori dénoter de la folie ne sont tous, finalement, qu’une simple question de contexte et peuvent trouver une explication dans le vécu des individus en question. Une belle ode à l’humanité et à l’altruisme, s’offrant par ailleurs quelques passages vraiment hilarants, développant un humour à froid très particulier.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le Blu-ray de Thunder road – disponible depuis le 8 février chez tous les bons dealers de culture – nous arrive sous les couleurs de Blaq Out, qui, comme à son habitude, a bien soigné sa copie numérique. En effet, côté image, le master 1080p du film s’avère d’une propreté et d’une stabilité impeccables, la définition et le piqué son au taquet, le Blu-ray impose rapidement sa colorimétrie pimpante et ses contrastes solides. Côté son, le film est proposé soit en DTS-HD Master Audio 5.1, dans un mixage parfaitement clair et bien spatialisé, soit en DTS-HD Master Audio 2.0, option plus cohérente si vous visionnez le film sur un simple téléviseur. On notera bien une ou deux petites fautes et/ou approximations au cœur des sous-titres français, mais rien de dramatique : le film de Jim Cummings s’offre une très belle présentation Haute-Définition.
Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un condensé de la conférence de presse donnée par Jim Cummings à Deauville : cela sera l’occasion de découvrir l’acteur / réalisateur sans moustache, et de l’écouter évoquer ses méthodes de travail, ainsi que la production du film et des courts-métrages qui l’ont précédé, tous tournés en plans-séquences. Il indique également être assez proche du personnage qu’il incarne à l’écran, et avoue beaucoup pleurer dans la vie de tous les jours, Jim Arnaud étant présenté comme une « version plus pathétique » de lui-même. On terminera le tour des suppléments avec le court-métrage The robbery, formidable plan-séquence suivant un braquage à main armée durant lequel rien ne se déroule comme prévu ; comme dans le cas de Thunder road, ce petit film se déroule sur un fil très ténu entre l’humour et l’émotion, et mériterait peut-être bien également d’être « prolongé » sous la forme d’un long-métrage, qui nous permettrait de suivre d’avantage ce personnage haut en couleurs, incarné à l’écran par Rae Gray, auparavant vue dans quelques épisodes de Fear the walking dead.