Test Blu-ray : The Nevers – Saison 1 / Partie 1

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The Nevers – Saison 1 / Partie 1


États-Unis, Royaume-Uni : 2021
Titre original : –
Création : Joss Whedon
Acteurs : Laura Donnelly, Ann Skelly, Olivia Williams
Éditeur : HBO
Durée : 5h50 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 6 octobre 2021

Août 1896. Le Londres victorien est ébranlé par un événement surnaturel qui donne à certaines personnes – principalement des femmes – des capacités anormales, du merveilleux au dérangeant. Mais quel que soit leur « tour » particulier, tous ceux qui appartiennent à cette nouvelle sous-classe sont en grave danger. Il incombe à la mystérieuse veuve au sang chaud Amalia True et à la jeune et brillante inventrice Penance Adair de protéger et d’abriter ces « orphelins » surdoués. Pour ce faire, ils devront affronter des forces brutales déterminées à anéantir leur espèce…

La saison

[4/5]

Les réputations se font et se défont très vite à Hollywood, et Joss Whedon en a récemment fait les frais. Considéré il y a un peu plus de dix ans comme un des rois de l’usine à rêves, Whedon était célébré comme un scénariste de génie, qu’il s’agisse de ses créations TV (Buffy contre les vampires, Firefly) ou destinées au cinéma (Serenity, Avengers). Les choses ont commencé à se compliquer en 2017 avec Justice League, dont il a assuré les reshoots et la post-production : les défauts du film et ses résultats catastrophiques au box-office ternissent un peu l’image de Joss Whedon.

Mais ce n’est que quelques années plus tard – en août 2020 pour être précis – que tout s’écroule pour Whedon : Ray Fisher, l’interprète de Cyborg dans Justice League, dépose une plainte à son encontre, pour comportement abusif. L’acteur est rapidement soutenu dans ses accusations par ses collègues Jason Momoa, Kiersey Clemons et Gal Gadot ; les acteurs de l’univers cinématographique DC mettent le feu aux poudres, et les langues se délient : d’anciens collaborateurs de Joss Whedon (Charisma Carpenter, actrice sur Buffy, Jose Molina, scénariste sur Firefly) dénoncent également son comportement odieux, et sa propension à se montrer cruel et blessant, surtout auprès de ses collaboratrices.

Il n’en faudrait pas plus pour que Joss Whedon annonce, en novembre 2020, son départ de la série The Nevers, sa toute dernière création, dont le tournage était alors interrompu par la pandémie de Covid-19. Casey Bloys, CCO de HBO, n’a pas donné davantage de détails sur le départ de Whedon du poste de showrunner sur sa propre série, ni confirmé que les dirigeants du Network américain lui avaient gentiment montré la porte. Cependant, il a dévoilé qu’une enquête avait été menée du côté des équipes de The Nevers, et que la chaîne n’avait pas reçu la moindre plainte concernant un comportement inapproprié sur ce projet en particulier.

Le revers de la médaille réside dans « l’effacement » médiatique du créateur du show : lors de la promotion de la série début 2021, aucune mention de la participation de Joss Whedon n’a été faite ; toute communication autour du nom du créateur de Buffy contre les vampires a été tout simplement annihilée. Pourtant, on ne pourra que saluer un élément notable : The Nevers est une série « originale », créée pour le petit écran par Joss Whedon. Chose rarissime de nos jours, il ne s’agit ni d’un spin-off, ni d’une adaptation de comics ou de roman. Une série créée de A à Z pour HBO. Et rien que pour cela, il nous faut tout de même saluer ici Whedon, qui crée un univers certes sous influences, mais dont l’origine n’est pas à attribuer à un autre média – rendons à César ce qui lui appartient…

Des « X-Women » dans l’Angleterre Victorienne – voici en quelques mots comment on pourrait décrire le postulat de départ de The Nevers. Il va sans dire qu’il y a un peu d’Umbrella Academy, un peu de Doom Patrol, mais également un peu de La Ligue des gentlemen extraordinaires dans la nouvelle série créée par Joss Whedon, qui reprend la dynamique du groupe de super-héros inadaptés en la situant dans le Londres du XIXème siècle, et en mettant en scène des personnages de super-héros quasi-exclusivement féminins. L’aliénation sociale, l’acceptation de soi, l’éternelle dichotomie entre pouvoir et responsabilité et une touche de féminisme bon teint se bousculent donc au rayon des thématiques les plus immédiatement évidentes au cœur de The Nevers.

Les éléments les plus récurrents de la « fantaisie Victorienne » sont bel et bien de la partie : courses-poursuites entre calèches et automobiles, bagarres en corset, gadgets Steampunk… Mais The Nevers, en lui intégrant une touche super-héroïque inattendue et en la traitant avec le plus grand sérieux du monde, parvient à faire le pont entre la fantaisie pure et le thriller le plus étouffant : meurtres sanglants et ambiance délétère bien glauque évoquent ainsi les heures les plus sombres de White Chapel. On ajoutera à cela une petite touche sociale efficace, avec dénonciation de la société patriarcale, du strict système de classes britannique et des mœurs dissolues de la Haute-Société Londonienne.

Le Pr. Xavier avait son académie de Mutants, Lavinia Bidlow (Olivia Williams) a quant à elle son orphelinat à destination des « touchés », des personnes – essentiellement des femmes – s’étant mises à développer des pouvoirs à la suite d’un événement qui nous sera révélé à la fin du premier épisode, et qui sera d’ailleurs l’objet d’une séquence magnifique, d’une rare poésie. Les effets spéciaux et la photo de The Nevers sont d’ailleurs absolument remarquables, et constituent un des points forts du show, même s’il faudra peut-être un petit temps d’adaptation au spectateur afin de s’habituer à sa photo éthérée, presque « Hamiltonienne ».

Au centre de cette première « moitié » de saison (la scénariste britannique Philippa Goslett reprendra le poste de showrunner pour la deuxième partie en 2022), The Nevers met essentiellement en avant deux personnages féminins forts : Amalia True (Laura Donnelly), qui possède des dons de précognition à court terme, et Penance Adair (Ann Skelly), « inventrice » de génie capable de capter l’énergie électrique. Évidemment, les rebondissements sont nombreux, et on ne peut pas trop en révéler sur l’intrigue de The Nevers, ni sur l’identité de certains personnages qui se révéleront rapidement être les « super-méchants » de l’histoire. Néanmoins, on peut citer une tueuse en série complètement chtarbée appelée Maladie (Amy Manson), conçue par Joss Whedon et ses scénaristes comme une sorte d’équivalent victorien d’Harley Quinn, les pouvoirs en plus.

Dans les meilleurs moments de cette première saison, The Nevers offre vraiment au spectateur de sacrés éclairs de génie, se cachant derrière un joyeux bric-à-brac d’idées, de personnages, d’intrigues secondaires, d’effets spéciaux et de scènes d’action. On attend la suite !

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc sous les couleurs de HBO que sort aujourd’hui au format Blu-ray The Nevers – Saison 1 / Partie 1. Et comme souvent avec l’éditeur, techniquement parlant, il n’y a pas grand-chose à redire sur ce coffret Blu-ray, pour lequel l’éditeur renoue avec l’excellence, que dis-je, la maestria technique que l’on pouvait déjà rencontrer sur des séries telles que Game of thrones ou, plus récemment, True Detective. L’image est sublime, les couleurs et les contrastes en envoient plein les yeux, les noirs sont denses, le piqué d’une précision à couper le souffle… C’est vraiment le top niveau. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO joue essentiellement sur les ambiances, bien enveloppantes : si l’on vous conseille plutôt la version originale pour des raisons artistiques (pour les voix et intonations originales des comédiennes), la version française encodée en Dolby Digital 5.1 se défend plutôt bien, avec quelques effets Surround qui dépotent sur les scènes d’action.

Rayon suppléments, il y a également de quoi s’occuper un moment : ce sont en effet presque deux heures de featurettes que nous propose HBO, dans un style certes promotionnel mais tout à fait informatif. On y reviendra sur l’intrigue et le contexte (8 minutes), sur les différentes thématiques abordées par la série (17 minutes), sur les différents personnages, naturellement présentés par leurs interprètes (29 minutes), sur le tournage et les effets spéciaux (15 minutes) ainsi que sur certaines scènes-clés de cette première saison, dont il vaut mieux ne pas parler afin de ne pas verser dans les [Spoilers] (6 sujets, 47 minutes). On terminera enfin avec deux petits focus particuliers consacrés à la monteuse Lisa Lassek (2 minutes) ainsi que sur une des réalisatrices de la série, Zetna Fuentes (2 minutes).

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