The hunt
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : Craig Zobel
Scénario : Nick Cuse, Damon Lindelof
Acteurs : Betty Gilpin, Hilary Swank, Ike Barinholtz
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h30
Genre : Thriller, Horreur
Date de sortie cinéma : 22 juin 2020
Date de sortie DVD/BR : 30 septembre 2020
Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble pour la première fois dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains. Mais leurs sombres desseins vont être mis en péril par Crystal, une de leurs proies, capable de les battre à leur propre jeu. La jeune femme renverse les règles, et abat un par un les chasseurs qui la séparent de la mystérieuse femme qui tire les ficelles de ce passe-temps macabre…
Le film
[4/5]
Œuvre « concept » tout à fait typique et cohérente dans le giron de Blumhouse Pictures, The hunt met en scène un groupe de personnes se réveillant dans une clairière après avoir été enlevés. Devant faire face au sifflement des balles et des flèches, ils mettront bien peu de temps à réaliser qu’ils sont devenus le gibier d’une chasse un peu particulière. Mais qui se cache derrière cette chasse à l’homme, et pour quelle raison ?
L’idée d’une « chasse à l’homme » organisée par des élites n’est pas nouvelle, et a déjà fait l’objet de nombreux films depuis Les chasses du Comte Zaroff (Irving Pichel & Ernest B. Schoedsack, 1932) : on pense notamment à des films tels que Chasse sanglante (Robert Hughes, 1986), Death chase (David A. Prior, 1988), Chasse à l’homme (John Woo, 1993), Que la chasse commence ! (Ernest Dickerson, 1994) ou encore Wedding nightmare (Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett, 2019).
Avec The hunt néanmoins, le réalisateur Craig Zobel décide de prendre le genre à contrepied. On avait découvert le cinéaste en 2012 avec le malsain Compliance, qui questionnait déjà la société américaine par le biais de la question de « l’obéissance » aveugle de certains de ses contemporains à l’autorité. En abordant ici de front le film de genre, et avec l’aide de ses scénaristes Carlton Cuse et Damon Lindelof, Zobel va encore un peu plus loin en mettant en scène à l’écran une espèce de lutte des classes barbares et absolument jouissive.
Car loin d’être des « rednecks », qui représentent la menace habituelle du genre survival, ou des aristocrates chassant un gibier humain pour le « frisson » de l’interdit, les chasseurs de The hunt sont en effet de riches libéraux conscientisés à outrance, appliquant à la lettre toutes les règles du politiquement correct. Interagissant entre eux comme le font les ayatollahs de la bien-pensance sur les réseaux sociaux, ils poussent leur credo concernant l’égalité entre genres et entre sexes jusqu’à un point de non-retour. Ainsi, dans The hunt, les chasseurs s’attaquent à une sélection de beaufs et de rednecks en tous genres, triés sur le volet, choisis pour avoir affiché sur Internet leurs idées conservatrices ou complotistes, ou tout simplement pour avoir exprimé leur passion pour la chasse ou tenu des propos diffamatoires.
A la tête de ces proies, c’est l’inconnue Betty Gilpin qui tirera son épingle du jeu, damant le pion à une poignée d’acteurs plus connus (Emma Roberts, Ike Barinholtz, Ethan Suplee) qui ne feront finalement que passer à l’écran. Actrice au physique singulier, elle joue parfaitement de son visage et de ses expressions, qui contribuent à en faire un personnage étrange, presque cartoonesque, à l’image de la violence du film, volontairement excessive et pleine de gags aussi cruels que parfois franchement macabres. C’est également Betty Gilpin qui portera jusqu’au réjouissant final de The hunt son intéressante réflexion sociale et politique, dont le sens se cache – mal – sous un ensemble de références tordues à la fable d’Ésope de la tortue et du lièvre (qui sera plus tard reprise par La Fontaine) ainsi qu’à La ferme des animaux de George Orwell.
Le Blu-ray
[4/5]
Après un petit passage dans les salles obscures courant juin (période très complexe concernant la fréquentation des cinémas en France), The hunt débarque donc aujourd’hui sur support Blu-ray sous les couleurs d’Universal Pictures. Et voici une galette qui devrait mettre tout le monde d’accord : la jolie photo du film est littéralement sublimée par un encodage Blu-ray sans faille, le piqué et les couleurs sont au taquet et ne souffrent jamais lors des quelques séquences en basse lumière. Définition et niveau de détail sont également extrêmement satisfaisants : c’est du très beau travail. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : grosses basses, spatialisation de ouf malade et effets surround très efficaces sont au programme. La VO est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, et passe en un éclair des ambiances discrètes finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants propres à secouer les murs. La VF mixée en DTS 5.1 est logiquement un peu moins puissante et spectaculaire, mais fait le job sans souci, d’autant que la version française est soignée, proposant quelques trouvailles verbales amusantes.
Du côté des suppléments, Universal Pictures nous propose de découvrir trois featurettes assez courtes, mais qui dresseront mises bout à bout un mini-making of d’une dizaine de minutes. On aura l’occasion d’y écouter le producteur Jason Blum, le réalisateur Craig Zobel, les scénaristes Damon Lindelof et Nick Cuse ainsi que les acteurs Betty Gilpin, Hilary Swank et Ike Barinholtz. Attention cela dit à ne pas visionner ces suppléments avant le film car ils sont riches en [Spoilers].