The hit
Royaume-Uni : 1984
Titre original : –
Réalisation : Stephen Frears
Scénario : Peter Prince
Acteurs : John Hurt, Tim Roth, Terence Stamp
Éditeur : Movinside
Durée : 1h38
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 31 octobre 1984
Date de sortie DVD/BR : 27 juin 2017
Willie Parker, un truand anglais, dénonce ses complices en échange de la liberté. Il vit incognito en Espagne. Dix ans plus tard, ses ex-complices sortent de prison ; ils engagent deux « professionnels », Braddock, le vétéran, et Myron, dont c’est la première mission. Ceux-ci enlèvent Parker et traversent l’Espagne en direction de Paris, poursuivis par la police. Parker, qui s’est préparé depuis dix ans à ce dénouement, reste d’un calme olympien et s’amuse à pousser ses ravisseurs à l’erreur…
Le film
[4/5]
1984 fut une bonne année pour le polar. Parallèlement à la révolution Sang pour sang (Blood simple) des frères Coen, on aura également vu débarquer sur les écrans le britannique The hit signé Stephen Frears, précurseur d’un genre de polar un peu à part qui exploserait durant la décennie suivante sous les impulsions croisées de Quentin Tarantino et de quelques autres, et que l’on pourrait appeler polar « de pieds nickelés ». Mettant en scène des truands improbables -voire franchement idiots- embarqués dans des histoires qui les dépassent complètement, et ayant des réactions parfois franchement irrationnelles, le polar « de pieds nickelés » compte à ce jour d’innombrables représentants, et The hit est en quelque sorte leur ancêtre à tous.
Un ancêtre qui affiche encore de bien beaux restes plus de trente ans après sa sortie en salles : interprété avec fièvre par un quatuor d’acteurs en grande forme, The hit met en scène des personnages qui vont multiplier les mauvaises décisions, s’enfonçant toujours plus dans l’engrenage de la violence et de la folie. De plus, le film de Stephen Frears réussit le tour de force d’être à la fois très divertissant mais également assez subversif, dans le sens où il ne met en scène que des personnages antipathiques : Willie, le « héros » du film, incarné par Terence Stamp, est non seulement une balance mais également un manipulateur provoquant sciemment la mort d’un personnage (le fameux Harry Rose incarné par Bill Hunter), Myron (Tim Roth) s’avère un chien fou doublé d’un dangereux psychopathe, Maggie (Laura del Sol) s’impose en parfaite arriviste et Braddock (John Hurt) ne trouvera de solutions à ses problèmes que dans le meurtre, Art dans lequel il a visiblement une certaine expérience.
The hit impose donc au spectateur quelques séquences quasi-immédiatement anthologiques, accompagnées d’une certaine dose d’humour noir ; les fulgurances humoristiques permettront au spectateur une certaine respiration au milieu de l’escalade de violence. Quelques années plus tard, Stephen Frears reviendrait au polar désabusé avec Les arnaqueurs (1990), qui fonctionne comme un pendant noir et désespéré à son film de 1984.
Le Blu-ray
[4/5]
Après avoir édité deux vagues de films orientés fantastique / science-fiction (« Trésors du Fantastique ») ainsi qu’une vague de « Films de Guerre » le mois dernier, Movinside lance le 27 juin une nouvelle collection de Blu-ray / DVD intitulée « Suspense & Polar », logiquement consacrée au thriller et film policier – la première vague de cette série sera composée de trois films majeurs du genre : Don Angelo est mort (1973), Le flic se rebiffe (1974) et The hit (1984).
Côté Blu-ray, la définition est précise, les couleurs riches et bien saturées, les noirs sont profonds, et la restauration a pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Bien sûr, les plans « à effets » (générique, mentions écrites, fondus enchaînés) accusent des effets du temps, mais le reste est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, le désuet doublage français d’origine étant mixé à un niveau plus bas que son homologue dans la langue de Shakespeare. La VO est également proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, dans un mixage à la spatialisation sobre, respectant parfaitement l’ambiance d’origine.
Pas de bonus à se mettre sous la dent, mais la redécouverte de ces trois films se suffit à elle-même…