Test Blu-ray : The bride with white hair

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The bride with white hair

Hong Kong : 1993
Titre original : Bak fat moh lui zyun
Réalisation : Ronny Yu
Scénario : Ronny Yu, David Wu
Acteurs : Brigitte Lin, Leslie Cheung, Francis Ng
Éditeur : Spectrum Films
Durée : 1h29
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 20 décembre 2003
Date de sortie DVD/BR : 28 février 2020

Zhuo Yi-Hang est un élève de l’école d’arts martiaux Wu Tang. Il est aussi doué que dissipé. Son maître souhaiterait le voir assumer des responsabilités au sein du clan car les troupes mandchoues menacent les frontières de l’Empire. Lien, une jeune femme orpheline ayant grandi parmi les loups, est au service de Ji Wushuang, terribles jumeaux siamois, et des adorateurs du maléfique Culte Suprême qui ont juré la perte du Wu Tang. Alors que tout les oppose, Lien et Zhuo Yi-Hang vont tomber amoureux…

Le film

[5/5]

La renommée en France de The bride with white hair s’est faite en plusieurs étapes. On se doit tout d’abord de saluer Nicolas Boukhrief, qui avait fait le choix de programmer le film dans son « Ciné-Club » sur Canal+ en 1997 : le film de Ronny Yu était alors diffusé sous le titre Jiang-Hu : Entre passion et gloire, même s’il avait avait remporté le « Grand Prix » du Festival international du film fantastique de Gérardmer en 1994 sous le titre La mariée aux cheveux blancs. Quelques années plus tard, en 2005 plus précisément, le film sortirait enfin en DVD en France, sous le titre raccourci de Jiang-Hu, au sein de la collection « Asian Classics » de StudioCanal – une collection initiée quelques années plus tôt par Jean-Pierre Dionnet mais qui était à l’époque dirigée par Benjamin Geffroy (Wild Side).

[EDIT :] Jean-Pierre Dionnet nous a fait savoir via Facebook que l’aventure autour de The bride with white hair a commencé largement avant que le film ne sorte en DVD dans la collection « Asian Classics ». En effet, il avait acquis les droits du film dès sa sortie en salles à Hong Kong en 1993, et avait dans un premier temps accompagné le film dans différents festivals. Nicolas Boukhrief l’avait ensuite récupéré pour son Ciné-club sur Canal. De fait, il se trouve que plusieurs films édités dans la collection « Asian Classics » de StudioCanal faisaient partie d’un catalogue de films achetés par Jean-Pierre Dionnet, et ce même à partir de 2005, date à laquelle le papa du « Cinéma de Quartier » était parti lancer la collection « Asian Star » chez Pathé.

Il faudrait donc quinze années supplémentaires pour que le chef d’œuvre de Ronny Yu repointe enfin le bout de son nez dans l’hexagone. Cette fois, le film retrouverait le titre international The bride with white hair. Enfin proposé au format Blu-ray, le film débarque donc dans une édition « Collector » chez Spectrum Films. Et là, c’est carrément trois films pour le prix d’un.

Trois films pour le prix d’un.

En effet, pour un prix modique, The bride with white hair se voit accompagné de sa suite, The bride with white hair II, réalisée la même année par David Wu, surtout célèbre dans le milieu des amateurs de films asiatiques pour être le monteur du chef d’oeuvre de John Woo A toute épreuve. Mieux encore, on trouvera également au cœur de cette édition le troisième film de la saga, The white haired witch of lunar kingdom (La sorcière blanche), réalisé par Chi Leung ‘Jacob’ Cheung en 2014.

Wu xia pian en mode romantique et sensuel, The bride with white hair s’avère un véritable film-culte, que l’on est vraiment heureux de redécouvrir dans des conditions techniques optimales. Épique et spectaculaire, le film de Ronny Yu propose au spectateur des scènes d’action complètement folles, chorégraphiées par le talentueux Philip Kwok. Évidemment, le film est – esthétiquement parlant – sous perfusion de Zu, les guerriers de la montagne magique (Tsui Hark, 1983), mais le tout s’articule au cœur d’un ensemble éminemment personnel, co-écrit par Ronny Yu, David Wu et Kee-To Lam.

Ainsi, dans cette relecture biscornue de Roméo & Juliette, les combattants sautent à plusieurs dizaine de mètres de hauteur, volent et s’affrontent sans complexe dans des forêts spectrales, les guerrières utilisent leurs cheveux comme des armes mortelles. Ayant révélé au monde entier le talent de Ronny Yu, qui réaliserait une poignée de chefs d’œuvres dans tous les genres durant la décennie suivante, The bride with white hair s’impose comme le « manifeste » esthétique d’un metteur en scène qui serait toujours d’avantage intéressé par le cinéma populaire et le sérial à l’ancienne que par la réflexion forcenée de certains de ses collègues œuvrant dans le genre.

Mélancolique, sincère, naïf, visuellement splendide et plein d’un charme old school aujourd’hui disparu sous des tonnes de numérique (Legend of Zu, 2001), The bride with white hair explose littéralement dans un feu d’artifices de scènes d’action absolument parfaites dans leur désordre apparent et leur foisonnement d’idées. La scène finale est d’ailleurs une des plus mémorables jamais vues dans un wu xia pian, véritable maelstrom jouissif de bruit et de fureur, qui donnera par ailleurs son titre au film – on parle du dernier en date, The bride with white hair pour les cancres du fond qui n’auraient pas suivi.

Du côté des acteurs, ils nous régalent tous de la théâtralité un poil excessive de leurs compositions, qui correspond d’ailleurs non seulement à la « norme » hongkongaise en termes de jeu, mais également à l’esthétique globale du film de Ronny Yu. Francis Ng est impeccable dans son extraordinaire double-rôle masculin/féminin (partagé avec Elaine Lui), et compose un des méchants les plus mémorables du cinéma hongkongais de l’époque. Leslie Cheung est impressionnant en playboy arrogant voyant la terre se dérober sous ses pieds sous ses pieds. Et bien sûr, Brigitte Lin crève littéralement l’écran dans la peau de la fameuse mariée aux cheveux blancs, parfait mélange androgyne de force et de vulnérabilité.

Le Blu-ray

[5/5]

Souvent annoncé, souvent reculé, le Blu-ray de The bride with white hair arrive enfin sous les couleurs de Spectrum Films, et cela valait le coup d’attendre. L’éditeur nous offre en effet l’édition parfaite, celle qui saura contenter tout le monde : les cinéphiles n’ayant que faire des suppléments seront ravis d’avoir la possibilité de découvrir deux films de plus, et les amateurs de bonus bien fournis auront de quoi occuper leurs après-midis d’hiver avec rien de moins que trois heures de suppléments, pour la plupart passionnants.

Côté Blu-ray, le transfert du film de Ronny Yu, remasterisé en 4K, est assez sublime, même s’il ne plaira pas aux allergiques au grain – l’éditeur a visiblement veillé au respect de la granulation argentique d’origine. Les décors sont superbes et riches en détails, le piqué est d’une précision à couper le souffle… Un beau Blu-ray, assurément. Le transfert des deux autres films est satisfaisant également – le master de The bride with white hair II est correct et très coloré, tandis que celui du récent The white haired witch of lunar kingdom affiche un piqué redoutable (même on aurait aimé que les contrastes aient un peu plus de pep’s). Côté son, la galette propose un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO), qui fait le djaube sans souci, et prennent vraiment toute son ampleur durant les scènes d’action. On privilégiera de toute façon la version originale, délicieusement too much, à sa petite sœur la VF (mixée en DTS-HD Master Audio 2.0), pas toujours très convaincante dans les doublages.

Rayon suppléments, comme on l’a indiqué un peu plus haut, il y a vraiment de quoi faire. Outre les deux films supplémentaires, The bride with white hair contient également un commentaire audio de Ronny Yu (VOST) ainsi qu’une introduction du film par le réalisateur (1 minute). On continuera ensuite avec une présentation du film par Arnaud Lanuque (12 minutes), qui replacera le film dans son contexte historique et stylistique – le wu xia pian du début des années 90 – et reviendra de façon intéressante sur la forme « en entonnoir » de la narration, qui commence de façon très éclatées avec de nombreux personnages et de nombreux enjeux pour se resserrer au fur et à mesure autour d’un noyau plus restreint de personnages. On élargira ensuite à toute l’œuvre de Ronny Yu à travers un entretien avec Julien Sévéon (40 minutes) dans lequel il abordera dans le détail et avec une belle passion la carrière hongkongaise ET américaine du cinéaste. Place au maestro d’ailleurs, puisque Spectrum Films nous propose également un entretien avec Ronny Yu (23 minutes) qui évoquera les nombreux problèmes techniques rencontrés sur tournage, ses souvenirs des acteurs et de l’équipe, etc.

On dézoomera par la suite un peu en lâchant un peu le film et en s’intéressant à ses « à cotés ». Julien Sévéon reviendra ainsi de façon très pertinente sur le cinéma de fantasy à Hong-Kong (24 minutes), tandis que Brigitte Duzan reviendra quant à elle sur le roman original en le comparant avec son adaptation par Ronny Yu (16 minutes). D’une façon surprenante, l’adaptation de Liang Yusheng (1924-2009) était à priori assez fidèle, Ronny Yu et ses co-scénaristes ayant en revanche créé de toutes pièces le double-personnage des frères/soeurs siamois.

On replongera par la suite dans le film avec un entretien avec le scénariste Kee-To Lam (alias Jason Lam) qui reviendra sur l’essentiel de sa carrière ainsi que sur son boulot sur le film (47 minutes). Il s’attribuera beaucoup de la paternité du script du film, en affirmant par exemple être à l’origine de l’idée des siamois. On terminera enfin avec un entretien avec Jackie Yeung (14 minutes), cascadeur et assistant de Philip Kwok sur le film. Après un rapide retour sur sa carrière, il évoquera ses quelques souvenirs du film et de la liberté créative qu’avait laissé Ronny Yu à ses équipes de cascadeurs.

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